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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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plus tard raconter
Speidel (« on eût dit qu’ils étaient assis dans une demeure visitée par la
mort ») – Kluge écouta les arguments de Stuelpnagel et d’Hofacker, qui lui
expliquaient qu’il fallait appuyer les rebelles même si Hitler avait survécu. Blumentritt
a décrit ce qui suivit :
    Quand ils eurent terminé, Kluge, avec une déception marquée,
observa : « Eh bien, messieurs, la tentative a échoué. Tout est
terminé. » Stuelpnagel s’exclama alors : « Monsieur le maréchal,
je croyais que vous connaissiez les plans ? Il faut faire quelque chose (40). »
    Kluge nia avoir eu connaissance d’aucun plan. Après avoir donné
l’ordre à Stuelpnagel de libérer les S. S. et les S. D. arrêtés à Paris, il lui
conseilla :
    « Le mieux que vous ayez à faire, c’est de troquer
votre uniforme contre des vêtements civils et de vous cacher. »
    Mais ce n’était pas la voie que pouvait choisir un général de la
trempe de Stuelpnagel. Après une folle partie au champagne donnée
à l’Hôtel Raphaël , à Paris, au cours de laquelle les officiers S. S. et
S. D. libérés, sous la conduite du général Oberg, fraternisèrent avec les chefs
de l’armée qui les avaient fait arrêter – et qui fort certainement les auraient
fait exécuter dans le cas où la révolte aurait réussi – Stuelpnagel, qui avait
reçu l’ordre de se présenter à Berlin, partait en auto pour l’Allemagne.
    A Verdun, où il avait commandé un bataillon pendant la Grande
Guerre, il s’arrêta pour jeter un coup d’œil au célèbre champ de bataille, mais
aussi pour exécuter la décision qu’il avait prise. Son chauffeur et un garde
entendirent un coup de feu. Ils le virent se débattre dans les eaux d’un canal.
Une balle lui avait fait sauter un œil et si grièvement blessé l’autre qu’on
dut l’énucléer à l’hôpital militaire de Verdun où il fut emmené.
    Cela ne devait pas lui épargner une fin horrible. Aveugle et
impotent, il fut conduit à Berlin sur l’ordre formel d’Hitler, puis traduit
devant le Tribunal du Peuple où, allongé sur une civière, il se fit insulter
par Freisler. Enfin, il fut pendu à la prison de Plœtzensee, le 30 août.
    Le refus du maréchal von Kluge de se joindre à la révolte ne le
sauva pas plus que Fromm à Berlin. « Le destin, a observé Speidel à propos
de ce vacillant soldat, n’épargne pas l’homme dont les convictions ne s’accompagnent
pas de la volonté de les transformer en actes. » Tout porte à croire que
le colonel von Hofacker – il ne fut exécuté que le 20 décembre 1944 – sous
d’horribles tortures parla de la complicité de Kluge, de Rommel et de Speidel
dans le complot. Selon Blumentritt, Oberg l’aurait informé
que Hofacker avait « mentionné » le nom de Kluge lors
de ses premiers interrogatoires et qu’après en avoir été informé par Oberg lui-même, le maréchal « avait eu l’air de plus en
plus soucieux (41) ».
    Les nouvelles du front n’étaient pas de nature à lui remonter le
moral.
    Le 26 juillet, les troupes du général Bradley perçaient le
front allemand à Saint-Lô. Quatre jours plus tard, la IIIe armée, nouvellement
formée et placée sous les ordres du général Patton, se précipitait dans cette
brèche, atteignait Avranches, ouvrant ainsi la route vers la Bretagne et le sud
de la Loire. C’était le tournant de l’invasion alliée et, le 30 juillet, Kluge signalait au quartier général d’Hitler : « L’ensemble
du front ouest est percé… Le flanc gauche s’est effondré. » A la mi-août, tout
ce qui restait des armées allemandes de Normandie se trouvait enfermé dans une
poche étroite autour de Falaise, où Hitler avait interdit toute nouvelle
retraite. Le Führer en avait maintenant assez de Kluge, auquel il reprochait les revers des armées allemandes à l’Ouest
et qu’il soupçonnait d’envisager la reddition de ses troupes à Eisenhower.
    Le 17 août, le maréchal Walther Model
arrivait pour remplacer Kluge. Son apparition soudaine
apprit à ce dernier son limogeage. Hitler ordonna à Kluge de
lui faire connaître ses déplacements en Allemagne, marquant ainsi qu’il était
considéré comme suspect. Le lendemain, il écrivit une longue lettre à Hitler et
partit en auto pour chez lui. Près de Metz, il absorba du poison.
    On a retrouvé dans les archives militaires allemandes prises par
les Alliés sa lettre d’adieu au Führer.
    Quand vous recevrez ces

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