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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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s’apprêtait à sortir un papier de sa poche en entrant
dans le bureau du ministre. Paul-Henri Spaak l’arrêta.
    « Excusez-moi, monsieur l’ambassadeur, je veux parler
le premier. »
    L’armée allemande (dit Spaak sans essayer de dissimuler son
indignation) vient d’attaquer notre pays. C’est la seconde fois en vingt-cinq
ans que l’Allemagne commet une agression criminelle contre une Belgique neutre
et loyale. Ce qui vient de se passer est peut-être encore plus odieux que l’agression
de 1914. Aucun ultimatum, aucune note, aucune protestation n’ont jamais été
portés devant le gouvernement belge. C’est par l’attaque elle-même que la
Belgique a appris que l’Allemagne a violé les engagements pris par elle… Le
Reich allemand en sera responsable devant l’histoire. La Belgique est résolue à
se défendre.
    Le malheureux diplomate commença alors à donner lecture de l’ultimatum
allemand, mais Spaak l’interrompit tout de suite. « Donnez-moi le document,
dit-il, je préfère vous épargner une aussi pénible tâche (1). »
    Le Troisième Reich avait donné aux deux petits pays les
garanties de leur neutralité presque sans calculer. En 1839, l’indépendance et
la neutralité de la Belgique avaient été garanties « à perpétuité »
par les cinq grandes puissances européennes, pacte qui avait été observé
pendant soixante-quinze ans jusqu’à ce que l’Allemagne le rompît en 1914. La
République de Weimar avait promis de ne jamais prendre les armes contre la
Belgique, et Hitler, après son arrivée au pouvoir, confirma cette politique
sans discontinuer et donna des assurances similaires à la Hollande. Le 30 janvier
1937, après avoir dénoncé le traité de Locarno, le chancelier nazi avait
déclaré publiquement :
    Le gouvernement allemand a de plus donné l’assurance à la
Belgique et à la Hollande qu’il est prêt à reconnaître et à garantir l’inviolabilité
et la neutralité de ces territoires.
    Effrayée par la remilitarisation du Troisième Reich et la
réoccupation de la Rhénanie au printemps 1936, la Belgique, qui avait sagement
renoncé à la neutralité après 1918, chercha à nouveau refuge en elle. Le 24 avril
1937, l’Angleterre et la France la libérèrent des obligations de Locarno et, le
13 octobre de la même année, l’Allemagne confirma officiellement et
solennellement
    … sa détermination de ne porter atteinte en aucune
circonstance à l’inviolabilité et à l’intégrité (de la Belgique) et qu’en tout
temps elle respectera le territoire de la Belgique… et (sera) prête à assister
la Belgique si celle-ci était l’objet d’une attaque…
    Depuis ce jour, il y a un contrepoint familier dans les
solennelles assurances publiques d’Hitler aux Pays-Bas et ses avertissements
donnés en privé à ses généraux. Le 24 août 1938, au sujet d’un des
documents établis pour lui sur le cas vert, plan d’attaque de la
Tchécoslovaquie, il parla « des avantages extraordinaires » pour l’Allemagne
si la Belgique et la Hollande étaient occupées et il demanda l’opinion de l’armée
« sur les conditions dans lesquelles une occupation de ces territoires
pourrait être effectuée et combien de temps elle demanderait ».
    Le 28 avril 1939, dans sa réponse à Roosevelt, Hitler mit
encore une fois l’accent sur les « déclarations restrictives » qu’il
avait faites, parmi d’autres, aux Pays-Bas et à la Belgique. Moins d’un mois
plus tard, le 23 mai, le Führer, comme il a été noté, disait à ses
généraux que les bases aériennes hollandaises et belges devaient être occupées
par la force armée… dans un temps éclair. « Les déclarations de neutralité
doivent être ignorées. »
    Il n’avait pas encore commencé sa guerre, mais ses plans étaient
prêts. Le 22 août, une semaine avant de déclencher la guerre en attaquant
la Pologne, il conféra avec ses généraux sur la « possibilité » de
violer la neutralité de la Hollande et de la Belgique. « L’Angleterre et
la France, dit-il, ne violeront pas la neutralité de ces pays. » Quatre
jours plus tard, le 26 août, il ordonna à ses envoyés à Bruxelles et La
Haye d’informer les gouvernements respectifs qu’en cas de guerre « l’Allemagne
ne portera pas atteinte à l’inviolabilité de la Belgique et de la Hollande »,
promesse qu’il répéta publiquement le 6 octobre, après la fin de la
campagne polonaise. Le lendemain

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