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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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beau fils. Son aîné. Il s’était retourné pour qu’elle ne puisse pas voir les larmes qu’il refoulait depuis son arrivée. S’il avait réussi à cacher les pleurs, il était incapable de dissimuler les hoquets qui secouaient son pauvre corps, assiégé tantôt par des accès de toux, tantôt par des sanglots.
    «Sortez de la chambre, moman. J’aime mieux être tout seul. »
    Félicité obtempéra. A contrecœur, elle laissa son fils à son chagrin. Impuissante.
    Elle revint dans la cuisine et se contenta de hocher la tête quand Edmond lui demanda si Ovide allait mieux. Edmond se leva, marcha de long en large, puis donna un violent coup de poing sur le mur. Félicité sursauta, mais en même temps elle enviait son fils de pouvoir manifester ainsi la rage qu’il avait au cœur.
    «Est-ce que c’est grave? lui demanda-t-il.
    —        J’sais pas. Ovide m’a pas donné de détails.»
    Edmond enfila son manteau.
    «Je m’en vas chercher le docteur.
    —        C’est de là qu’Ovide arrive, dit sa mère.
    —        J’y vas pareil. Si Ovide veut rien nous dire, on va en avoir le cœur net. »
    Edmond sortit de la maison, réattela l’étalon et partit pour le village. Félicité remonta voir si Ovide avait réussi à se calmer. Il était couché sur le dos, un bras replié sur les yeux.
    «Ovide, veux-tu quelque chose?»
    Il se contenta de secouer la tête et de se retourner à nouveau. Félicité lui dit qu’elle allait immédiatement lui faire une mouche de moutarde et sortit précipitamment de la chambre avant qu’il essaie de l’en empêcher. Elle remonta quelques minutes plus tard pour lui mettre le cataplasme sur la poitrine. Ovide la remercia d’un signe de tête.
    Les enfants rentrèrent de l’école. Télesphore, le petit dernier, était avec eux. Exceptionnellement, Rosée s’était absentée pour la journée. D’habitude, elle demeurait à la maison, n’étant plus retournée en classe depuis octobre. La grossesse tardive de sa mère avait nécessité sa présence quotidienne.
    Edmond revint. Félicité se protégea d’un gros châle et alla le rejoindre au bâtiment. Elle le trouva affairé à ranger le mors et les guides.
    «Pis?»
    Edmond se retourna. Il regarda sa mère. Elle lui parut tellement fragile dans sa maternité qu’il lui demanda de s’asseoir. Félicité obéit.
    «Pis...c’est...c’est la tuberculose.»
    Félicité sentit un frisson la secouer des pieds à la tête, en faisant une longue pause au cœur. Elle garda la tête baissée. Edmond vint s’asseoir à côté d’elle, lui posa une main maladroite sur l’épaule, puis tenta gauchement de la rassurer et de la consoler en lui disant que durant la maladie de l’aîné, elle pourrait se fier à lui, le second, et qu’il ferait tout en son pouvoir pour aider la famille.
    Dosithée était au lac Pierre-Paul avec ses frères Joseph- Denis et Claïre. Ils avaient enfin réussi à obtenir le contrat de coupe pour des dormants de chemins de fer, qu’ils attendaient depuis deux ans. Ils étaient affairés dans le bois lorsque Dosithée vit arriver Edmond.
    «Edmond? Qu’ossé que tu fais ici? C’est pas ta mère, j’espère!» lui cria-t-il en déposant sa hache.
    Edmond s’approchait à pas lents, comme s’il tentait de repousser l’instant où il aurait à parler à son père. Dosithée vint à sa rencontre, accélérant à chaque pas qu’il faisait.
    «Parle Bonyeu! C’est-y ta mère?»
    Claïre et Joseph-Denis arrêtèrent aussi de travailler et firent signe aux autres hommes du chantier d’en faire autant. L’écho cessa de résonner dans le bois.
    «C’est pas moman. C’est Ovide.
    —        Ovide? Qu’ossé qu’il a Ovide?
    —        Ben, vous savez...son rhume qui traîne depuis le commencement de l’hiver... Ben...le docteur dit que c’est pas un rhume ordinaire...Ça a l’air que... Ben nous autres on pensait que c’était peut-être une pneumonie... Mais le docteur dit que ça a l’air d’être plus grave...»
    Dosithée était suspendu aux lèvres de son fils. À chacune des phrases qu’Edmond bégayait, Dosithée donnait un coup de tête, comme s’il cherchait à deviner les paroles qui suivraient. Edmond s’était tu. Il n’avait pas pensé qu’il lui serait si difficile d’annoncer la nouvelle à son père. Il se racla la gorge pour donner place aux mots qu’il se devait de prononcer.
    «Le docteur...le docteur dit que c’est...de la

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