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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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une chambre de représentation ; – l’habit de bougran est métamorphosé en habit de velours noir ; et, quoique celui qui le porte conserve son air d’humilité puritaine et sa politesse vis-à-vis des cliens d’importance, il peut maintenant regarder les autres en face et les traiter avec tous les privilèges que lui donnent l’opulence et l’insolence qu’elle fait naître. Ces changemens s’étaient opérés en peu de temps ; et quoique le personnage lui-même n’y fût pas encore tout-à-fait accoutumé, ils devenaient de jour en jour moins embarrassans pour lui. Parmi les autres acquisitions de luxe, on voit sur sa table une des meilleures pendules de David Ramsay, dont son œil observe continuellement les révolutions, tandis qu’il envoie de temps en temps un jeune garçon qui lui sert de clerc, pour en comparer la marche avec celle de l’horloge de Saint-Dunstan.
    Le scribe lui-même paraissait considérablement agité ; il tira d’un coffre-fort un rouleau de parchemin, dont il lut plusieurs passages avec une grande attention ; ensuite il se mit à se dire à lui-même : – La loi ne présente aucune issue secrète, aucun faux-fuyant, aucun. Si les terres de Glenvarloch ne sont pas dégagées avant midi, lord Dalgarno les acquiert, certes, à bon marché. Il est étrange qu’il ait pu se faire un ennemi de son patron, et acquérir pour lui-même les beaux biens dont il a si long-temps leurré le puissant Buckingham. – André Skurliewhitter ne pourrait-il pas aussi l’attraper ? Il a été mon patron, – c’est vrai, – pas plus que Buckingham n’était le sien ; et il ne peut plus l’être, car il part présentement pour l’Écosse. J’en suis content : – je le hais, et je le crains. Il connaît trop mes secrets, je connais trop les siens. Mais non, – non, – non, il est inutile d’y songer, il n’y a pas moyen de le tromper. – Hé bien ! Willie, quelle heure est-il ?
    – Onze heures passées, monsieur.
    – Enfant, retourne à ton pupitre, de l’autre côté, dit le scribe. Que faire maintenant ? – Je perdrai la clientelle honorable du vieux comte ; et, ce qu’il y a de pire, la vilaine pratique de son fils. Le vieil Heriot s’entend trop bien en affaires pour me laisser plus que ce qui doit strictement m’appartenir selon l’usage. La clientelle de Whitefriars était avantageuse ; mais elle est devenue dangereuse depuis… Pouah ! qu’est-ce qui me fait donc penser à cela ? à peine si, je puis tenir ma plume, – Si l’on me voyait dans cet état ! Willie (appelant à haute voix l’enfant), un verre d’eaux distillées. – Ah ! maintenant je pourrais regarder le diable en face.
    Il prononça ces derniers mots à haute voix et tout près de la porte de l’appartement, qui fut ouverte tout à coup par Richie Moniplies, suivi de deux personnes et de deux porteurs chargés de sacs d’argent. – Si vous pouvez regarder le diable en face, maître Skurliewhitter, dit Richie, vous pourrez bien au moins tourner la tête pour voir un ou deux sacs d’argent que j’ai pris la liberté de vous apporter. Satan et Mammon sont proches parens. Pendant ce temps-là, les porteurs déposèrent leur charge sur le plancher.
    – Je… je, – balbutia le scribe surpris, – je ne puis deviner ce que vous voulez dire, monsieur.
    – Je vous dis seulement que je vous apporte cet argent de la part de lord Glenvarloch, pour dégager une certaine hypothèque placée sur son patrimoine. Voici maître Reginald Lowestoffe et un honorable Templier, qui viennent en temps et lieu pour être témoins du remboursement.
    – Je – je crois, dit le scribe, que le terme est expiré.
    – Vous me pardonnerez, monsieur, répondit Lowestoffe ; vous ne nous abuserez pas : – Il s’en faut de trois quarts d’heure à toutes les horloges de la Cité.
    – Il faut que j’aie le temps, messieurs, reprit André, de compter et de peser l’or.
    – Faites-le à votre aise, maître scribe, répliqua encore Lowestoffe. Nous avons déjà vérifié et pesé chaque sac, et nous y avons attaché notre sceau. Ils sont rangés là, au nombre de vingt, chacun contenant trois cents pièces d’or. – Nous sommes témoins que le remboursement est légalement offert.
    – Messieurs, dit le scribe, cette affaire intéresse maintenant un puissant seigneur. Je vous prie de calmer votre précipitation, et de me permettre d’envoyer chercher lord Dalgarno, ou plutôt j’y cours

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