Les Décombres
impuissants à l’exploiter qu’à le défendre, la Nouvelle-Zélande, l’Inde ne valent guère mieux. L’Amérique se jette sur les dépouilles que les Nippons ne peuvent atteindre. La vieille Albion se trouve dès maintenant réduite à l’état d’île maigre, brumeuse et charbonneuse.
Les États-Unis font la blague de l’Angleterre. Ce sont des gamins obtus qui singent l’aïeule tombée en enfance. J’ai trop aimé les films des Américains, leurs chansons, leurs livres, leurs garçons et leurs filles, je sais trop bien tout ce que leur exubérante jeunesse apportera de neuf au monde pour ne pas souffrir souvent d’être coupés d’eux. Mais c’est là-bas aujourd’hui l’énorme charge de la démocratie, avec la niaiserie de l’âge ingrat, nos tares à l’échelle des gratte-ciels, dix fois plus de Juifs, cent fois plus de faisans, l’impéritie et l’imprévoyance aussi démesurées que les plaines du Far-West, la guerre à coups de confettis et de grosses caisses portées par des girls avec des plumets de colonels nègres. Un général yankee vaut-il un « gefreiter {24} » allemand ? La question mériterait d’être débattue, et le « gefreiter » aurait des partisans sérieux. La fameuse marine américaine n’a brillé que pour des parades puériles sur l’écran. Tandis que les Allemands, après deux années de foudroyantes conquêtes, serrent leurs rangs pour l’assaut gigantesque qui demain sera déclenché, les Américains combinent de grandes manœuvres dans le Colorado. Les Allemands bouclent leurs ceinturons pour la semaine qui va venir. Les Américains seront équipés pour 1945. Je crois qu’ils feront bien d’arrêter la guerre avant. Ils seront fin prêts pour gagner et reconquérir le monde quand il ne leur restera plus d’autre champ de bataille que le Pont de Brooklyn et la Cinquième Avenue.
Ce sont toujours, cependant, les Allemands qui passent pour lents et lourds…
Les Américains, du moins, en devenant belligérants, se sont mis dans une bonne posture pour ramasser les dépouilles des Britanniques. Mais leurs provocations et celles des Anglais contre les Japonais, ces défis multipliés à un adversaire qui va vous étendre de sa première pichenette, passent toutes les bornes connues de la bêtise humaine, bien que notre siècle les eût fort reculées jusqu’ici. L’équipée de septembre 1939 en deviendrait presque intelligente.
On ne songe pas assez que l’Angleterre a perdu la face et ce qui lui restait de raison, au point de mettre ses troupes dans toute une partie de son empire, sous le commandement d’un brigand chinois, le camarade Tchang-Kaï-Chek.
C’est ici que je commence à sentir une haine assez vive colorer ce que je pense de Londres et de Washington. Français, je n’ai pas à m’emporter contre les chefs anglais pour le coup de septembre 1939. Nous étions libres de ne pas les suivre. Mais Blanc, Européen surtout, je déteste les chefs anglais et américains. Nuls et sordides, ils n’ont pas été capables de tenir en Orient leur place de civilisés, ils l’ont abandonnée au Japonais. Ils n’ont pas reculé devant une alliance inexpiable avec le bolchevisme. Toujours ignares et bornés, ils se figurent que leurs pays pourraient échapper à la contagion rouge. Mais ils savent que la victoire des armées staliniennes ferait régner la canaille et la juiverie marxistes sur toute l’Europe continentale. Ils l’ont admis sereinement, parce qu’il ne saurait y avoir de revanche pour leurs chers juifs qu’à ce prix. Ils ont même paraphé de leur plume notre cession au tyran.
Le monde entier, de la Tasmanie au Pôle Nord, nous donne le spectacle d’un gigantesque déménagement. Je n’en suis pas autrement affligé, parce que tout était sens dessus dessous dans ce monde, et qu’un homme raisonnable n’arrivait plus à s’y souffrir.
Je souhaite très fort que ce déménagement puisse être poursuivi jusqu’au bout, de fond en comble, c’est-à-dire que les deux plus grands empires, l’anglais et le russe, soient entièrement disloqués et changent de main, puisqu’ils ont été indignes de leur puissance et qu’ils en ont fait un danger pour la planète. Il le faut pour que nous puissions revoir un univers non point parfait, mais un peu plus logique que celui qui s’en va devant nous par lambeaux.
Il devrait être à la portée de tous les Français d’enchaîner les quelques idées très simples que
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