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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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passe.»
    Ovila! Elle se précipita dans ses bras, ne trouvant rien à dire pour exprimer sa joie. Ovila l’accueillit chaudement malgré le froid qui transpirait de son manteau.
    «Bonne fête, mam’selle Bordeleau», fit-il quand elle eut relâché son étreinte. Il mit un doigt sur ses lèvres, enleva toutes ses pelures et, sur la pointe des pieds, se dirigea vers la chambre de sa fille. Emilie le suivit. Il demeura un long moment à regarder le sommeil paisible de Rose, le sourire aux lèvres et l’œil en émoi chaque fois qu’un rêve la faisait bouger un peu. Ils revinrent à la cuisine.
    «Prendrais-tu un bon thé chaud?
    —        Seulement si tu en prends un aussi. » Il la regarda l’air taquin et heureux avant d’ajouter que le thé l’empêchait toujours de dormir. Emilie posa deux tasses sur la table et y versa de généreuses portions de thé.
    «Avant qu’on passe aux choses sérieuses, ma belle brume, j’ai un p’tit quelque chose à te donner. C’est pas pour rien que je suis arrivé le soir de ta fête. Je voulais que tu voies ce que j’ai pour toi. Pis, comme tu le sais, je suis jamais capable d’attendre quand j’ai une surprise.
    —        Encore une surprise? Juste le fait d’être ici, ça me fait un beau cadeau», dit-elle à la fois émue et intriguée.
    Ovila, fidèle à ses habitudes, l’obligea à fermer les yeux et à patienter, le temps qu’il prépare le tout. Emilie, fidèle à ses habitudes aussi, se plia au jeu. Elle entendit un bruit de froissement de papier. Du gros papier, pensa-t-elle, pas du papier fin. Elle entendit ensuite Ovila bourdonner autour des chaises et de la table. Entre deux déplacements, il venait l’embrasser sur le front ou sur une joue ou dans les cheveux ou à la naissance de la nuque. Elle riait, ne réussissant jamais à lui rendre la pareille. Il vint enfin se placer derrière elle, lui demandant de garder les yeux fermés pendant qu’il la dirigeait. Il lui couvrit les yeux de ses mains maintenant réchauffées et l’aida à se lever.
    «Ta-dam! fit-il en laissant tomber les mains.
    —        Oh!»
    Sur les dossiers et les sièges des chaises, sur la table, partout, il avait étendu des peaux de castor. De belles peaux, bien fournies et bien luisantes.
    «Pas plus tard que demain, j’vas aller au village trouver la personne chanceuse qui va avoir le plaisir de faire le plus beau manteau de castor du village. Pis pas n’importe quel castor! Du castor que j’ai trappé moi-même!»
    Emilie toucha à chacune des peaux, les flattant tantôt à rebrousse-poil pour en palper l’épaisseur, tantôt dans le sens du poil pour en sentir la douceur. Ovila avait certainement pensé à son chapeau et à son manchon. Quel ensemble elle aurait maintenant. Le froid pouvait toujours essayer de frapper à la porte de sa peau, elle serait définitivement à l’abri de ses assauts.
    Ils bercèrent leurs retrouvailles jusqu’au réveil de Rose qu’Ovila, dès son premier gargouillement du matin ; s’empressa d’aller chercher pour la coucher avec eux. Émilie, pour que la chose fût possible, dut la langer. Ils s’amusèrent avec la petite jusqu’à ce qu’elle cesse de sourire et réclame son petit déjeuner. Émilie, les yeux bouffis d’amour et de manque de sommeil, s’affaira à préparer un plantureux repas. Ils mangèrent tous les trois de bon appétit: Rose sa purée de fécule; Émilie et Ovila, des œufs.
    «Je pense que la p’tite me reconnaît.
    —        Je pense aussi. De ce temps-là, elle est pas mal sauvage, pis là elle a pas l’air effarouchée du tout. »
    Ovila consacra tous ses moments libres à faire un traîneau pour sa fille, ne s’arrêtant que pour fêter Noël. Il voulait que le traîneau soit prêt pour le Jour de l’An. Il avait quand même pris le temps d’aller porter ses peaux avec Émilie qui, elle, avait apporté un modèle de manteau qu’elle avait découpé dans un journal. Ils allèrent voir monsieur Tourigny. Il leur dit qu’il n’avait plus l’habitude de s’attaquer à un si gros travail, préférant maintenant faire des chaussures et des bottes. Il leur conseilla de demander à Marchildon.
    «Pis inquiétez-vous pas si Marchildon a trop de travail. Il y a assez de monde qui travaille le cuir ici à Saint-Tite, qu’on peut pas faire autrement que de trouver quelqu’un qui va faire la fourrure. Après tout, c’est rien que du cuir poilu.»
    Les Marchildon

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