Les Amazones de la République
émanait en vérité du plus haut sommet de lâÃtat, dâoù elle était ensuite retombée en pluie fine : câest-à -dire du bureau même de celui qui lui faisait face ce jour de juillet. Jacqueline Chabridon, qui nâavait dès lors plus dâautre choix que de sâincliner, sauf à croupir le restant de sa vie dans les soupentes dâune feuille de choux au fin fond de lâHexagone, accepta le poste et intégra la banque en question la semaine qui suivitâ¦
Câest là lâun des nombreux postes quâoccupa cette journaliste émérite aux destins multiples (comme nous le verrons plus loin). De Radio Monte Carlo â où elle dirigea le service politique â à la direction de la communication de Michel Rocard à Matignon, en passant par Air France, la RATP ou encore le groupe Barrière, la discrète Jacqueline Chabridon reste lâun des personnages clés les plus secrets de la profession et de la mitterrandie.
La page Rocard définitivement refermée et cette plaie cautérisée, François Mitterrand la convia un jour à Latche, quelques semaines après quâelle eut donné naissance à une petite fille. Sâinquiétant de la mauvaise santé de la mère â chez qui les médecins redoutaient une sclérose en plaques â, il avait demandé à son épouse Danielle de lâinviter dans les Landes. Câest lâune des rares fois où Jacqueline Chabridon entendit François Mitterrand, qui sâépanchait rarement sur le sujet, évoquer sa maladie et la mort. Avant quâelle ne quitte Latche, le président fit une longue balade en sa compagnie. Sâarrêtant devant un buisson, il alla lui couper quelques branches quâil lui offrit : lâhomme se souvenait que cet arbuste figurait parmi les plantes favorites de la femme quâil observait et dont il avait taquiné en vain un jour lâintimitéâ¦
Jacqueline Chabridon a-t-elle été la maîtresse de ce dernier, alors quâil occupait les hautes fonctions de premier secrétaire du parti socialiste ? Question vaine. Normal que celles qui approchèrent François Mitterrand de si près tombèrent amoureuses de leur sujet. Comment eussent-elles pu prétendre le contraire ? Câeût été comme avouer quâelles ne croyaient plus au socialisme, ni en Dieu ! A-t-elle succombé pour autant à ses avances ? Interrogée par lâauteur, celle-ci sâen est toujours défendue. Et quâimporte.
Un mot, pour finir, sur Michel Rocard, dont la réputation dâhomme à femmes ne transpira que très peu : bondieusant des credo souvent incompréhensibles pour le commun des mortels, ce fort en thème aurait pu comparer son palmarès avec celui de François Mitterrand, si les deux hommes ne sâétaient pas affrontés et détestés. Jamais don Juan semblable ne naîtra sur cette Terre. Et pourtant. Cosinus de la politique, Michel Rocard ne fut pas en reste à gauche, où sa réputation de cavaleur parcourait les travées du PS et de lâAssemblée. Jusque dans la profession, où quelques journalistes ont gardé en mémoire les assauts dâun ancien Premier ministre particulièrement entreprenant. Lors dâune visite officielle en Hollande, en 1989, où il en emmena une brassée, il entreprit ainsi et sans sommations Sylvie Pierre-Brossolette dans lâavion qui le ramenait à lâaéroport de Villacoublay. Plus pressant que jamais, il lui proposa ensuite de la déposer chez elle en voiture : la journaliste eut ce jour-là les plus grandes difficultés à endiguer les tentatives dâun homme que la présence du chauffeur et de lâofficier de sécurité, installés à lâavant du véhicule, ne gêna pas plus que celaâ¦
Chapitre 8
La reine de la ruche
Pouvait-on rêver plus belle brochette ? Divas, vedettes et jeunes prêtresses dâune profession qui se les arrachait déjà , elles étaient quatre ce soir de 1978 dans un appartement de la rue de Verneuil, à papoter autour dâun verre de vin. Outre Michèle Cotta, dont câétait le domicile, Christine Ockrent, Françoise Giroud et Catherine Nay. Ni chichis, ni petits plats dans les grands, mais une simple « dînette » entre
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