Le Troisième Reich, T2
avait l'air, ai-je noté dans mon
journal, de posséder la terre entière ». Il éclata : « Le Führer a
donné sa réponse... L'Allemagne a occupé le sol danois et norvégien de façon à
protéger ces pays contre les Alliés, et à défendre leur neutralité jusqu'à la
fin de la guerre. Ainsi une partie précieuse de l'Europe a été sauvée d'une
ruine certaine. »
La Presse de Berlin était tout aussi intéressante
à voir ce jour-là. Le Börsen Zeitung : « L'Angleterre marche de sang -froid sur les cadavres des petites
nations. L'Allemagne protège les États faibles contre les voleurs de grands
chemins anglais... La Norvège doit reconnaître l'équité de la mesure allemande,
qui fut prise pour assurer la liberté du peuple norvégien. » Le journal d'Hitler, le Völkischer Beobachter, arborait ce titre : L'ALLEMAGNE
SAUVE LA SCANDINAVIE!
[47] Les pertes totales danoises pour tout le royaume furent de 13 tués et 23
blessés. Les Allemands perdirent 20 hommes environ.
[48] La Norvège avait fait partie du Danemark pendant quatre siècles et de la Suède
pendant un siècle de plus et n'avait regagné sa complète indépendance qu'en
1905, quand elle rompit son union avec la Suède et que le peuple élut le prince
Carl de Danemark roi de Norvège. Il prit le nom de Haakon VII. Haakon VI était
mort en 1380. Haakon VII était le frère de Christian X de Danemark, qui se
rendit si promptement aux Allemands le matin du 9 avril 1940.
[49] II y a, dans les instructions secrètes de Ribbentrop, une insinuation
présageant une autre traîtrise. Bräuer avait ordre d'essayer d'arranger la
rencontre « à un endroit entre Oslo et l'actuelle résidence du roi. Pour des
raisons évidentes, lui, Bräuer, devrait régler minutieusement ce déplacement
avec le général von Falkenhorst et devrait aussi informer ce dernier du lieu de
rencontre convenu ». Gaus, qui téléphona les instructions de Ribbentrop,
rapporta que « Herr Bräuer comprit clairement le sens des instructions ». On ne
peut s'empêcher de penser que, si le roi s'était rendu à cette entrevue, les
troupes de Falkenhorst se seraient emparées de lui (43).
[50] La première entreprise de Quisling ne fut pas de longue durée. Six jours après
s'être proclamé lui-même Premier Ministre, le 15 avril, les Allemands le
limogèrent et nommèrent un Conseil administratif de six principaux citoyens
norvégiens, dont l'évêque Eivind Berggrav, chef de l'Église luthérienne de
Norvège, et Paal Berg, président de la Cour suprême. Ce fut en grande partie
l'œuvre de Berg, juriste éminent et bagarreur qui devint plus tard le chef
secret du mouvement de résistance norvégienne. Le 24 avril, Hitler nomma
commissaire du Reich, pour la Norvège, Terboven, Gauleiter nazi jeune et
endurci, et c'est lui qui en réalité gouverna le pays, avec une brutalité
croissante, pendant l'occupation. Bräuer, qui s'était opposé à Quisling dès le
début, fut rappelé le 17 avril, rayé des services diplomatiques et envoyé sur
le front occidental comme soldat. En 1942, les Allemands réinstallèrent
Quisling comme premier ministre, mais, comme son impopularité dans le peuple
était immense, son pouvoir était nul, en dépit de ses plus grands efforts pour
servir ses maîtres allemands.
A la fin de la guerre, Quisling fut jugé pour trahison et, après
un procès minutieux, condamné à mort et exécuté le 24 octobre 1945. Terboven
préféra le suicide à la capture. Knut Hamsun, le grand romancier norvégien, qui
avait ouvertement collaboré avec les Allemands et chanté leurs louanges, fut
inculpé de trahison, mais les charges furent abandonnées en raison de son grand
âge et pour sénilité. Il fut cependant jugé et condamné, pour « avoir tiré
profit du régime nazi », à une amende de 65 000 dollars. Il mourut le 19
février 1952, à quatre-vingt-treize ans. Le général von Falkenhorst fut traduit
comme criminel de guerre devant une cour martiale mixte — Anglais et Norvégiens
— sous l'inculpation d'avoir livré aux S.S. des commandos alliés faits
prisonniers pour les faire exécuter. Il fut condamné à mort le 12 août 1946,
mais la sentence fut commuée en prison à vie.
[51] Le 13 avril, le général von Falkenhorst, sans doute excité par Hitler en furie
à cause de la résistance norvégienne, signa un ordre stipulant de prendre comme
otages 20 des habitants les plus distingués d'Oslo, dont l'évêque Berggrav et
Paal Berg, qui,
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