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L'enquête russe

L'enquête russe

Titel: L'enquête russe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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et la princesse demeuraient dans leurs cabines au cours de la traversée. Au vu de la capacité de la dame à changer d’aspect, il est possible que rien dans la joueuse n’ait pu rappeler au comte la passagère emmitouflée dans ses châles, enfin j’imagine, entr’aperçue à bord du bateau. Et de plus, à deux reprises, Piquadieu et la Tison nous ont précisé qu’elle portait un masque.
    — Peut-être la connaissait-il trop bien et ce n’est que sous la dégaine d’une fille galante qu’elle pouvait l’approcher sans éveiller les soupçons.
    — Voilà une version qui me conviendrait bien. Enfin, conservons tout cela en mémoire.
    — Si je puis me permettre, reprit Bourdeau, qui devant Le Noir abandonnait le tutoiement, il serait opportun que vous veniez au Châtelet interroger derechef Piquadieu dont la langue se déliera peut-être si nous savons arguer habilement de ce que nous savons désormais, son acoquinage avec l’Américain. Pourquoi souhaitait-il nous dissimuler cette complicité ?
    — Cela n’explique pas son entêtement à ne point répondre. Pourquoi protégeait-il ainsi l’Américain ? Tu as raison, je viendrai au Châtelet demain matin. Monseigneur, si des nouvelles survenaient, le rapport vous en serait fait.
    — Faites, faites, Nicolas. J’ai bon espoir que vous aboutissiez.
     
    À l’Hôtel de Lévi, le commissaire n’apprit rien denouveau et regretta de n’avoir pas suivi Bourdeau. La soirée fut paisible, coupée d’un frugal souper et d’une longue lecture.

    Vendredi 31 mai 1782
    Le lendemain dès l’arrivée du commissaire au Grand Châtelet, Piquadieu, alias la Jeunesse, fut extrait de sa cellule et conduit au bureau de permanence.
    — As-tu apprécié le logis ? demanda Bourdeau. Et encore tu n’as pas fait connaissance avec nos culs-de-sac les plus attrayants. Il y a une basse-fosse qui grouille agréablement d’insectes et de reptiles dans laquelle nous plongeons parfois les plus récalcitrants de nos pensionnaires.
    — Ce n’est guère charitable, monsieur Bourdeau, d’accabler un pauvre homme dans le malheur.
    — Un malheur que bien volontairement tu as attiré sur ton dos. Si ton obstination se perpétue, nous prendrons d’autres mesures…
    Bourdeau laissa planer un silence lourd de menaces informulées. Nicolas espérait que les défenses de Piquadieu avaient été ameublies par l’exorde de l’inspecteur.
    — Vous me faites pitié, mon bon. Vous êtes un jouet dans une procédure criminelle. Êtes-vous conscient qu’au pire vous risquez votre tête et au mieux les galères à vie ? Toutefois un peu de sincérité de votre part ne laisserait pas d’avoir d’heureuses conséquences et nous inciter à plus d’indulgence à votre égard.
    — Je ne puis rien vous dire de plus.
    — Allons, allons, un bon mouvement ! D’autresque vous ont parlé et nous en savons déjà davantage que vous ne puissiez dire.
    — Jase donc, imbécile !
    — Nous avons par exemple élucidé le problème d’une clé. Celle que vous avez confiée à l’homme qu’ensuite vous avez retrouvé aux guichets du Louvre.
    Il y eut chez Piquadieu un imperceptible frémissement, qui n’échappa pourtant pas aux deux policiers. Ils laissèrent le silence, cet acolyte obligé, parfaire l’impression causée par leur propos.
    — Même ici, je suis menacé.
    Il regardait tout autour de lui, l’air égaré.
    — Mais peste, reprit Bourdeau, de qui peux-tu avoir peur ? Tu es en sûreté avec nous qui ne te voulons que du bien, à condition bien sûr… Pourquoi t’es-tu accointé avec cet étranger ?
    L’étonnement se lisait sur le visage défait de Piquadieu.
    — L’étranger, quel étranger ? Que me chantez-vous là ? Quelque rebacherie pour m’enfoncer sans doute ?
    — Cesse de mentir. Tu as une petite chance de te tirer hors de pair, saisis-la et vite ! Ton Américain a tout craché, lui.
    — Quel Américain ?
    — Tu as bien confié une clé de la chambre de ton maître à un homme qui s’y est introduit sur les neuf heures et qui t’a rendu cette clé aux guichets du Louvre ? Cet homme est américain et tu as mis le pied dans une affaire politique qui peut te broyer si tu t’obstines à ne pas nous faire confiance.
    Piquadieu baissa la tête et sembla réfléchir.
    — Monsieur Le Floch, on vous répute homme d’honneur.
    — C’est un fait, intervint Bourdeau, mais que connais-tu à cela, toi ?
    — L’homme que vous

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