Le Troisième Reich, T2
les
derniers effectifs de l’armée yougoslave – 28 divisions – se rendaient à
Sarajevo, tandis que le roi Pierre et son Premier Ministre fuyaient en Grèce
par avion. De leur côté, les Grecs qui, pendant six mois, avaient tenu les
Italiens en échec humiliant n’étaient pas de taille à soutenir la ruée des 15
divisions, dont quatre blindées, du maréchal List.
La Grande-Bretagne, il est vrai, leur avait envoyé en toute hâte
de Libye quatre divisions, soit environ 55 000 hommes, mais eux aussi
furent vaincus par les panzers germaniques et par les assauts meurtriers
de la Luftwaffe. Le 23 avril, les armées grecques du Nord se rendaient aux
Allemands et – pilule amère à avaler – aux Italiens. Quatre jours plus tard, les
chars d’assaut allemands roulaient dans les rues d’Athènes et la croix gammée
flottait sur l’Acropole, cependant que la Grande-Bretagne s’efforçait d’évacuer
par mer ses troupes rescapées. Ce nouveau Dunkerque réussit
presque aussi complètement que le premier.
Trois semaines plus tard, tout était dit. La Grèce continentale
et la plupart des îles de la mer Égée étaient occupées, à l’exception de la
Crète dont un assaut aérien allemand eut raison à la fin de mai. Là où
Mussolini avait piteusement échoué pendant tout l’hiver, Hitler remportait en
quelques semaines un succès foudroyant. Soulagé de se voir tiré du pétrin, le
Duce n’en était pas moins vexé, et le piètre lot attribué à l’Italie par Hitler
dans le partage des dépouilles yougoslaves n’était pas fait pour le réconforter [111] .
Les Balkans ne furent pas le seul guêpier d’où le Führer tira son encombrant associé. Après l’anéantissement
de l’armée italienne en Libye, Hitler avait finalement consenti, bien que de
mauvaise grâce, à envoyer à la rescousse une division blindée légère et
quelques unités de la Luftwaffe sous le commandement unique du maréchal Erwin
Rommel. Rommel, magnifique officier de chars, habile et plein d’allant, s’était
déjà distingué dans la bataille de France en qualité de commandant d’une
division blindée. Les Anglais se trouvaient pour la première fois en face d’un
chef de ce type et de cette trempe. Pendant deux ans, Rommel allait leur poser
un redoutable problème.
A la tête d’une division blindée allemande et de deux divisions
italiennes, le maréchal lança le 31 mars une attaque brusquée en
Cyrénaïque. En douze jours, il reprit cette province, investit Tobrouk et
atteignit Bardia, distante de quelques kilomètres seulement de la frontière
égyptienne. La position britannique en Égypte et à Suez se trouvait à nouveau
menacée et, de par l’occupation italo-allemande de la Grèce, dans tout l’ensemble
de la Méditerranée orientale.
Alors que le second printemps de la guerre apportait à l’Allemagne
de retentissantes victoires, le destin de la Grande-Bretagne, seule à tenir
tête à l’ennemi, harcelée dans sa métropole par les bombardements quotidiens de
la Luftwaffe, chassée de Cyrénaïque et de Grèce outre-mer, apparaissait de plus
en plus sombre, voire désespéré. Autre élément de grands poids dans un combat
où la propagande jouait le rôle d’une armée efficace, surtout vis-à-vis des
États-Unis et de la Russie, son prestige déclinait dangereusement [112] .
Hitler ne fut pas long à exploiter ce thème dans le discours
grandiloquent qu’il prononça le 4 mai au Reichstag. Il consista, en
majeure partie, en une attaque venimeuse et sarcastique contre Churchill, instigateur
de la guerre (avec les Juifs) et responsable de l’effondrement de son pays.
« Churchill, stratège amateur, est l’être le plus
assoiffé de carnage que l’Histoire ait connu… Depuis plus de cinq ans, avec une
obstination de maniaque, il cherche d’un bout à l’autre de l’Europe quelque
chose à incendier… En tant que soldat, c’est un mauvais politicien. En tant que
politicien, un mauvais soldat… Monsieur Churchill possède cependant un don
remarquable, celui de mentir, en affectant une pieuse impassibilité, et de
présenter les plus terribles défaites sous couleur de glorieuses victoires… Cet
incurable touche-à-tout, qui se mêle de stratégie, vient ainsi de perdre sa
mise sur deux tableaux à la fois : la Grèce et la Yougoslavie. Dans tout
autre pays que l’Angleterre, Churchill serait traduit en Haute Cour… L’état
anormal de son cerveau ne peut s’expliquer que
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