Le Troisième Reich, T2
compte 7 navires marchands britanniques et avaient capturé le bateau
américain City of Flint .
Le 14 octobre, le U-47, commandé par l ’Oberleutnant
Günther Prien, pénétra dans les défenses, en apparence impénétrables, de
Scapa Flow, la grande base navale anglaise, et torpilla et
coula, au mouillage, le navire de ligne Royal Oak , qui perdit 786 hommes
et officiers. Ce fut un remarquable succès, exploité à fond par le docteur
Gœbbels dans sa propagande et qui rehaussa la marine dans l’esprit d’Hitler.
Les généraux restaient, cependant, un problème. En dépit du
mémorandum détaillé et mûrement réfléchi qu’il leur avait adressé et de la
directive n° 6 leur enjoignant de préparer une imminente attaque à l’Ouest,
ils restaient inactifs. Ce n’est pas qu’ils eussent scrupule de violer la
Belgique et la Hollande ; tout simplement, ils doutaient fort du succès, à
cette époque. Il y avait toutefois une exception.
Le général Wilhelm Ritter von Leeb, commandant le groupe d’armées
C opposé aux Français sur le Rhin et le long de la ligne Maginot, n’était pas
seulement sceptique quant à la victoire à l’Ouest ; lui seul, pour autant
que les témoignages dignes de foi le révèlent, s’opposa à l’attaque de la
Belgique et de la Hollande, pays neutres, au moins en partie sur le plan moral.
Le lendemain de la conférence d’Hitler avec les généraux, le 11 octobre, Leeb
rédigea lui-même un long mémorandum, qu’il envoya à Brauchitsch et à d’autres
généraux.
Le monde entier, écrivait-il, se retournera contre l’Allemagne,
… qui, pour la seconde fois en vingt-cinq ans, attaque la
Belgique neutre. L’Allemagne, dont le gouvernement a solennellement garanti et
promis de préserver et de respecter cette neutralité, il y a seulement quelques
semaines.
Finalement, après avoir détaillé les arguments militaires contre
une attaque à l’Ouest, il fit un appel à la paix. « La nation entière, dit-il,
aspire à la paix (21). »
Mais Hitler, alors, aspirait à la bataille, et il était excédé
par ce qu’il prenait pour l’impardonnable manque de courage de ses généraux. Le
14 octobre, Brauchitsch et Halder se plongèrent dans une interminable
conversation. Le chef de l’armée voyait « trois possibilités : attaquer,
attendre et voir venir. Changements fondamentaux ». Halder les nota, dans
son journal ce jour-là et, après la guerre, expliqua que « changements
fondamentaux » signifiaient « la destitution d’Hitler ». Mais le
faible Brauchitsch pensa qu’une mesure aussi radicale était « essentiellement
négative et tend à nous rendre vulnérables ». Ils décidèrent qu’aucune des
trois possibilités n’offrait « des perspectives de succès décisifs ».
La seule chose à faire était d’agir plus fortement sur Hitler.
Brauchitsch revit le Führer le 17 octobre, mais ses
arguments, dit-il à Halder, furent sans effet. La situation était « sans
espoir » Hitler l’informa sèchement, comme Halder l’écrivit dans son
journal de ce jour, que « les Anglais ne seraient prêts à discuter qu’après
avoir été battus. Nous devons nous en prendre à eux aussi rapidement que
possible. Entre le 15 et le 20 novembre au plus tard ».
D’autres conférences eurent lieu avec le Seigneur de la Guerre
qui, finalement, dicta la loi aux généraux, le 27 octobre. Après une
cérémonie conférant à 14 d’entre eux la croix de chevalier de la Croix de fer, le
Führer passa à l’affaire de l’offensive à l’Ouest. Quand Brauchitsch tenta d’objecter
que l’armée ne serait pas prête avant un mois, pas avant le 26 novembre, Hitler
répondit que c’était « beaucoup trop tard ». L’attaque, ordonna-t-il,
commencerait le 12 novembre. Brauchitsch et Halder sortirent de la
conférence avec le sentiment d’être battus et défaits. Ce soir-là, ils
essayèrent de se consoler mutuellement. « Brauchitsch fatigué et déprimé »,
nota Halder dans son journal.
LA CONSPIRATION DE ZOSSEN
Le temps était maintenant venu pour les conspirateurs de passer
à l’action ; tout au moins le pensaient-ils. Les infortunés Brauchitsch et
Halder étaient en face d’une grave alternative : soit mettre à exécution
la troisième des « possibilités » qu’ils avaient envisagées le 14 octobre
– la destitution d’Hitler –, soit monter une offensive à l’Ouest qui, croyaient-ils,
serait désastreuse
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