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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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C’est comme ça, Ovila. Qu’est-ce que tu veux que je te dise. Lazare est mort. A matin.»
    La querelle entre Émilie et Ovila se noya dans leur océan d’horreur et de chagrin. Dosithée pressa Ovila de faire son bagage.
    «On va partir tout de suite après les funérailles», avait- il dit de son ton coupant qui ne trompait personne quant à la profondeur de sa blessure. «Organise-toi pour être prêt. »
    Émilie prépara la valise d’Ovila pendant qu’il veillait au corps. Elle ne put être avec lui aussi souvent qu’elle l’aurait voulu, Rose ayant eu un nouvel accès de fièvre.
    Ovila et ses frères portèrent Lazare en terre pendant que Félicité, affaissée, baignait le manteau de la petite Rose de ses larmes.
    «Donnez-la-moi, madame Pronovost. A la longue, un bébé ça vous pèse sur les bras. »
    Félicité avait regardé Emilie et lui avait lait comprendre qu’elle voulait garder Rose dans ses bras.
    «C’est vrai que ça pèse. Mais même quand un enfant cesse d’être bébé, ça pèse encore, pis toujours. D’une autre manière...Ça fait que laisse-moi Rose. Ça me donne l’impression que je me tiens après la vie.»
    Émilie et Félicité regardèrent leurs hommes partir pour le lac, dès qu’ils furent changés. Dosithée ne voulait pas prendre un seul instant à regarder le vide qui venait de naître, encore une fois, dans sa maison. Émilie retourna chez elle et, après avoir couché Rose que le changement de routine avait rendue maussade, s’assit à la table de la cuisine et écrivit une longue lettre à Berthe. Elle avait reporté cet instant depuis son retour de Montréal, ne sachant comment lui parler de ce qu’elle avait ressenti en sa présence. Incapable aussi de reprendre le ton désinvolte qu’elle avait toujours eu dans presque toutes ses lettres. Berthe était maintenant tellement loin d’elle. En fait, se demandait-elle, Berthe était-elle toujours là?
    Émilie, de sa fenêtre, regarda passer un automne faiblard qui n’offrit aucune résistance à la prise de l’hiver. Elle s’occupa, consacrant tout son temps à Rose, au cardage, au tissage et à la couture. Elle entreprit de faire une robe de Noël pour Rose, dont la croissance avait rapetissé sa belle robe blanche. Sa belle-sœur Rosée fut terrassée par une vilaine grippe alors même qu’elle remplaçait l’institutrice, alitée elle aussi. On demanda à Émilie si elle ne pouvait pas revenir sur sa décision. Elle accepta, Éva lui ayant promis de veiller sur Rose. Émilie, une fanfare au cœur, se retrouva donc à son pupitre, craie à la main. Elle regarda longuement les élèves, souriant à ceux qu’elle connaissait et encore plus à ceux qu’elle ne connaissait pas. Leurs traits lui indiquaient leurs noms de famille. Elle leur parla de leurs aînés qu’elle avait bien connus. Seul un jeune Crête, un élève de deuxième année qu’elle n’avait pas encore rencontré, lui faisait la moue.
    «Tu dois être le plus jeune de la famille, toi.
    —        Ouais... » Un petit «ouais» sec comme le craquement d’une branche. Émilie haussa les épaules. Même après sept ans, semblait-il, les Crête parlaient encore de sa prise de bec avec leur aîné.
    L’institutrice fît savoir aux commissaires qu’elle ne pourrait être de retour avant les Fêtes. Rosée, remise de sa grippe, demanda à Émilie si elle accepterait de continuer pour les deux semaines qui restaient. Sa mère avait besoin de son aide. Émilie n’eut pas le courage de refuser. Le fait de se retrouver en classe tous les matins lui faisait oublier l’ennui qui lui collait au cœur. Elle se sentait aussi plus proche d’Ovila. Quand elle soupirait son absence, elle pouvait regarder le pupitre qu’il avait occupé pendant si longtemps et se réfugier dans ses rêveries d’adolescente. Et le peu d’argent qu’elle toucherait lui permettrait d’acheter pour son homme une petite surprise pour le Jour de l’An.
    Ovila rentra le soir de son anniversaire. Émilie allait se mettre au lit, seule avec ses vingt-trois ans, quand il ouvrit la porte. Il le fît si brusquement qu’Émilie pensa qu’elle était mal fermée et que le vent venait de s’en emparer. Elle se releva et se dirigea vers la cuisine pour enrayer la bise qui, elle le crut, devait déjà commencer à lécher le plancher.
    «J’ai bien pensé, ma belle brume, que si je faisais claquer la porte deux pis trois fois, tu te lèverais pour voir ce qui se

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