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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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thé avant de partir pour le p’tit Canada? J’aimerais ça qu’on mange en tête-à-tête comme des amoureux avant que ta sœur arrive.»
    Ovila fit du thé et des rôties pendant qu’Emilie s’amusait avec Marie-Ange sur ses genoux. Rose s’était rendormie ce qui leur donna quelques minutes de répit. Ovila servit sa femme comme un garçon de table, un torchon à vaisselle bien plié sur le bras, le geste éloquent et un sourire figé aux lèvres. Emilie éclata de rire, imitée par Marie-Ange. «Tu es quasiment aussi bon que les garçons du Windsor.
    —        J’ai de l’avenir comme serveur tu penses?
    —        Non, tu es un peu trop grand.
    —        Ça a rien à voir...
    —        Je le sais.»
    Le mois d’octobre fut accueilli par une Emilie boursouflée mais heureuse. Ovila avait terminé son engagement avec la municipalité pour la construction de l’aqueduc et il restait à la maison pour aider Eva qui commençait à peiner dans son rôle de mère. Rose avait cessé d’exercer ses talents de peintre sur les murs et Marie-Ange trottait avec assurance. Émilie écrivit à sa mère, lui disant déjà qu’elle ne croyait pas se rendre à Saint-Stanislas pour les F êtes, ce qui fit répondre à Célina qu’elle s’inquiétait à son sujet. Émilie la rassura sur son état de santé. Elle ajouta que sous peu, elle serait probablement en mesure de lui annoncer qu’elle avait enfin un petit-fils.
    Le petit-fils naquit le huit octobre et fut baptisé... Louisa! Ovila se réjouit, malgré tout, de l’arrivée d’une troisième fille. Émilie, elle, en fut quelque peu mortifiée. Il lui faudrait se hâter de donner un fils à son mari. Elle le ruinerait par tant de coffres de cèdre!
    Louisa était insomniaque, pleureuse et agitée. Émilie passa de longues nuits dans la cuisine à la bercer pour permettre à Ovila de prendre un peu de sommeil. Ce fut en vain. Ovila était de plus en plus fatigué. Émilie considérait que sa fatigue à elle était normale, mais qu’un homme avait droit au sommeil. Aussi, est-ce le plus sérieusement du monde qu’elle lui demanda s’il n’avait pas envie d’aller au lac Pierre-Paul ou ailleurs jusqu’aux Fêtes.
    «Es-tu folle? Penses-tu que j’vas te laisser ici avec trois p’tits aux couches?
    —        Il me semble justement que la maison est tellement pleine de bébés que ça te ferait du bien de te retrouver rien qu’avec des hommes.
    —        Pas question! Je veux pas être avec des hommes. Je veux être avec toi. Les chantiers, Emilie, c’est fini.
    —        Penses-y. J’ai l’impression que ça serait une bonne affaire. Pis quand tu vas revenir aux Fêtes, ça va déjà être pas mal mieux. Louisa va avoir deux mois et demi, Rose trois ans et demi, pis Marie-Ange quinze mois. Ça va être pas mal plus facile.»
    Ovila s’était entêté à ne pas partir mais Émilie l’y obligea presque. Elle ne savait pas ce qui l’avait poussée à agir ainsi. Peu de temps avant, elle aurait fait la tête s’il avait parlé de s’absenter. Mais les choses étaient différentes. Elle voulait se refaire une taille et une beauté et pour ce, elle voulait prendre le temps de se reposer. Dormir sur ses deux oreilles, sans craindre qu’un enfant n’éveille Ovila. Être seule pour quelque temps. Consacrer toutes ses journées à ses enfants sans avoir le sentiment de négliger son homme. Il y avait bien assez de la nature qui la forçait à le faire la nuit. Elle avait mal de penser à son absence, mais tout à coup, elle avait envie de l’attendre. Elle avait envie de longues soirées soupirées en regardant par la fenêtre. Elle avait surtout envie de le retrouver dans deux mois, de l’accueillir et de pouvoir lui ouvrir les bras.
    Ovila avait accepté à regret de s’éloigner. Il avait le sentiment aigu qu’elle le repoussait sans qu’il en connaisse les raisons. Dès qu’il fut dans le bois il comprit, à son grand étonnement, qu’il respirait mieux. Il soupira en pensant à Émilie, se disant qu’elle le devinait tellement facilement. Il passa ses journées à bûcher son attente, partagé entre son bien-être et son besoin d’Émilie.
    Comme Ovila le lui avait prédit, l’hiver commença sans pitié. Emilie regardait la neige qui leur tombait sur la tête comme le sucre en poudre sur les beignes qu’elle avait cuisinés pour le réveillon. Plus que deux semaines et Ovila serait de

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