Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Les disparus

Titel: Les disparus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Mendelsohn
Vom Netzwerk:
début de 1946.
    C'est là, a dit Adam, que tous ont parlé de ce qui était
arrivé aux gens qu'ils avaient connus, échangeant les histoires qu'ils avaient
entendues, et c'est à ce moment-là qu'il a entendu pour la première fois
l'histoire de Frydka, de Shmiel et de Ciszko. Avec un sourire gêné, il a ajouté
qu'il ne se souvenait plus de la personne qui la lui avait racontée pour la
première fois.
    Mais Meg Grossbard était présente à cette réunion, a-t-il
dit.
    J'ai dit à Alena, Dites-lui que Meg refuse de raconter
l'histoire.
    Alena m'a jeté un regard troublé et a dit, Elle ne s'en
souvient pas ?
    Je lui ai expliqué ce qui s'était passé avec Meg, comment
elle avait refusé d'en parler en Australie.
    Je lui ai raconté ce qui s'était passé plus récemment
encore, le mois dernier seulement, deux semaines après mon retour d'Israël...
     
    Le téléphone avait sonné
tard, un soir, dans mon appartement de New York : c'était Meg. La connexion
n'était pas très bonne, mais j'avais quand même pu sentir la tension dans sa
voix.
    Il faut que je prenne la défense de Frydka, m'avait-elle
annoncé après que nous nous étions dit bonjour. Il n'y a plus personne pour la
défendre.
    J'avais immédiatement compris ce qui se passait. D'une façon
ou d'une autre, elle avait su que j'avais entendu l'histoire de Frydka
enceinte.
    Ce ne sont que des histoires, avait dit Meg. Personne n'en a
la preuve. N'écrivez que sur les faits.
    Je lui avais répondu que, moi aussi, je ne m'intéressais
qu'aux faits, que nous avions commencé cette longue série de voyages uniquement
parce que nous voulions découvrir les faits. Mais j'avais dit que, en raison de
ce que nous avions entendu au cours de nos voyages, j'avais commencé à
m'intéresser énormément aux histoires, à la façon dont ces histoires se
multipliaient et donnaient naissance à d'autres histoires, et que même si ces
histoires n'étaient pas vraies, elles restaient intéressantes en raison de ce
qu'elles révélaient des gens qui les racontaient. Ce qu'elles révélaient des
gens qui les racontaient, avais-je dit, faisait aussi partie des faits, des
documents historiques.
    J'avais dit, Certaines histoires ne sont pas toute
l'histoire.
    Meg avait répliqué, Et qu'est-ce qu'il y a derrière ces
histoires ? Je peux vous raconter des tas d'histoires de ce qu'il y a derrière
ces histoires. Il y a des rancunes personnelles. Si quelqu'un n'aimait pas
votre famille, il se mettait à raconter des histoires.
    C'était comme si elle avait lu mes pensées, qui n'avaient
rien à voir, à ce moment-là, avec l'information qu'elle prétendait trouver
scandaleuse : le fait que Frydka avait été enceinte de l'enfant de Ciszko.
Mais, bien évidemment, je n'avais rien dit.
    Elle avait dit, Et comment savaient-ils qu'elle était
enceinte ? Qui l'a vue ? Qui l'a vue ? Si quelqu'un savait, c'était elle, et
Ciszko aussi, et c'était tout.
    Dans l'appartement d'Anna Heller Stern, Shlomo m'avait parlé
de l'histoire d'un homme qu'il avait connu, originaire d'une autre ville et
membre de la police juive dans cette ville. Il ne s'était pas bien comporté
(avait dit Shlomo), mais il avait recommencé sa vie et s'était engagé dans
l'armée polonaise. Apparemment, pendant la période où cet ancien de la police
juive s'était caché, après avoir quitté la police juive, s'être enfui de cette
ville pour sauver sa peau, il avait écrit un récit de tout ce qu'il avait vu.
    Il a écrit ça pendant qu'il se cachait dans une cave, avait
dit Shlomo. Des mots très, très forts ! Très. Il ne parle que des choses
qu'il a vues, des choses qu'ils ont vues et que personne d'autre n'a vues, que
personne d'autre n'a été en mesure de voir. Il a décrit des choses qui étaient
horribles.
    J'avais pensé à ça et j'avais envie de dire à Meg qu'un
membre de la police juive pouvait avoir vu Frydka enceinte, le jour où elle
avait été arrachée de sa cachette dans la maison du professeur de dessin, Mme
Szedlak (ou Szedlakowa, comme avait dit Adam). Mais, bien entendu, je ne
pouvais pas évoquer le sujet de la police juive. Je n'avais donc rien dit.
    Meg avait dit, Quand les gens parlent, cela reste oral. Mais
quand on voit le mot écrit, c'est différent.
    J'avais répondu, Je sais.
     
     
    ... Donc Meg N'était pas
prête à partager cette histoire, disais-je à présent à Alena avec un sourire
narquois, alors que nous étions assis dans sa salle à manger à Copenhague.
    Matt a

Weitere Kostenlose Bücher