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Les Décombres

Les Décombres

Titel: Les Décombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lucien Rebatet
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d’Allemagne, apportées dans la pacotille des juifs [youtres] émigrés, avec la fameuse formule « Pain, paix, liberté » qu’il n’y avait eu qu’à traduire, avec le hideux poing fermé enfin. Les cortèges de la Bastille défilaient selon les mêmes rites que ceux de la place Rouge à Moscou, avec les mêmes accessoires, banderoles, ballonnets, pancartes barbouillées de symboles prolétaires, photos de chefs bolcheviks dans un format gigantesque, trimballées comme des icônes. Quand le gouvernement de la France tenait ses assises devant le peuple, à Luna-Park ou ailleurs, c’était sous les portraits de Karl Marx et de Liebknecht.
    Quelques zozos avaient fait l’honneur à nos misérables laquais communistes de leur propagande électorale, en effet saisissante. Mais tout était fourni par le Kremlin, depuis les photos-montage jusqu’au slogan génial des Deux Cents Familles, les Juifs servant de colporteurs.
    Comme si l’apologue n’avait pas encore été assez complet, l’Espagne étalait le tragique spectacle d’un pays qui avait trop longtemps, lui aussi, toléré ces barbaries étrangères, et montrait la voie militaire et sanglante du salut. Nos ministres en avaient aussitôt profité pour achever de se dépeindre, prenant passionnément le parti d’une lie d’assassins voués à une perte inévitable, aggravant et prolongeant le carnage, eux les pacifistes, les antimilitaristes, les humanitaires, par leur trafic ignoble de mercenaires et de canons.
    * * *
    Cependant, ce n’était point encore assez pour arracher la bourgeoisie française à son sommeil de marmotte. Au premier jour du ministère Blum, on avait pu voir la quasi-totalité de sa presse acceptant, avec un soupir sans doute, mais si timide ! « l’expérience » qui venait. Même chez de plus hardis, toute allusion à la juiverie de Blum demeurait proscrite, inconvenante. L’armée considérait que l’action politique n’était toujours pas prévue au règlement. Elle se déclarait d’ailleurs fort satisfaite, puisqu’on lui laissait M. Daladier et qu’on lui votait sans sourciller de somptueux fantômes de crédits. La catholicité, admirant que Jean Zay n’eût pas encore fait brûler les écoles libres et organiser l’éducation sexuelle des petites filles par des exhibitionnistes du ghetto, exécutait devant les pitres et les gredins du pouvoir ces exercices de plate échine auxquels elle était rompue depuis si longtemps. L’ Aube pouvait écrire, au mois d’avril 1937, en pleine déliquescence de la blumerie : « Ce gouvernement que l’on hait est pourtant le représentant de l’autorité consacrée par Dieu. » Ce n’était point le paradoxe d’un méprisable petit torchon, mais la pensée fidèlement exprimée du plus haut prélat français, le cardinal Verdier, ce vieux maquignon d’Auvergne, qui dès le printemps 36 avait reconnu aux Homais et aux Judas du ministère tous les apanages du droit divin.
    La farce énorme de la main tendue des communistes avait trouvé chez les catholiques militants et chez les ministres de l’Église non seulement des complices, mais des crédules fervents. Jacques Maritain, coupant des poils de rabbin en quatre au nom du Sacré Cœur, mobilisait toute la théologie et toute la métaphysique pour innocenter Israël, voire pour nous le proposer en modèle. Ce thomisme de synagogue avait, comme tant d’autres choses qui semblent planer dans une noble spiritualité, la plus triviale des explications : le partage du lit et du bidet, le conjungo de notre philosophe avec la juive Raïssa. [J’avais rappelé ce petit détail dans un de mes articles, et qualifié Maritain, comme il convenait, de souilleur de la race, Rassenschander. Quelques jours plus tard, dans une feuille soi-disant nationale, un dévot tricolore me répondait en s’étranglant d’horreur et en stigmatisant mon paganisme hitlérien.]
    Les bien-pensants, qui sont en règle avec leur conscience quand ils ont donné pour Noël une vieille culotte au plus minable de leurs esclaves, s’étaient laissé choper par la bande Blum la seule réforme vraiment humaine et logique, celle des congés payés, inconcevable évidemment à leur routine et leur sordidité. C’était à qui maintenant singerait le plus platement les démagogues et ferait le plus solennellement savoir l’intérêt passionné qu’il portait à la « classe prolétarienne ». Rien sans doute ne m’a davantage irrité que cette

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