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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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proposer une variante qui contenterait son désir d’offensive
tout en se limitant à la suppression du saillant américain autour d’Aix-la-Chapelle
(8).
    Toutefois, le commandant en chef des armées allemandes sur le
front de l’Ouest avait si peu d’illusions sur la possibilité de convaincre
Hitler, qu’il refusa d’assister à une conférence militaire, à Berlin, le 2 décembre.
Il délégua son chef d’état-major, Blumentritt. Mais ni Blumentritt, ni le
feld-maréchal Model, ni le général Hasso von Manteuffel, ni même le général S. S.
Sepp Dietrich (ces deux derniers devaient commander deux, grandes armées de
panzers pour la percée) qui assistaient à la réunion, ne purent ébranler la
résolution d’Hitler. Pendant toute la fin de l’automne, il avait gratté ses
fonds de tiroir en vue de cette ultime tentative. En novembre, il avait réussi
à rassembler 1 500 chars neufs ou remis en état, et, en décembre, encore
un millier.
    Il avait reconstitué 28 divisions, dont 9 de panzers, pour la
percée des Ardennes, et 6 autres réservées à une attaque en Alsace, destinée à
appuyer l’offensive principale. Gœring promettait 3 000 avions de combat :
des effectifs imposants, quoique bien inférieurs à ceux du groupe d’armées
Rundstedt, sur le même front, en 1940. Toutefois, pour les réunir, il avait
fallu refuser aux forces allemandes du front de l’Est les renforts que leurs
commandants réclamaient à cor et à cri, afin de repousser l’offensive russe
prévue pour le mois de janvier.
    Quand Guderian, le chef d’état-major général, responsable du
front de l’Est, protesta contre le plan d’Hitler, ce dernier le sermonna
rudement.
    Vous n’avez pas à me critiquer. Voilà cinq ans que je
commande l’armée allemande en campagne et, durant cette période, j’ai acquis
plus d’expérience qu’aucun de ces messieurs de l’état-major général ne peut
espérer en acquérir jamais. J’ai étudié Clausewitz et Moltke et tous les écrits
de Schlieffen. Je suis mieux au courant que vous !
    Guderian ne se tint pas pour battu et précisa les dangers de l’offensive
imminente des Russes, avec chiffres à l’appui. Sur quoi, Hitler se mit en
colère et hurla : « C’est le plus énorme bluff, depuis Gengis Khan !
Qui est responsable de cet amas de sottises (9) ? »
    Les généraux rassemblés au Q. G. du Führer, à Ziegenberg, le
soir du 12 décembre trouvèrent le Seigneur de la Guerre – comme le rappela
plus tard Manteuffel – « voûté, pâle, le visage bouffi, tassé dans son
fauteuil, les mains agitées d’un tremblement nerveux et le bras gauche secoué
par un tic violent qu’il s’efforçait de dissimuler. Un malade… Quand il
marchait, il traînait la jambe (10). »
    Néanmoins, l’énergie de ce malade restait toujours aussi
bouillonnante. Les généraux, qui s’attendaient à une conférence sur les
préparatifs militaires de l’offensive, se virent gratifiés d’une homélie sur un
thème politico-historique.
    Jamais l’Histoire n’a connu une coalition semblable à celle
de nos ennemis, composée d’éléments aussi hétérogènes, aux buts à ce point
divergents… D’un côté des états ultra-capitalistes, de l’autre des
ultra-marxistes. D’un côté un Empire déclinant : la Grande-Bretagne ;
de l’autre, une colonie avide d’héritage, les États-Unis.
    Chacun des partenaires est entré dans la coalition avec l’espoir
de réaliser ses ambitions politiques… L’Amérique voudrait devenir l’héritière
de l’Angleterre ; la Russie essaye de conquérir les Balkans… L’Angleterre
s’accroche à ses possessions… dans la Méditerranée… Même actuellement, des
conflits divisent ces États et celui qui, telle l’araignée au milieu de sa
toile, reste tapi et observe, s’aperçoit que ces antagonismes croissent d’heure
en heure.
    C’est le moment, pour nous, de frapper, car, à tout moment,
ce front commun, maintenu par une coalition artificielle, peut s’écrouler dans
un fracas de tonnerre… pourvu qu’il n’y ait aucun relâchement de notre côté…
    Il faut avant tout détromper l’ennemi, qui croit à une
victoire certaine… Le sort des guerres est décidé en dernier ressort par celui
des antagonistes qui renonce à la victoire. Nous ne devons laisser passer
aucune occasion de montrer à l’ennemi que, quoi qu’il fasse, il ne devra jamais
escompter notre capitulation. Jamais ! Jamais

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