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Les contrebandiers de l'ombre

Les contrebandiers de l'ombre

Titel: Les contrebandiers de l'ombre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Laurie McBain
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m'sieur Kirby ? s'écria Conny, un sanglot dans la voix.
    — Bien sûr, mon garçon, le rassura Kirby.
    L'état du capitaine l'inquiétait beaucoup plus. Il n'y avait rien d'autre à faire que de le porter dans la voiture, et de là à Camareigh. Evidemment, ce n'était pas de cette manière que le capitaine avait envisagé de faire son entrée, pensa Kirby en se grattant le cuir chevelu. Il soupira. Toujours des complications. Enfin... Au moins, comme ça, ils passeraient les portes sans encombre. Même le duc ne refuserait pas son assistance à un blessé.
    — Tu l'as tué ! hurla Conny Brady, en saisissant Robin par le ruban de sa cravate. Je te ferai payer ça, trouillard, lâche, corniaud ! Et lady Rhea aime le capitaine ! Et elle te détestera, ça, c'est sûr !
    — J’l’ai pas tué ! Elle ne me détestera pas !
    Robin comprit que ce garçon décharné et sans manières était le fameux Conny dont Rhea avait tant parlé. Il essaya de se dégager mais son adversaire avait une bonne prise, qu'il ne semblait pas vouloir lâcher. Serrant les dents, Robin lui envoya un coup de pied dans le tibia.
    Mais passé la surprise et la douleur, Conny, qui en avait vu d'autres, fit basculer le jeune lord dans la poussière et plongea sur lui de tout son poids.
    Kirby observa la scène avec amusement : on aurait dit deux chats sauvages se disputant un territoire. Ils n'étaient plus que nuage de sable, bras, jambes, coups de poing, cheveux hirsutes. L'autre gamin essaya vainement de les séparer. Il ne reçut que des coups de pied et tomba, le derrière en plein milieu d'une flaque de boue. Il resta là, interdit.

    Le cocher,, descendu de son poste, s'approcha du théâtre des opérations avec une mine réjouie: les deux gosses étaient gonflés à bloc, de même âge et de même taille. Cela pouvait être intéressant !
    — Si vous voulez bien m'accorder un instant, on pourrait mettre le patron dans la voiture, suggéra Kirby sans trop de politesse. Attention, il faut le déplacer avec prudence.
    Le cocher hilare accepta finalement de se laisser distraire. Tirant et poussant, leur concentration fut tout de suite détournée par l'approche d'un cavalier lancé au trot, venant de la grande maison. Kirby leva la tête avec l'idée de lui demander de l'aide, mais il n'osa rien formuler en voyant la longue balafre qui parcourait le visage du nouveau venu.
    Comment pouvait-il défendre le capitaine dans cette situation ? Il fut surpris de voir le duc sauter de cheval et prendre la main du capitaine, comme s'il venait de reconnaître un ami très cher.
    — Que s'est-il passé ? demanda le duc en aidant le steward et le cocher à installer Dante Leighton dans le carrosse.
    Kirby resta muet. Que dire ? De longs et délicats éclaircissements n'étaient pas vraiment nécessaires. Le duc vit les deux combattants en train de s'échiner, et James, debout et désemparé, image même de l'impuissance.
    — James !
    La voix du duc parvint à franchir l'abîme d'abrutissement dans lequel le jeune Fletcher s'était englouti. Le gamin vit en lord Dominick le messager d'un désastre plus grand encore. Une main de fer empoigna chacun des rivaux hors d'haleine, échevelés, et le calme revint promptement quand ils virent le regard menaçant du duc.
    Celui-ci reconnut les yeux de son fils et en déduisit que l'autre ne pouvait être que Constantine Magnus Tyrone Brady.
    — J'attends des explications de vous deux dans mon bureau. Vous, ordonna le duc, s'adressant à Conny, montez dans le carrosse avec M. Kirby et votre capitaine. Vous, Robin, montez sur votre cheval, qui divague par là, et retournez à Camareigh pour vous rhabiller. Dans mon bureau dans dix minutes ! Et vous, James ! commanda-t-il en se retournant vers le gamin qui commençait à s'éloigner prudemment, je serais désireux d'écouter ce que vous avez à dire, sur le chemin du retour, immédiatement !

    Dante Leighton fut réveillé par une douleur lancinante à la tempe. Gémissant légèrement, il leva la main vers celle-ci et sentit avec surprise un bandage de gaze enroulé autour de son front. Ouvrant un œil vague, il constata qu'il n'était plus sur la route mais dans un lit très confortable. La lumière avait été masquée par des rideaux italiens de soie verte doublés. Un feu crépitant brûlait, dans une cheminée ouvragée près de laquelle se tenait une femme qu'il n'avait jamais rencontrée auparavant et qui semblait dormir, confortablement installée dans

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