Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les compagnons de la branche rouge

Les compagnons de la branche rouge

Titel: Les compagnons de la branche rouge Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
fois, je me rendis
au nord et, quand les Ulates s’aperçurent de ma présence, ils m’entourèrent de
toutes parts en piaillant. Ton père survint alors et me lança un javelot. Celui-ci
ne m’atteignit pas, car je l’avais saisi au vol, et je le lançai à mon tour sur
ton père avec tant d’adresse qu’il lui trancha tout net la main. Vraiment, je
veux bien me battre avec un guerrier qui en vaut la peine, mais je ne vois pas
pourquoi je lutterais contre le fils d’un banal manchot ! »
    Angus n’insista pas. Il baissa la tête et revint s’asseoir à
sa place. Cêt agita ses armes au-dessus de sa tête et cria d’un ton farouche :
« Allons, hommes d’Ulster ! Avouez plutôt que vous ne tenez pas à m’affronter,
car vous savez trop que j’aurai le dessus. Laissez-moi donc découper ce cochon
et vous le partager. – Non ! s’écria un grand et beau guerrier d’Ulster en
se levant, il ne sera pas dit que tu découperas le premier ce cochon ! – Quel
est donc cet insolent ? demanda Cêt. – Éogan, fils de Durthacht, le roi de
Fermag, lui répondit-on. – Approche, dit Cêt. Je te connais. Je t’ai déjà vu. –
Et où donc m’as-tu déjà vu ? – Ce n’est pas difficile. Je me trouvais à la
porte de ta maison, et j’étais occupé à rassembler tes vaches pour les emmener.
Les gens d’Ulster hurlaient autour de moi. Quand tu les entendis, tu sortis
précipitamment, et tu me lanças un javelot qu’arrêta mon bouclier. Je m’emparai
de ce javelot et te le décochai de telle sorte qu’il te traversa la tête et te
fit sortir l’œil gauche de l’orbite. Depuis ce jour-là, les hommes d’Irlande t’appellent
Éogan le Borgne parce que tu n’as plus qu’un œil. Tu me dois d’avoir perdu l’autre. »
    Éogan ne dit plus un mot et revint s’asseoir à sa place.
    « Eh bien ! reprit Cêt, fils de Maga, qui dit
mieux que ces vantards ? »
    Munremur, fils de Gergend, se leva d’entre les Ulates et se
dirigea vers Cêt.
    « Es-tu bien Munremur ? demanda celui-ci. – Certes,
je le suis. Et c’est moi qui découperai le premier ce cochon. – Cela m’étonnerait,
dit Cêt, car, de nous deux, c’est moi qui ai le dernier nettoyé mon javelot
ruisselant de sang. Il n’y a pas trois jours que j’ai rapporté de ton pays les
têtes de trois guerriers, sans compter celle de ton fils aîné. »
    Munremur baissa tristement la tête et alla rejoindre sa
place parmi ses compagnons.
    « Qui veut lutter avec moi ? cria de nouveau Cêt
sans pouvoir dissimuler sa joie de voir les Ulates aussi gênés et mortifiés. – Moi !
dit Mend, fils de Salcholcan en se levant. Je réclame l’honneur de découper et
de partager le cochon. – Qui est-ce ? » demanda Cêt.
    On le lui dit, et il éclata de rire.
    « Comment ? s’écria-t-il, un fils de rustre lutter
contre moi ? On n’applique plus à son père que des sobriquets
désobligeants, et j’en suis la cause : c’est moi qui, de mon épée
tranchante, lui ai si joliment tailladé le talon qu’il en est devenu boiteux. Moi,
me battre avec un fils d’estropié ? Jamais… ! »
    Et Mend se rassit en silence. Alors se leva un grand
guerrier grisonnant et très laid.
    « Je lutterai contre toi, dit-il. Je suis Celtchar, fils
d’Uthecar, et nul d’entre mes ancêtres ne peut être qualifié de rustre ou d’estropié.
– Vraiment ? ricana Cêt. Tu es habile, mais en dissimulations. Ne te
souviens-tu pas, Celtchar, du jour où je parvins à la porte de ta maison ?
Une foule d’Ulates s’étaient rassemblés autour de moi, qui glapissaient comme
une bande de loups. Tu survins, toi aussi, et tu te mis à glapir plus fort que
les autres. Tu me poursuivis dans un ravin où je désirais te conduire et j’engageai
le combat contre toi. Tu me lanças un javelot qui ne m’atteignit point, parce
que tu es plus maladroit qu’un enfant. Mais, moi, je te lançai mon propre
javelot, et il te perça le haut de la cuisse et les bourses. Depuis lors, tu
caches à tout le monde que tu as une maladie de ce côté-là, parce qu’il n’est
pas convenable qu’un guerrier soit impuissant ou stérile. Mais, que je sache, tu
n’as, par la suite, jamais pu engendrer ni fils ni fille. »
    Après avoir essuyé ce discours de Cêt, Celtchar n’insista
pas. Il baissa la tête et reprit sa place sans dire un mot.
    « La lutte encore ! cria Cêt. – Tu l’auras ! répondit
un adolescent. – Qui est donc ce blanc-bec

Weitere Kostenlose Bücher