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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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pour l’Allemagne. Mais les « conspirateurs », tant
civils que militaires, soudainement surgis, poussaient à la première solution.
    Ils avaient déjà été frustrés une première fois depuis le début
de la guerre. Le général von Hammerstein, rappelé
temporairement de sa longue retraite à la veille de l’attaque contre la Pologne,
avait reçu un commandement à l’Ouest. Pendant la première semaine de la guerre,
il avait pressé Hitler de se rendre à son quartier général afin de montrer qu’il
ne négligeait pas ce front pendant que le Führer conquérait
la Pologne.
    En fait, Hammerstein, ennemi implacable d’Hitler,
projetait son arrestation. Fabian von Schlabrendorff avait
déjà, passé le renseignement sur ce complot à Ogilvie Forbes le jour où l’Angleterre
avait déclaré la guerre, le 3 septembre, au cours d’une brève rencontre à
l’hôtel Adlon , à Berlin. Mais
le Führer, flairant le piège, avait refusé de visiter l’ancien
commandant en chef de l’armée, et peu de temps après, il l’avait limogé (22).
    Les conspirateurs restèrent en contact avec les Anglais. N’ayant
pas réussi à agir afin d’empêcher Hitler de détruire la Pologne, ils avaient
concentré leurs efforts pour empêcher que la guerre ne s’étendit à l’Ouest. Les
membres civils réalisaient, plus qu’auparavant, que l’armée était le seul
organisme du Reich possédant les moyens d’arrêter Hitler ;
son autorité et son importance avaient grandement augmenté avec la mobilisation
générale et la victoire-éclair de Pologne. Mais l’extension de son pouvoir, comme Halder essaya de l’expliquer aux civils, était aussi un
handicap. Les effectifs des officiers avaient été bourrés de réservistes dont
beaucoup étaient de fanatiques nazis, et la masse des troupes était
complètement endoctrinée. Il serait difficile, fit remarquer Halder – il tenait à faire ressortir les difficultés, à l’ami comme à l’ennemi
– de trouver une formation militaire à qui l’on pourrait faire confiance pour
se lever contre le Führer.
    Il y avait une autre considération que les généraux formulèrent,
et que les membres civils apprécièrent pleinement. S’ils devaient organiser une
révolte contre Hitler, les Anglais et les Français ne mettraient-ils pas à
profit la confusion qui s’ensuivrait dans l’armée et dans le pays pour percer à
l’Ouest, occuper l’Allemagne et imposer une paix rigoureuse aux Allemands – même
s’ils s’étaient débarrassés de leur chef criminel ? Il était donc
nécessaire de garder le contact avec les Anglais de façon à parvenir à un
accord formel : les Alliés ne prendraient pas avantage d’un coup d’État
anti-nazi pour envahir l’Allemagne.
    On utilisa plusieurs voies. L’une, celle du Vatican, par l’intermédiaire
de Josef Müller, l’un des premiers avocats de Munich, catholique
dévot, homme d’une telle corpulence, d’une énergie et d’une ténacité si
formidables qu’on l’avait surnommé dans sa jeunesse « Jo le Bœuf » ( Ochsensepp ).
Au début d’octobre, avec la complicité du colonel Oster de l’ Abwehr (contre-espionnage), Müller était allé à Rome et avait pris contact au Vatican
avec le ministre anglais près du Saint-Siège. Selon des sources allemandes, il
réussit à obtenir non seulement une promesse des Anglais, mais le consentement
du Pape d’agir en qualité de médiateur entre un nouveau régime allemand
anti-nazi et l’Angleterre (23).
    L’autre contact était en Suisse, à Berne. Weizsaecker y avait
installé Theodor Kordt, récemment chargé d’affaires
allemand à Londres, comme attaché à la légation allemande, et c’était dans la
capitale suisse qu’il voyait de temps à autre un Anglais, le docteur Philip
Conwell-Evans, dont le professorat à l’université de Kœnigsberg avait fait un
expert en nazisme et, jusqu’à un certain point, un sympathisant.
    Dans les derniers jours d’octobre, Conwell-Evans apporta à Kordt
ce que ce dernier représenta plus tard comme une promesse solennelle de
Chamberlain d’agir avec justice et compréhension à l’égard d’un futur gouvernement
allemand anti-nazi. En fait, l’Anglais n’avait apporté que des extraits du
discours de Chamberlain, aux Communes, dans lequel, tout en rejetant les
propositions de paix d’Hitler, le Premier Ministre avait déclaré que l’Angleterre
ne désirait pas « exclure de la place qui lui revenait en

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