Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
contenait la
promesse de ne pas demander le droit de passage des troupes allemandes sur le
territoire yougoslave « pendant la durée des hostilités (60) ». Hitler
allait violer ces deux engagements en un temps record, même pour lui, spécialiste
entraîné.
    A peine les délégués yougoslaves étaient-ils rentrés à Belgrade
que, dans la nuit du 26 mars, un soulèvement populaire, épaulé par la
majorité de l’armée et de l’aviation, renversait le prince régent. Trompant la
surveillance de ses gardiens, fonctionnaires de la Régence, le jeune héritier
du trône, Pierre II, s’échappa par une glissade le long d’un tuyau d’écoulement
des eaux. Le lendemain, il fut proclamé roi. Bien que le général Simovitch eût
immédiatement proposé à l’Allemagne de signer un pacte de non-agression, il
était évident que la Yougoslavie n’accepterait plus le rôle d’État fantoche que
lui assignait Hitler. La joie populaire et les manifestations délirantes au
cours desquelles la foule cracha sur la voiture du ministre allemand montrèrent
de quel côté allaient les sympathies de la nation.
    Le coup d’État de Belgrade jeta le Führer dans
une des rages les plus démentielles de sa carrière. Il y vit un affront
personnel et, dans sa colère, prit des décisions instantanées qui allaient se
révéler catastrophiques pour le Troisième Reich. Le 27 mars,
quelques heures à peine après le coup d’État, il convoqua au pied levé ses
chefs d’état-major à la Chancellerie. Pris de court par cet appel impromptu, Ribbentrop, Halder et Brauchitsch arrivèrent en retard.
    Ce fut pour entendre le Führer vociférer
ses menaces de représailles contre les Yougoslaves. « Le coup d’État
yougoslave, dit-il, met en péril l’opération Marita , et plus encore Barberousse . Je suis donc résolu à
détruire la Yougoslavie sur le plan militaire et national sans attendre de son
nouveau gouvernement d’éventuelles protestations de loyauté. Il n’y aura ni
pourparlers diplomatiques, ni présentation d’ultimatum. La Yougoslavie sera
écrasée avec une rigueur impitoyable. »
    Séance tenante, Gœring reçut l’ordre de « détruire Belgrade
par une attaque de bombardiers lourds opérant par vagues d’assaut » depuis
les bases aériennes de Hongrie. Parallèlement, Hitler ordonna aux généraux
Keitel et Jodl (directive n° 25 (61) de mettre en chantier le soir même un
plan d’attaque terrestre et, à Ribbentrop, d’informer la Hongrie, la Roumanie
et l’Italie du prochain partage entre elles trois du territoire yougoslave, à l’exception
du petit État fantoche de Croatie. A l’Italie serait adjugée la côte adriatique.
A la Hongrie, le Banat. A la Bulgarie, la Macédoine.
    « Voilà au moins une guerre qui va réjouir
quelques-uns », ricana le Führer.
    Il annonça ensuite à ses généraux la décision fatidique dont le
procès-verbal « rigoureusement secret » de l’O. K. W. (62) souligne
le passage essentiel :
    « L’Opération Barberousse devra être retardée de
quatre semaines [109] . »
    Cet ajournement, motivé par la seule vindicte du tyran allemand
à l’endroit d’une petite nation balkanique coupable d’avoir osé le défier, allait
avoir des conséquences incalculables. On peut affirmer sans exagération qu’en
prenant une telle décision cet après-midi de mars 1941, le dictateur, livré à
sa rage frénétique, jeta aux quatre vents l’occasion par excellence de gagner
la guerre, de faire du Troisième Reich, création de son stupéfiant et barbare
génie, le plus colossal empire germanique de l’Histoire et de devenir, lui, le
maître tout-puissant de l’Europe.
    Lorsque, quelque temps plus tard, la neige, la glace et le froid
polaire de Russie assaillirent les armées allemandes, moins d’un mois avant ce
qu’ils croyaient être le dernier palier de la victoire, le maréchal von
Brauchitsch et le général Halder se souvinrent avec une profonde amertume de
cette volte-face du 27 mars. Avec amertume et, aussi, avec plus de
lucidité qu’ils n’en avaient témoigné alors quant à ses prolongements. Par la
suite, ils comprirent – et avec eux la majorité des chefs militaires du Reich –
que le coup de tête d’un despote mégalomane vaniteux et emporté était
responsable du désastre final. Ils lui en firent porter tout le poids.
    La directive n° 25 représente un document caractéristique
de la manière hitlérienne :
    « Le coup

Weitere Kostenlose Bücher