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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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transformerait en rideau. Les hommes revinrent le lendemain, même si c’était un dimanche, pour poser la porte et les gonds et chauler le tout. Emilie les remercia chaleureusement et consacra le reste de sa journée à coudre un rideau blanc sur lequel elle broda toutes les lettres de l’alphabet.
    Le lendemain matin, elle ne put surprendre Charlotte, qui était encore une fois absente. Elle le demeura pendant deux semaines. Elle revint finalement, pâle, tirée et inquiète d’avoir accumulé un retard presque impossible à rattraper. Emilie l’invita à rester après la classe. Les parents de Charlotte vinrent la trouver pour discuter d’un dédommagement financier. Emilie ne voulut rien accepter. Charlotte passa donc une heure par jour à essayer d’apprendre ce qu’elle devait savoir pour les examens de fin d’année. Émilie et elle développèrent une relation peu commune, Émilie y trouvant son rôle de grande sœur, Charlotte découvrant celui de protégée. Les sept ans de Charlotte étaient imprégnés d’une maturité particulière. Depuis la crise d’épilepsie de Lazare, elle s’était transformée en bon ange, celui qui veille constamment sur tous ceux qui ont un petit malaise. Elle avait confié à Émilie qu’elle trouvait Lazare de son goût et que si celui-ci la trouvait aussi à son goût, elle le marierait quand elle serait grande. Malgré tout son sérieux, Charlotte était une ricaneuse qu’Émilie aimait entendre rire. Entre les minutes de travail intense, elles prenaient le temps de se détendre en se racontant des petites farces qu’elles trouvaient toujours très drôles.
    Le mois de juin ramena la fièvre de la visite de l’inspecteur pour la classe et celle de l’approche du départ pour Émilie. Charlotte réussit aux examens et n’attendit plus que la rentrée.
    Émilie se sépara de ses élèves, aux prises avec son chagrin et la joie qu’elle éprouvait de pouvoir se reposer un peu. Sa mère lui avait écrit qu’elle aurait encore des «élèves d’été» à Saint-Stanislas. Émilie ne s’en plaignit pas, ce travail lui donnant l’impression d’être utile douze mois par année.
    Son père vint la chercher le soir même de la première journée des vacances. Encore une fois, elle quittait son école en sachant qu’elle y reviendrait. Pour une troisième année. Mais elle quittait maintenant plus que son école. Elle quittait un village auquel elle commençait à appartenir vraiment.
    Saint-Stanislas lui parut s’éloigner d’elle à chaque tour de roue qui pourtant l’en approchait.
     
    Chapitre deuxième
    1897-1901
     
    10 .
    Ovide conduisait son attelage avec prudence. Il rentrait du village et le vent frisquet de mars l’étouffait sans arrêt Bien couvert, il n’en continuait pas moins à grelotter. Q décida de poursuivre sur le rang d’été jusqu’à la montée des Pointes. Avec un peu de chance, les enfants seraient dehors pour la récréation et il pourrait voir Emilie. Dès qu’il fut en mesure de bien distinguer l’école qu’une accalmie de vent fit apparaître, il constata qu’Émilie n’avait pis laissé sortir les enfants cet après-midi-là. Il soupira, toussota, cracha et prit la direction de la maison. Il demanda à Edmond de dételer le cheval, ce qu’Edmond fit sans se faire prier. Ovide rentra à la maison, se dévêtit lentement, trop épuisé pour le faire avec hâte. Sa mère vint l’aider. Ovide ne dit pas un mot. Il monta à sa chambre et s’échoia sur son lit, secoué par une tempête de toussaillement;. Félicité le suivit, s’essuyant les mains sur un tablier légèrement gonflé par l’approche d’une nouvelle naissance. El e regarda son fils, lui ordonna de s’asseoir et lui versa in verre d’eau. Il but comme il le put, s’étouffa à deux reprises avant de recracher sa dernière gorgée. Félicité lui épongea le front d’un coin de serviette.
    «J’aime pas ça, Ovide. Tu craches trop. C’est malin de cracher comme ça. J’vas demander à Edmond d’aller chercher le docteur. »
    Ovide secoua une main comme s’il chassait une mouche. Ses poumons s’emplirent en émettant un sifflement.
    «C’est pas nécessaire de faire venir le docteur. Je viens de le voir.
    —        Pis?» demanda la mère, un pli d’inquiétude imprimé sur le front.
    Ovide toussa à s’époumonner avant de pouvoir répondre.
    «Pis, ça a bien l’air d’être ce que je pensais.»
    Félicité regarda son grand et

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