Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Conjurés De Pierre

Les Conjurés De Pierre

Titel: Les Conjurés De Pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Philipp Vandenberg
Vom Netzwerk:
osé le faire. Mais nous voilà maintenant dans une si mauvaise passe que je crois le moment venu.
    Afra se tourna sur le côté et dénoua les lacets de cuir qui entouraient l’objet.
    — Alors, qu’y a-t-il dans ce mystérieux étui ? demanda Ulrich impatient.
    — Un parchemin, mais il n’y a rien d’écrit dessus, répondit Afra, déçue.
    — Montre-moi cela !
    Le parchemin grisâtre, plié en deux, dégageait une odeur particulière mais pas désagréable. Lorsqu’Ulrich le déplia précautionneusement et le retourna, il resta perplexe.
    — Rien, le parchemin est vierge, s’étonna Afra à son tour.
    Ulrich porta le parchemin à la hauteur de la chandelle pour le regarder en transparence :
    — Oui, complètement vierge ! répéta-t-il en laissant retomber ses mains.
    — Il se peut que ce parchemin soit très ancien, l’écriture aura passé, fit Afra, confuse.
    — C’est sans doute possible. Mais si c’était le cas, ton père lui-même n’aurait pu le lire.
    — Je n’y avais pas songé. Il doit s’agir d’autre chose.
    Ulrich replia le parchemin soigneusement et le tendit à Afra avec un air songeur.
    — On prétend que les alchimistes emploient une encre particulière, qui disparaît comme la neige fond au soleil dès qu’ils l’utilisent et qu’ils se servent ensuite d’une solution miracle pour la faire réapparaître.
    — Tu penses que ce parchemin recèlerait un écrit qu’on aurait voulu ainsi dissimuler ?
    — Qui peut l’affirmer ? En tout cas, l’allusion à son contenu redoutable et au danger qu’il représenterait s’il venait à tomber dans des mains indésirables porte à le croire.
    — Je suis bien curieuse de savoir. Mais où trouver un alchimiste qui puisse nous venir en aide ?
    Maître Ulrich se mordillait les lèvres en réfléchissant :
    — Il y a déjà longtemps, un alchimiste nommé Rubaldus, un ancien dominicain, enfin un moine comme la plupart des alchimistes, m’a proposé ses services. Il m’a expliqué dans un langage imagé et énigmatique les affinités entre les métaux et les planètes, et surtout l’influence de la lune que l’on ne doit en aucun cas négliger dans la construction d’une cathédrale. Ainsi la clé de voûte devrait-elle, si on veut qu’elle résiste aux assauts des siècles, n’être posée qu’à la pleine lune. Enfin, c’est ce qu’il prétendait.
    — Et, tu as suivi ses conseils ?
    — Non, évidemment. J’ai fait poser la pierre au moment où l’avancement des travaux le permettait. Je ne regarde pas le ciel la nuit quand je m’apprête à poser la dernière pierre d’une voûte. Je crois que Rubaldus m’en a voulu de l’avoir jadis évincé. Il escomptait bien retirer des profits considérables de la construction. D’après ce que j’ai entendu dire, il vit désormais sur l’autre rive du fleuve et travaille en secret aux intérêts de l’évêque d’Augsbourg. L’alchimie n’est pas une science très lucrative.
    — Et pas une science très orthodoxe. L’église ne la condamne-t-elle pas ?
    — Officiellement oui, mais chaque évêque, tout en gardant ses distances, prend soin, en secret, de son alchimiste dans l’espoir qu’il parvienne un jour peut-être à transformer le fer en or ou à découvrir un sérum de vérité. Certains, même un pape pour ne pas le nommer, lisent plus de traités d’alchimie que de théologie.
    — Nous devons rendre visite à ce maître Rubaldus. Mon père était un homme intelligent. S’il a dit que l’étui ne devait être ouvert qu’en cas d’extrême détresse, lorsque je ne verrai plus d’autre solution pour m’en sortir, il savait ce qu’il disait. Je t’en prie.
    Ulrich la regarda, interdit.
    — À quoi pourrait bien nous servir un morceau de parchemin vierge ? N’est-il pas risqué d’aller voir un alchimiste alors même que tu es accusée de sorcellerie ? objecta Ulrich.
    Mais il finit par céder en voyant le regard suppliant d’Afra.
    Le lendemain matin, aux premières lueurs de l’aube, ils franchirent le fleuve sur une barque, tout près de l’endroit où la Blau se jette dans le Danube. Le passeur, encore endormi, ébloui par le soleil du matin, clignait des yeux. Son mutisme convenait parfaitement à Afra et Ulrich qui, l’un comme l’autre, étaient préoccupés.
    La maison de l’alchimiste était située un peu à l’écart sur une petite colline. Cette situation permettait de voir arriver les

Weitere Kostenlose Bücher