Le secret d'Eleusis
savait rien pour ne rien lui révéler.
— Poursuivi ? répéta-t-elle. De quoi parlez-vous ? Qui êtes-vous ?
— C’est un honneur pour moi, sincèrement. Je suis un de vos plus grands fans. Vous voyez, j’ai vécu aux États-Unis ces dernières années et les Américains croient que la Géorgie est l’État de l’équipe de base-ball des Atlanta Braves. J’étais privé d’informations concernant mon pays. C’est pourquoi je dévorais votre blog. Tous les médias prétendument sérieux ne font que reproduire les communiqués de presse officiels, mais pas vous. Il n’y a qu’une personne en Géorgie qui ait les couilles de dire les choses telles quelles sont, et c’est une femme. Classique !
— Qu’est-ce que vous voulez ?
— Vous savez ce que je veux, Nadia. Je veux savoir pourquoi vous tenez absolument à vous mettre en travers de mon chemin. Je veux savoir pourquoi vous avez demandé à un détective d’attendre mes hommes à l’aéroport hier soir et de les suivre jusque chez moi. Je veux savoir pourquoi vous nous avez ensuite suivis jusqu’à Éleusis et pourquoi vous m’avez empêché d’avoir une discussion avec Daniel Knox. Et ne vous donnez pas la peine de nier. Votre détective m’a appelé tout à l’heure et m’a tout raconté de sa propre initiative. Je vous conseille de faire appel à des personnes plus fiables la prochaine fois.
Quel salaud, ce Sokratis ! Elle aurait dû se douter qu’il allait la trahir. Elle essaya de se rappeler ce qu’il avait pu entendre et transmettre.
— J’enquête sur les différentes campagnes, déclara-t-elle. Vous devriez le savoir, puisque vous lisez mon blog.
— Quel rapport avec moi ? Je ne participe à aucune campagne.
— Ce n’est pas pour vous que je suis là, mais pour Boris Dekanosidze. C’est un des conseillers les plus proches d’Ilya Nergadze, vous savez.
— Ah bon ? ricana Mikhaïl. Très bien, alors pourquoi le suivez-vous ?
— Parce que la première chose qu’on apprend dans ce métier, c’est qu’on n’obtient jamais un scoop en suivant les candidats. Ils bénéficient d’une bien trop grande protection. Ce sont toujours les bras droits qui fournissent les vraies informations.
— Ah ! c’est le secret de votre succès ! La meute traque les leaders en vain ; mais vous, vous flairez la piste du consigliore !
— C’est ce qui m’a conduit jusqu’à vous...
— Et en quoi est-ce une issue favorable ? Quel intérêt puis-je bien présenter à vos yeux ?
Nadia regretta sa fougue. Elle allait devoir être plus maligne si elle voulait s’en sortir.
— Je ne sais pas encore.
— Vous mentez. Vous savez très bien qui je suis. Vous le saviez avant de venir à Athènes. En fait, c’était moi que vous cherchiez.
— Je vous assure que...
— Ne me mentez pas, Nadia, sinon vous le regretterez.
— Je ne mens pas. C’est la vérité. J’avais besoin d’une info coup de poing sur Ilya Nergadze. Mes lecteurs commencent à m’accuser d’être dans son camp.
— C’était à cette conférence de presse, n’est-ce pas ? À la façon dont vous m’avez regardé, j’ai compris que nous nous étions déjà rencontrés quelque part, mais je ne parvenais pas à vous situer. Ce n’est que lorsque nous vous avons retrouvée tout à l’heure que je vous ai remise. Vraiment, ce n’est pas de chance ! Je passe à peine deux jours en Géorgie et je tombe sur une de mes veuves !
— Une de vos veuves ! s’indigna Nadia.
Cette insensibilité lui fit un tel choc qu’elle en oublia de jouer la comédie.
— Vous êtes un monstre ! s’écria-t-elle. Qu’est-ce que mon mari vous avait fait ?
— Vous ne le savez pas ? Il a fourré son nez dans les affaires de ma famille. Nous avons dû nous exiler à Chypre à cause de lui.
— Il n’avait rien à voir là-dedans. C’est à cause des Américains que...
— Des Américains ! Et à votre avis, qui les a prévenus ? Malheureusement pour votre mari, nous avions un mouchard à la Justice.
Mikhaïl secoua la tête avec fatalisme.
— Nous devions réduire votre mari au silence, expliqua-t-il. Il devait être puni. J’étais à Chypre à ce moment-là. J’étais le seul membre de ma famille à ne pas être sous surveillance vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Alors mon grand-père m’a demandé de revenir en Géorgie. Je suis doué pour ce genre de choses.
— Vous êtes un sale menteur !
— Du
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