Le Temple Noir
l’escorte royale. Au moins, le prince de Galles sera sauf, lui. Le Premier ministre nous place en alerte maximale.
L’ironie du policier ne troubla pas Standford qui regardait les écrans retransmettant les images des gradins avec en gros plan les visages d’enfants joyeux et insouciants. Marcas intervint :
— Antoine Marcas, de la police française. Vous pouvez neutraliser les charges ?
L’homme se renfrogna.
— Non. Les détonateurs sont munis de capteurs de fabrication russe, des saloperies qui empêchent toute intervention extérieure. Au moindre contact, les charges exploseront et feront tomber les projecteurs.
— Et la mise à feu ?
— Ce système fonctionne à partir de l’activation d’une fréquence d’onde. Bien sûr on ignore laquelle. De toute façon un simple appel de portable suffit pour les déclencher. Autre mauvaise nouvelle, il semble que d’autres explosifs ont été posés dans les projecteurs eux-mêmes. L’un de mes hommes est en train de vérifier.
— Ce qui veut dire ?
Le bouledogue crispa les mâchoires.
— De mon expérience d’ancien des SAS , section déminage, je pense qu’on aura des explosions en deux temps. Les premières charges pour faire tomber les triangles sur le stade, les secondes pour les pulvériser au-dessus des gradins. À mon avis, seuls les gens sur la pelouse seront peut-être épargnés.
Marcas imaginait Fainsworth en train de préparer son plan avec la Louve, dans son manoir. Il le voyait disserter sur le nombre de morts avec élégance, son regard extatique fixé sur la pierre. La pierre qui se nourrirait du sang des enfants mis en pièces. Le maître du Temple Noir en Néron composant de la poésie devant l’incendie de Rome.
Standford scrutait les écrans des caméras orientées sur les gradins. Des agents de sécurité évacuaient discrètement des groupes d’enfants, mais le stade était encore plein.
— Vous en avez exfiltré combien ?
— Trois cents, pas plus. Les familles, c’est plus facile, elles devaient s’installer en dernier, on leur a demandé de redescendre par l’intérieur, au prétexte de les installer à de meilleures places. Mais il y a encore plus de six mille gamins là-dedans.
— Il ne reste qu’une solution. Des brouilleurs pour parasiter les signaux d’allumage des charges, dit Standford.
Le bouledogue croisa les bras et prit un ton suffisant.
— On ne vous a pas attendu. L’échelon de coordination antiterroriste nous a envoyé un hélicoptère de l’unité de déminage. Ils doivent se poser d’un moment à l’autre et nous les apporter. Mais ça va être serré. Le temps qu’ils les positionnent au plus près des projecteurs, on dépassera l’heure d’ouverture de la cérémonie.
L’horloge murale électronique indiquait 19 h 47.
Standford frappa la table de son poing.
— Il nous reste treize minutes ! Bon sang, on y est presque. Il faudrait qu’on localise l’émetteur du signal et le brouiller à la base, mais il peut être n’importe où. Avec un portable relais installé dans le stade, Fainsworth peut l’activer avec son téléphone depuis une plage des Bermudes.
— Non, lança Antoine. Il est dans le stade.
Les deux hommes se tournèrent vers lui, étonnés. Antoine reprit d’une voix assurée :
— Il est possédé par ses croyances, il a déclenché ce carnage pour sanctifier sa pierre, la recharger en énergie. C’est Abraham devant l’autel du sacrifice sur le point d’égorger son fils.
— Pas sûr, le type est malin, il a dû confier cette tâche à un complice, rétorqua Standford.
— Malin mais cohérent dans son délire. Il se voit comme le grand sacrificateur, donc il sera à côté de la pierre, quand tous ces enfants vont périr, mais à un endroit où il ne risquera rien. Souviens-toi de ce qui s’est passé dans la crypte, il était en transe avec ce cube.
Allan Moore les regardait avec un air méfiant.
— C’est quoi, cette histoire de pierre et de sacrifice ?
Standford secoua la tête.
— Ce serait trop long à t’expliquer. Le type qui a posé ces bombes est une sorte d’illuminé. Notre ami se met dans sa peau et essaye de réagir comme lui.
Un policier arriva en trombe dans la salle de contrôle.
— On a découvert quatre autres charges, mais on a un gros problème.
Moore maugréa.
— Six mille mômes avec au-dessus de leurs têtes des kilos de C4 capables de pulvériser Big Ben, je vois pas ce qui peut
Weitere Kostenlose Bücher