Le tombeau d'Alexandre

recevoir les branches en plein visage. À leur droite, le second garde s’était également lancé à leur poursuite et le berger allemand était au comble de l’excitation.
    — Arrêtez ! cria l’homme. Arrêtez ou je tire !
    Mais Rick et Knox continuèrent leur course effrénée. Un coup de feu résonna dans le bois.
    — Arrêtez !
    Ils traversèrent le champ labouré dans l’espoir de regagner la Subaru. Leurs pieds s’enfonçaient dans la terre humide et la boue alourdissait leurs pas. Knox eut un point de côté. Ils avaient réussi à distancer les gardes, mais ce satané berger allemand les flairait de loin.
    — Il faut qu’on continue, dit Rick à Knox en lui prenant le bras. La Subaru n’est plus très loin.
    Ils gravirent une colline. La descente fut plus facile. Knox regarda derrière lui. Un des hommes avait dégainé son arme. Il s’arrêta pour le viser et tira une balle. Knox se jeta à terre et s’en sortit indemne. Il reprit sa course, de plus en plus handicapé par son point de côté. Il tomba à plusieurs reprises derrière Rick, les cuisses endolories, mais distança les gardes encore davantage. Lorsque ceux-ci se rendirent compte qu’ils étaient sur le point de le perdre, ils lâchèrent le berger allemand et le lancèrent à sa poursuite. L’animal bondit sur la terre molle en haletant et en grognant. Il attrapa sa proie par une jambe. Knox se retourna pour essayer de se débarrasser de lui et tomba à terre. Le chien se jeta sur lui pour le prendre à la gorge, mais il parvint à lui maintenir la gueule, dégoulinante de bave, à quelques centimètres de son visage. Les deux gardes se rapprochaient, essoufflés par cette longue course. Soudain, un moteur rugit derrière Knox. La Subaru arriva précédée d’une lumière aveuglante. Rick sortit d’un bond et se précipita sur le chien en criant. Surpris, celui-ci lâcha prise et se recroquevilla juste assez longtemps pour qu’il puisse aider son ami à se relever et à monter dans la voiture.
    Le berger allemand retrouva rapidement sa hargne et se mit à aboyer en sautant sur la Subaru. L’arme à la main, les deux gardes lui hurlaient de ne pas se mettre en travers de leur cible. Rick passa la marche arrière et démarra pied au plancher. La voiture décrivit un arc de cercle dans le champ, puis il passa la première et accéléra à fond. Des coups de feu retentirent. La vitre de Knox vola en éclats et le pare-brise devint opaque. Rick donna un coup de poing dans le verre pour faire un trou et voir où il allait. Puis il fonça à toute allure vers la route de Tanta.
    Knox se retourna. Apparemment, ils n’étaient pas suivis.
    — Tu crois qu’ils vont appeler la police ? demanda-t-il.
    — Des gardes privés qui tirent à coups de pistolet, répondit Rick d’un air sceptique, je doute qu’ils veuillent mettre la police au courant. Mais il faut qu’on se débarrasse de la Subaru le plus vite possible, ça c’est sûr.
    — On prend le risque de récupérer la jeep ?
    — Pourquoi ? Tu as besoin d’aller quelque part ?
    — Kalonymos. Le détenteur du secret. Je te parie ce que tu veux que le secret se trouve dans cette foutue inscription.
    — Quelle inscription ?
    — Celle du niveau inférieur de la tombe d’Alexandrie. Celle qui est écrite en démotique.
    — Je croyais que tu ne lisais pas le démotique ?
    — C’est vrai, mais je connais quelqu’un qui sait le déchiffrer.
    — Et il se trouve où ?
    — Dans l’oasis de Farafra.
    — Farafra ! Mais il faut traverser la moitié de l’Égypte !
    — Justement, on n’a pas de temps à perdre. On a une longue nuit de conduite devant nous.
     
    II
    Karim écarquilla les yeux lorsque Nessim ouvrit son portefeuille et en sortit une liasse de billets de cinquante dollars. Il le regarda compter quinze billets pour Abdallah et quinze autres pour lui. Il n’avait jamais vu autant d’argent.
    — Emmène-nous jusqu’à la jeep, lui ordonna Nessim en lui faisant miroiter sa part.
    Karim monta dans le Freelander, dont le pare-brise arrière avait été brisé et grossièrement réparé avec du plastique transparent. Il se mit à pleuvoir et il eut de plus en plus de mal à reconnaître le paysage. Il n’avait jamais été aussi terrifié ni aussi excité de sa vie. Il tremblait à l’idée de s’être trompé et redoutait que le propriétaire de la jeep ne soit retourné la chercher. Ce n’était pas seulement sa récompense qui