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Le Voleur de vent

Le Voleur de vent

Titel: Le Voleur de vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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autre que le duc d’Épernon, leva la main :
    — C’est assez connivé. Il nous faut agir
et noyer dans le sang ce qui n’eût point dû être.
    Tous approuvèrent avec gravité…
    C’était là leur première réunion et pas un des
conjurés ne manquait, à la notable exception du « douzième apôtre », celui
qu’on n’avait point encore trouvé mais dont la main ne devait pas trembler
lorsque viendrait l’instant suprême de la mise à mort du roi.
    Dans la pièce chauffée avec grand excès, l’ambassadeur
d’Espagne, Don Inigo de Cardenas, suait à grosses gouttes sous sa cagoule de
satin noir qui se terminait par un cône. Il trouvait ce luxe de précautions des
plus inutiles, chacun pouvant faire suivre les autres pour savoir qui ils
étaient – quoique ce ne fût pas sans risques… En outre, certains conjurés étant
arrivés en cet hôtel particulier de la rue des Poulies en voiture avec
armoiries, le secret n’était point entièrement étanché et cette comédie prenait
caractère d’agacement.
    Cependant, l’ambassadeur se força à l’attention
lorsque le grand seigneur cagoulé qui dirigeait l’affaire et qu’il savait être
le duc d’Épernon prit la parole. Sa voix sèche et saccadée en disait long sur
le caractère de l’homme. L’ambassadeur d’Espagne ne l’appréciait pas, étant en
la certitude que le duc n’aimait ni Dieu, ni les hommes mais avait soif de
pouvoir et de revanche, tant il haïssait le Béarnais, roi de Navarre devenu roi
de France. Cependant, l’ambassadeur était en service et savait que son propre
roi, Philippe III d’Espagne, lirait son rapport avec grande attention.
    D’Épernon ne dissimulait point son amertume :
    — S’il est ainsi protégé, c’est que ce
huguenot maudit est en la main de son maître Belzébuth car telle constance dans
la fortune n’est point chose humaine.
    L’ambassadeur, qui se trouvait bailleur d’une
grande partie des fonds des conspirateurs, crut devoir faire montre de l’autorité
que lui avait déléguée son roi :
    — La chance tourne lorsqu’on sait
persister en ses entreprises dont d’autres assurent qu’elles ne soient point
rendues malaisées au motif qu’il y manquerait de l’or.
    D’Épernon, qui ne pouvait point oublier qu’il
fut puissant duc, se leva vivement et tourna vers l’ambassadeur son inquiétante
tête cagoulée. Il n’aimait point être interrompu mais eu égard à la qualité de
son interlocuteur, sa rage se voila d’excessive politesse :
    — Je n’en disconviens certes pas, et
remarque toute la justesse de vos paroles.
    Satisfait d’avoir ainsi montré les crocs, et
souhaitant qu’on fût à présent en apaisement, l’ambassadeur feignit d’avoir
nécessité du recours à d’Épernon pour qu’on lui rappelât en quoi Henri
quatrième semblait protégé de Dieu :
    — La chance de ce faux converti est-elle
donc si grande ?
    Le duc, comme soudain accablé, s’assit avec
lassitude.
    — Plus grande qu’on ne l’imagine, car
tout n’est point connu de ceux qui tentèrent de tuer le huguenot. Ainsi, le capitaine
Michau, qui échoua. Louis Pépin, qui ne fut pas plus chanceux. Pierre Barrière,
qui échoua, eut le poing qui tenait le couteau brûlé vif, vit ses membres
rompus et finit sur la roue. André Regnard, encore un échec, le poing droit
brûlé et l’homme pendu au pont Saint-Michel le 4 avril de 1594. Jean Châtel qui
blessa l’imposteur à la lèvre et lui coupa une dent avant d’être écartelé vif. Le
vicaire de Saint-Nicolas-des-Champs, pendu. Jacques Bâticle, pendu. Julien
Guesdon, pendu en place de Grève. Nicolas Langlois, frère lai capucin, le corps
brisé sur la roue. Charles Ridicauwe, un dominicain, roué à mort lui aussi. Nicole
Mignon, exécutée en place de Grève. Saint-Germain de Roqueville, gentilhomme de
Normandie, décapité…
    « Voilà une belle bande de maladroits !
Ils méritaient mille fois la mort ! » songea l’ambassadeur qui, hypocrite,
hocha gravement la tête.
    Néanmoins, il se montra plus attentif lorsque
d’Épernon dit d’une voix sifflante :
    — L’échec nous sera cette fois inconnu !…
Nous nous y préparons en trop grand sérieux pour ne point réussir. Guillaume d’Orange
Nassau [11] aussi échappa longuement à la mort mais la dernière tentative fut la
bonne qui infligea à cet hérétique juste châtiment.
    L’ambassadeur observa l’effet produit par ces
paroles.
    Le marquis de

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