L'Église de Satan
du trésor légendaire du roi Salomon.
On sait que Saunière, après la découverte des
parchemins, rapporta de Paris deux reproductions de tableaux. L’un d’eux était Les Bergers d’Arcadie , de Poussin – tu t’amuseras, mon cher Philippe, de
voir qu’il s’agit de l’un de tes homonymes. Ce tableau lui aurait permis, ainsi
que l’épitaphe figurant sur une tombe du village voisin, de déchiffrer le
langage codé des parchemins. Comment l’abbé Saunière était-il devenu soudain
immensément riche ? En quoi consistait ce fameux secret ? On pense, bien
sûr, au fameux trésor cathare sorti clandestinement de Montségur. Son train de
vie et sa conduite peu orthodoxe valurent en tout cas à l’abbé d’être suspendu
de ses fonctions par l’évêque de Carcassonne. Il fit appel au Vatican, qui le
réintégra dans ses fonctions. En 1917, il eut une attaque et mourut quelques
jours plus tard. On raconte qu’il se confessa sur son lit de mort, et que le
prêtre fut tellement choqué de ses paroles qu’il refusa de lui administrer les
derniers sacrements.
Si je me permets de te rafraîchir la
mémoire à ce sujet, mon cher Philippe, c’est que j’ai plusieurs révélations d’importance
à te faire concernant à la fois les fouilles de Montségur, les aventures d’Escartille,
le mystère de ce cavalier inconnu et mon précieux manuscrit.
Premièrement, j’ai de bonnes raisons de penser
que les fameux rouleaux de parchemin que j’ai en ma possession sont ceux que
retrouva l’abbé Saunière à la fin du XIX e (siècle, sous la forme
codée que leur donna son prédécesseur, l’abbé Antoine Bigou. Cela expliquerait
de quelle façon ils ont pu se retrouver en enfer, ici, à la Bibliothèque
nationale. Considérons les choses avec objectivité : on se demande comment
l’abbé est devenu riche après la découverte de ces parchemins codés. On sait
que sa fortune lui est miraculeusement apparue après avoir consulté les “experts”
parisiens… Ma conviction est faite : ces “experts”, sans doute des pontes
de l’Église catholique, l’ont acheté.
Pourquoi, me diras-tu ? Pour prix de son
silence, à n’en pas douter ! L’Église a voulu que cet homme se taise
parce qu’il avait fait une découverte exceptionnelle. Ce ne serait donc pas
le trésor cathare qui serait la source de son subit enrichissement : pourquoi
aurait-il continué ses fouilles après son retour de la capitale, sans résultat,
s’il était déjà en possession du fameux “trésor” ? Pourquoi le curé chargé
de son extrême-onction se serait-il formalisé outre mesure de ses délires, s’il
ne lui avait fait une révélation précise concernant ce qu’il avait découvert – non
pas l’endroit où pouvait se trouver le trésor, mais la nature de
celui-ci ? Une nature suffisamment hérétique pour damner le malheureux… Admettons
une seconde que l’abbé Saunière ait tout simplement retrouvé et lu les
parchemins d’Escartille, ou leur équivalent codé… Eh bien, figure-toi que l’archiviste
a fini par retrouver dans quelles circonstances l’aventure d’Escartille est
parvenue jusqu’en enfer : le manuscrit a été déposé en 1918, quelques mois
après la mort de Saunière… et devine par qui ? Par l’archevêque de Paris !
Serions-nous à notre tour, mon ami, sur la piste du trésor de Montségur ?
Deuxièmement, à propos du trésor. Voici
une autre preuve que celui-ci n’a pu être découvert par l’abbé Saunière – mais
que, peut-être, il avait pu en connaître la signification exacte. On
sait que le trésor fut arraché à Montségur peu de temps avant le bûcher des
parfaits, dans un simple baluchon confectionné à l’aide d’une couverture.
Indépendamment de toutes les légendes plus ou moins ésotériques, il est admis
par les scientifiques que ce “trésor” a dû être dissimulé quelque temps dans
une grotte voisine, avant d’être transporté plus tard en Italie où survivaient
encore une poignée de Bons Chrétiens. Il semble que les minutes de l’Inquisition
confirment ce fait. Mais que pouvait-on transporter dans ce baluchon ? Était-ce
le trésor lui-même… ou ces parchemins, dont le secret permettrait de conduire
jusqu’à lui ? Je t’accorde qu’il ne s’agit là, pour le moment, que de
conjectures. Mais elles s’appuient sur autre chose encore.
En effet, l’archiviste et moi avons fait
une découverte bien intéressante.
À force de relire
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