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L'envol des tourterelles

Titel: L'envol des tourterelles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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musique et elle était certaine que je deviendrais une grande violoniste. Elle pensait que la vie nousappartenait à nous aussi, les Pawulscy. Ça n’a pas été le cas, Florence. Si tu me dis que tu vas te désister, je ne te reverrai plus, parce que j’en ai assez d’essuyer tes angoisses de prima donna. Callas a ses cordes dans la gorge, toi sur un violon. Mais tu n’es pas Callas et je n’en peux plus, de tes caprices.
    Elle avait repris possession de l’instrument, le serrant contre sa poitrine comme si elle avait des regrets de l’avoir sorti de l’étui. Florence eut envie de les consoler tous les trois: Zofia, Élisabeth et le violon. Elle enleva son béret et s’approcha doucement de son professeur.
    – Quand j’étais petite, tu te souviens, j’avais peur que mon étui soit un petit cercueil. Tu te souviens?
    – Non, pas vraiment. Tu as fait dire tant de choses à ton violon. Il n’en tient qu’à toi, Florence, pour que cet étui-ci n’en soit pas un.
    Élisabeth frotta sa joue contre la table d’harmonie. Florence tendit les mains avec précaution et lui prit l’instrument des mains avec une espèce de recueillement qui lui donna soudainement un air de jeune femme.
    Elles partirent pour le souper avec assez de retard pour pouvoir se sécher le cœur, et trop, au goût de Michelle, qui leur ouvrit la porte d’un air maussade, son rôti de bœuf ayant pris les couleurs du cuir patiné. Élisabeth fut gênée d’annoncer à Jan qu’elle s’était permis de prêter le violon de leur mère à Florence.
    – C’est une bonne chose. Il aurait pu s’ankyloser.
    Florence ne savait quelle attitude adopter, ressentant vivement que tous les enfants Pawulscy l’avaient adoptée et lui promettaient un brillant avenir. Pour s’en assurer, ils lui confiaient la plus belle pièce decollection du musée de leur enfance. Élisabeth fut songeuse durant tout le repas, Florence mal à l’aise, Michelle déçue de son menu, Jan absent et Nicolas mortifié que ses quatorze ans arrivent dans une atmosphère aussi lugubre. Dès qu’il eut soufflé les bougies d’un gâteau qui n’avait pas levé et dont le glaçage coulait inexorablement dans l’assiette, déballé ses cadeaux et remercié poliment sa tante, il sortit de table en s’excusant et s’enferma dans sa chambre. Ses parents se regardèrent et l’entendirent déplacer les meubles. Élisabeth partit presque aussitôt, s’excusant d’avoir été de compagnie plus que déplaisante, alors que Florence insistait pour faire la vaisselle, au point d’en agacer Michelle. Elles sortirent toutes les deux, allant chacune son chemin, Élisabeth à deux pas, Florence se plantant devant l’arrêt d’autobus.
    Jan se rendit dans son bureau pour remercier les lunettes de son père d’avoir intercédé auprès de sa mère. Il n’avait osé montrer son soulagement de savoir l’instrument sorti de la quarantaine, sa sœur ayant une mine si catastrophée qu’il en était mortifié. Il souhaitait qu’elle ne souffrît pas d’avoir revu l’instrument qu’elle avait traîné à travers l’enfer de la guerre, s’y accrochant comme à une bouée. La mine de Florence n’était guère plus réjouissante et il espérait qu’aucun malentendu ne s’était immiscé entre ces deux génies de la musique. S’étant mis au lit, il ne cessait de se tourner et de se retourner, Michelle bien endormie à ses côtés, d’un sommeil plus que bienvenu qui effaçait certainement tous les accrochages du repas. Il alluma pour regarder l’heure, soupira de voir que la nuit avait filé comme une voleuse, éteignit, mais fut agacé par un son inhabituel venant du fond de la maison. Intrigué,il se leva et se retrouva devant la porte de la chambre de son fils, sous laquelle filtrait la lumière. Il ne trouva pas étrange que son fils de quatorze ans ait réinstallé son train. S’il reconnut le son de la locomotive tirant les wagons sur ses petits rails, il fut davantage attiré par la voix de Nicolas. Il pensa frapper et aller le rejoindre, mais hésita, préférant essayer de comprendre quelques mots. Il entendit donc son fils préparer un voyage qui le conduirait rapidement de l’autre côté de l’Atlantique.
    – Et vous dites, monsieur, qu’il serait préférable que je prenne l’avion? Mais si moi je veux prendre le train jusqu’à New York et embarquer sur un transatlantique, je peux le faire? Oui? C’est bien. Mais si je voulais prendre le train

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