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Le souffle du jasmin

Le souffle du jasmin

Titel: Le souffle du jasmin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
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inquiétait
pour nous et...
    Soliman
ricana.
    – Vous
auriez mauvaise conscience, monsieur Marcus ?
    – Mauvaise
conscience ?
    – Selon
vous, de quoi mon père est-il mort ?
    – Encore
une étrange question. Au dire de tous, d'une attaque. Je...
    –
Non ! Mon père est mort de chagrin ! Son cœur n'a pas résisté au
désespoir de voir son entreprise péricliter, son pays disparaître tous les
jours un peu plus, et tout ce sang versé. Voilà de quoi mon père est mort.
    Il pointa
son doigt sur Marcus.
    – C’est
vous ! Vous et vos coreligionnaires sionistes qui en êtes
responsables ! Vous ! Le soi-disant peuple élu ! Comme si le
reste des humains n'était que des vers de terre, vomis par Dieu !
    –
Soliman, se récria Nadia affolée. Tu n'as pas honte ! Je
t'interdis de parler sur ce ton ! C'est ignoble !
    Josef leva
la main en signe d'apaisement.
    – Ce n'est
pas grave, Nadia.
    Il se leva
et s'approcha de Soliman.
    –
Coupable, as-tu dit ? Je vais t'étonner, mon fils. Je veux bien porter le
poids de cette terrible accusation, encore que je la trouve profondément
injuste. Au nom des miens, j'implore même ton pardon. En revanche, je n'accepte
pas ton allusion au « peuple élu ». C'est une insulte faite à
l'humanité tout entière !
    – Vous...
    –
Tais-toi ! Écoute plutôt. Il est écrit dans la Torah « Aujourd'hui,
tu as fait promettre à l'Éternel qu'il sera ton Dieu, afin que tu marches dans
ses voies, que tu observes ses lois, ses commandements et ses ordonnances, et
que tu obéisses à Sa voix. Et aujourd'hui, l'Éternel t'a fait promettre que tu
seras un peuple qui lui appartiendra comme il te l'a dit [91] . Tu as
bien entendu, fils de Hussein Shahid ?
    Il
répéta :
    –
« Tu as fait promettre à l'Éternel qu’Il sera
ton Dieu . »
    E t Marcus
enchaîna :
    – Et il est
dit aussi : « Josué dit au peuple : Vous êtes témoins contre
vous-mêmes que c'est vous qui avez
choisi l’Éternel pour le servir. Ils répondirent : "Nous en sommes
témoins" [92] . »
Les Sages d'Israël diront plus tard : « Dieu demanda à tous les
peuples de recevoir sa loi et, lorsqu'ils refusèrent, il s'adressa à Israël qui
répondit : nous le ferons. » Tu comprends donc que ce n'est pas Dieu,
selon notre foi, qui a choisi Israël, mais Israël qui
a choisi Dieu  : telle est la vérité
historique !
    Il posa
une main tremblante sur l'épaule de Soliman.
    – J'ai
aimé ton père. Plus que tu ne l'imagines. Aussi je t'en conjure, quand il te
vient des pensées aussi blasphématoires, pense à lui.
    Il alla
vers Nadia, l'enlaça et quitta la maison.
     
     
    *
     
     
    Académie militaire d'Abbassieh, le
lendemain
     
     
    Il ne
s'était jamais déshabillé devant personne. Mais celui qui l'exigeait était un
médecin-major, quadragénaire à la moustache mélancolique et au nez chaussé d'un
lorgnon instable.
    Contact
froid du stéthoscope sur la poitrine. Auscultation. ? Palpations.
    – Rhabillez-vous.
Asseyez-vous là.
    Examen des
dents. Puis de la vue. 20 sur 20.
    – Vous avez
eu des maladies ?
    – Une
indigestion de temps en temps.
    Le médecin
alla se rasseoir à son bureau et inscrivit ses observations.
    – Vous êtes
apte au service. Demain vous serez interrogé par la commission. Bonne journée.
    Gamal
Abdel Nasser s'inclina, remercia le praticien et ressortit par la salle
d'attente, où sept candidats s'apprêtaient à lui succéder l'un après l'autre.
Il emprunta le long couloir de l'Académie militaire de Abbassieh,
où résonnaient des semelles ferrées, traversa la cour et alla
attendre l’autobus qui le ramè nerait à
l'Ezbéquieh.
    Le soir,
Aziz Mouharram l'invita au cinéma Lux. On y
projetait un film américain. Des soldats d'un autre temps couraient après des
Indiens à cheval et tiraient des coups de feu. Les Indiens roulaient par
terre et les chevaux les piétinaient. Est-ce qu'à l'armée on lui apprendrait à
monter en selle   ?
     
    – Gamal
Abdel Nasser   !
    Rasé de
près, dans une chemise fraîche, il se leva. La sentinelle le fit passer dans
une longue salle, au fond de laquelle sept militaires galonnés siégeaient
derrière une longue table couverte d'un drap vert.
    – Avancez   !
    Ils le
jaugèrent du regard. Sans enthousiasme apparent.
    – Que fait
votre père ?
    –
Fonctionnaire à la poste.
    – Quel
grade ?
    –
Fonctionnaire, c'est tout.
    – De quel
coin êtes-vous ?
    –
Beni-Morr.
    – Fallahine , des
paysans

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