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Les chevaliers de la table ronde

Les chevaliers de la table ronde

Titel: Les chevaliers de la table ronde Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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leur
première rencontre et lui apprendrait toutes les connaissances du monde par la
puissance de sa magie. Or Dyonas avait engendré une fille qu’il appela Viviane
en chaldéen, ce qui signifie « Rien n’en ferai » en français [62] .
Et Viviane manifestait effectivement de grandes dispositions pour les sciences
de la nature, notamment pour l’astrologie, l’alchimie et tout ce qui concernait
la connaissance de ce qui était secret et caché. Elle passait de longues heures
dans un cabinet de travail, qui se trouvait dans une tour, à déchiffrer des
livres et de vieux parchemins. Puis, lorsqu’elle avait bien lu et étudié, elle
s’en allait errer sur les sentiers de la forêt, tout autour du manoir de son
père.
    Ce jour-là, il faisait un temps magnifique : le soleil
brillait de tout son éclat et une brise parfumée parcourait les bois à travers
les branches. Viviane était sortie très tôt du manoir afin d’aller méditer seule
près d’une fontaine qu’elle connaissait bien, située au milieu d’une clairière
et ombragée par un chêne et un pin. Elle sentait monter en elle une sorte de
langueur, comme si elle avait pris brusquement conscience qu’il lui manquait
quelque chose. Et pourtant, elle savait que rien ne lui manquait : elle
avait à sa disposition tout ce qui pouvait faire le bonheur d’une jeune fille, et
son père satisfaisait toujours le moindre de ses caprices. Durant son enfance, personne
n’avait jamais osé la contredire ou lui interdire quoi que ce fût, et Viviane
espérait bien qu’il en serait ainsi tout au long de sa vie. Elle arriva dans la
clairière où se trouvait la fontaine et, comme il faisait chaud, elle se pencha
sur l’eau pure et se rafraîchit le visage.
    C’est à ce moment que passa Merlin, sous l’apparence d’un
jeune homme à la mine avenante. Il aperçut la jeune fille au bord de la
fontaine. Elle avait un peigne d’argent magnifique avec des ornements d’or. Elle
se lavait dans un bassin d’argent, et il y avait quatre oiseaux d’or et de
pierres précieuses sur le bord du bassin. Elle était vêtue d’un beau manteau
brodé de pourpre claire, avec des broches d’argent et une épingle d’or sur la
poitrine. Une longue chemise avec un collier entourait son corps, en soie verte,
avec une bordure d’or rouge et des agrafes d’or et d’argent. Le soleil se
reflétait sur la verte chemise et jetait de splendides éclats. Elle avait deux
tresses de cheveux couleur d’or sur la tête et quatre fermoirs de chaque côté, et
une perle d’or au sommet de chaque tresse. Alors la fille dénoua ses cheveux
pour les laver et les prit à deux mains, les faisant retomber sur sa poitrine. Ses
mains étaient plus blanches que la neige d’une nuit et ses joues plus rouges qu’une
digitale. Elle avait une bouche fine et régulière avec des dents brillantes
comme des perles. Plus gris que jacinthe étaient ses yeux. Rouges et fines
étaient ses lèvres. Légères et douces étaient ses épaules ; tendres, doux
et blancs, ses bras. Ses doigts étaient longs, minces et blancs. Elle avait de
beaux ongles rouge pâle. Son flanc était féerique, plus blanc que neige et qu’écume
de mer. Ses cuisses étaient tendres et blanches, ses mollets étroits et vifs, ses
pieds fins à la peau blanche. Sains et riches étaient ses talons, et très blancs
et ronds ses genoux [63] .
    Merlin n’avait jamais vu une fille aussi belle, et il en fut
tout bouleversé dans son esprit. Mais il ne s’arrêta pas et poursuivit son
chemin, tandis que Viviane, qui l’avait remarqué, s’était retournée et le
regardait s’éloigner. Merlin était fort perplexe, car il connaissait l’avenir
et savait très bien que cette fille devait un jour l’écarter à tout jamais du
monde. Mais il ne pouvait chasser de son esprit l’image troublante qu’il avait
entrevue. Et il se disait en lui-même : « Il n’est pas encore temps, et
il faut d’abord que j’accomplisse ce qui doit être accompli. » Et, sans
plus s’attarder, il retourna à Carahaise, à la cour du roi Léodagan.
    Quand il arriva, les rois Ban de Bénoïc et Bohort de Gaunes
se disposaient à prendre congé de Léodagan, car ils voulaient retourner dans
leurs terres et y mettre tout en ordre avant de repartir rejoindre le roi
Arthur. Et ils demandèrent à Merlin de les accompagner, ce que le devin accepta
bien volontiers. Sans plus attendre, les deux rois se mirent en route, avec une
petite escorte

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