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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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descendre jusqu’au
tissu de soie et le sentit glisser sous ses doigts avec une sensation d’une
extraordinaire intensité.
    — C’est ce que je veux.
    Le sourire du chamane s’élargit, révélant des gencives
sombres. Il ne connaissait pas l’identité du traître, il n’était même pas sûr qu’il
y en ait eu un. La main qu’il avait pressée sur la tête de l’homme cachait deux
minuscules dents et un sac à venin entouré de cire. Il avait dû chasser de
nombreuses nuits pour trouver le crotale qu’il cherchait, en courant le risque
de se faire mordre lui-même. Il gloussa en se rappelant l’expression
impressionnée du khan quand la victime avait commencé à se tordre au simple
contact de sa main. Le visage de l’homme était devenu noir avant qu’il meure. Kökötchu
l’avait choisi à cause de la jeune Jin qu’il avait prise pour épouse. Elle
avait éveillé la concupiscence du chamane quand elle était passée devant sa
yourte pour aller chercher de l’eau, puis sa colère lorsqu’elle s’était refusée
à lui, comme si elle était autre chose qu’une esclave. Il rit plus fort au
souvenir de la lueur de compréhension qui s’était allumée dans les yeux du mari
juste avant que la mort l’emporte. Depuis, Kökötchu était craint et honoré dans
le camp. Après cette démonstration de ses pouvoirs, aucun autre chamane n’avait
plus osé lui contester sa position. Cette tromperie ne lui causait pas de
remords. Il était destiné à se tenir auprès du khan, triomphant de ses ennemis.
Même s’il devait encore tuer mille fois, cela en vaudrait toujours la peine.
    Il remarqua que Temüge avait déjà le regard vitreux à cause
de la fumée et décida d’attacher le jeune homme par des liens plus serrés
encore pour qu’il ne puisse plus jamais se libérer. Lentement, Kökötchu tendit
la main vers le petit pot d’épaisse pâte noire posé à côté de lui, y plongea un
doigt, le leva pour regarder les graines prises dans la matière luisante. Puis
il ouvrit la bouche de Temüge sans rencontrer de résistance et étala la pâte
noire sur la langue du jeune homme.
    Le goût amer fit hoqueter Temüge mais avant de pouvoir recracher
la pâte, il sentit une torpeur le gagner. Il entendit des voix murmurer, tourna
la tête pour chercher d’où elles venaient.
    — Fais des rêves sombres, dit Kökötchu, satisfait. Je
te guiderai. Ou, mieux encore, je te donnerai mes rêves.
     
     
    Le jour était levé quand le chamane sortit de la tente d’un
pas chancelant, la tunique tachée de sueur aigre. Temüge dormait encore sur le
tissu de soie et ne se réveillerait pas avant la fin de la journée. Kökötchu n’avait
pas lui-même absorbé de pâte noire, il savait qu’elle le faisait parler à tort
et à travers et il n’était pas sûr que Temüge ne garderait aucun souvenir de
son expérience. Le chamane ne voulait pas se retrouver au pouvoir d’un autre
alors que l’avenir s’annonçait si brillant. Il prit quelques inspirations d’air
froid qui libérèrent sa tête de l’emprise de la fumée, sentit son odeur
douceâtre ressortir par ses pores.
    Dans la yourte, la jeune Jin était toujours agenouillée à l’endroit
où il l’avait laissée, sur le sol, près du poêle. Elle était incroyablement
belle, pâle et délicate. Il sentit son désir pour elle s’éveiller de nouveau et
s’étonna de sa vigueur. Peut-être un reste de fumée dans ses poumons. Il la
questionna :
    — Combien de fois m’as-tu désobéi en te levant ?
    — Pas une seule, répondit-elle en tremblant.
    Lorsqu’il voulut lui relever la tête, sa main glissa
maladroitement sur le menton de la jeune femme et il s’emporta. Le geste se
transforma en coup, elle tomba en arrière.
    Pantelant, il la regarda se redresser et s’agenouiller de
nouveau. Quand il commença à dénouer la ceinture de son deel, elle
tourna la tête vers lui. Elle avait du sang sur la bouche, la lèvre inférieure
déjà enflée. Cela l’excita.
    — Pourquoi me frappes-tu ? Que veux-tu de plus ?
geignit-elle, les larmes aux yeux.
    — Exercer mon pouvoir sur toi, petite, répondit-il en
souriant. C’est ce que veulent tous les hommes, non ? C’est dans le sang
de chacun de nous. Nous serions tous des tyrans si nous le pouvions.

 
17
    La cité impériale de Yenking devint silencieuse un peu avant
l’aube, mais ce fut plus le fait d’un excès de ripailles pour la Fête des
Lanternes que par crainte de

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