Le Troisième Reich, T2
antinazi, furent exécutés respectivement le 10 novembre et le 8 septembre.
Le comte Fritz von der Schulenburg mourut sur le gibet le 10 août. Le
général Fellgiebel, chef des Transmissions à l’O. K. W., fut exécuté le même
jour.
La liste des morts est longue. Selon une source, elle compterait
4 980 noms (38). Les dossiers de la Gestapo indiquent 7 000
arrestations. Parmi les chefs de la résistance dont les noms sont mentionnés
dans ces pages et qui furent exécutés se trouvaient le général Fritz Lindemann,
le colonel von Bœselager, le pasteur Dietrich Bonhœffer, le colonel Georg
Hansen de l’Abwehr, le comte von Helldorf, le colonel von Hofacker, le docteur
Jens Peter Jessen, Otto Kiep, le docteur Carl Langbehn Julius Leber, le
commandant von Leonrod, Wilhelm Leuschner, Artur Nebe (chef de la police
criminelle), le professeur Adolf Reichwein, le comte Berthold von Stauffenberg,
frère de Klaus, le général Thiele, chef des Transmissions de l’O. K. H., et le
général von Thuengen, qui avait été désigné par Beck pour succéder au général
von Kortzfleisch le jour du putsch.
Un groupe de vingt condamnés, dont Himmler avait prolongé la vie
sans doute dans l’espoir qu’ils pourraient lui être d’une certaine utilité au
cas où il s’emparerait du pouvoir et serait contraint de négocier la paix, furent
tués dans la nuit du 22 au 23 avril, quand les Russes commencèrent à
avancer vers le centre de la capitale. On emmenait les prisonniers de la prison
de la Lehrterstrasse au cachot de la Gestapo, dans Albrechtstrasse, quand ils
croisèrent un détachement de S. S. qui les alignèrent contre le mur et les
abattirent ; deux seulement s’échappèrent et purent le raconter. Parmi les
tués se trouvaient le comte Albrecht von Bernstorff, Klaus Bonhœffer, frère du
pasteur, et Albrecht Haushofer, proche ami de Hess et fils du célèbre
géopoliticien. Peu après, son père se suicidait.
En dépit de son attitude au cours du soir fatidique du 20 juillet,
le général Fromm n’échappa pas au même sort. Arrêté le lendemain sur l’ordre d’Himmler,
qui lui avait succédé à la tête de l’armée de l’intérieur, il fut traîné devant
le tribunal du peuple en février 1945 sous l’accusation de « lâcheté »
et condamné à mort [275] .
Peut-être pour lui marquer une légère reconnaissance d’avoir aidé à sauver le
régime nazi, il ne fut pas pendu à un crochet de boucher, comme ceux qui avaient
été arrêtés dans la nuit du 20 juillet, mais simplement fusillé, le 19 mars
1945.
Le mystère qui entoure la vie de l’amiral Canaris, le chef
limogé de l’Abwehr, qui avait tant fait pour venir en aide aux conspirateurs
mais n’était pas directement impliqué dans les événements du 20 juillet, enveloppa
de même pendant bien des années les circonstances de sa mort. On savait qu’il
avait été arrêté après l’attentat contre Hitler. Mais Keitel eut un des rares
gestes corrects de sa carrière à l’O. K. W. : il s’arrangea pour qu’il ne
fût pas déféré au tribunal du peuple. Le Führer, furieux de ce délai, ordonna
alors que Canaris fût jugé par un tribunal sommaire composé de S. S.
De nouveaux retards se produisirent, mais finalement Canaris, son
ancien adjoint le colonel Oster et quatre autres conjurés furent jugés au camp
de concentration de Flossenburg, le 9 avril 1945, moins d’un mois avant la
fin de la guerre, et condamnés à mort. On ne savait pourtant pas avec certitude
s’il avait été exécuté. Il fallut dix ans pour résoudre ce mystère. En 1955, le
S. S. qui avait agi en qualité d’accusateur dans cette affaire fut jugé et un
grand nombre de témoins certifièrent avoir vu Canaris pendu le 9 avril
1945. Un témoin, le colonel danois Lunding, raconta qu’il avait vu Canaris tiré
nu hors de la cellule et emmené au gibet. Oster fut exécuté en même temps.
Quelques conspirateurs qui avaient été arrêtés échappèrent au
procès et furent libérés de la Gestapo par les troupes alliées. Parmi ceux-ci, il
y avait le général Halder et le docteur Schacht, qui n’avait pris aucune part à
la révolte du 20 juillet, ce qui n’empêcha pas Schacht de proclamer à
Nuremberg qu’il y avait été « initié ». Halder fut enfermé au secret
au fond d’une sombre cellule pendant plusieurs mois.
Tous deux, ainsi qu’un groupe de prisonniers importants, aussi
bien allemands qu’étrangers, dont
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