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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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la seconde n’était pas lavée. Les deux jeunes filles la remercièrent encore une fois de son attention, mais lui dirent qu’elles seraient aussi à l’aise avec de bons sous-vêtements.
    Emilie remplit son bac d’eau chaude et y agita frénétiquement son savonnier de façon à faire de la mousse pour éviter que le bain ne s’encrasse trop rapidement. Elle se baigna le plus rapidement possible afin que l’eau reste chaude pour Antoinette et Aima. Si elle prit grand soin de se cacher derrière le paravent pour se dévêtir, elle fut encore plus prudente lors de ses ablutions, usant de mille précautions pour ne pas faire de bruit. Elle aurait été extrêmement gênée si elle avait, par des sons incongrus, indiqué quelle partie de son corps elle savonnait. Quand à son tour Antoinette s’immergea, Emilie ne put éviter d’entendre les sons émanant du petit coin. Avait-elle été aussi bruyante? Aima, la plus jeune, avait trouvé tout à fait normal de se laver la dernière. Émilie avait ajouté de l’eau chaude qu’elle avait refait mousser.
    Les trois filles, vêtues pour la nuit, commencèrent à parler. Émilie ne sut d’abord que raconter pour intéresser ses invitées, mais Aima lui posa aussitôt plusieurs questions sur ses années d’enseignement. Émilie parla donc de la petite vie qu’elle menait depuis son départ de Saint- Stanislas, omettant toutefois plusieurs détails. Candide, Aima l’écoutait religieusement. Elle buvait systématiquement toutes ses paroles demandant parfois une précision. Antoinette, elle, ne réagissait pas. Elle semblait perdue dans ses pensées, l’air renfrogné. Émilie se tut et lui demanda s’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Antoinette lui répondit que tout allait «très bien, merci». Émilie fronça les sourcils. Elle eut le sentiment qu’Antoinette taisait quelque chose. Elle n’insista pas et reporta son attention vers Alma.
    Antoinette se leva et descendit pour aller «au petit coin» derrière la classe. Sachant qu’Émilie était au second, elle en profita pour ouvrir la boîte dans laquelle Émilie rangeait ses objets de toilette. Elle remonta. Émilie lui demanda si elle avait besoin de quelque chose. Antoinette lui répondit qu’elle aimerait bien dormir. Que la journée avait été éreintante et qu’elle avait besoin de sommeil. Émilie s’excusa de ne pas y avoir songé plus tôt. Elle installa des couvertures sur le plancher, y déposa les coussins de ses chaises, n’ayant pas d’oreillers supplémentaires, recouvrit le tout d’une bonne catalogne et les invita à se coucher. Elle essaya de blaguer tout au long des préparatifs afin de mettre ses invitées à l’aise — ce qui fut plutôt inutile car elles l’étaient manifestement plus qu’elle — afin aussi de se faire à l’idée qu’elle devait contrôler ses rêves, au cas où elle parlerait en dormant.
    Elles se couchèrent finalement dès qu’Émilie et Antoinette eurent réussi à consoler Aima qui venait de prendre conscience qu’elle n’avait plus rien. Plus de livres, plus de vêtements, plus de peigne, plus de brosse à cheveux, plus de missel, plus même de lettres que sa mère lui avait écrites.
    Le soleil avait coloré les carreaux des fenêtres d’un rose matin. Émilie ouvrit les yeux, se tourna sur le dos, s’étira en bâillant avec cœur, se gratta la tête, se frotta les yeux et entendit des bruits de chaudrons que l’on brassait. Elle fîgea remonta rapidement sa couverture et referma les yeux. Elle avait oublié qu’elle n’était pas seule. Elle toussota pour attirer l’attention d’Alma qui, à ce qu’il lui sembla, préparait un gruau.
    «Bonjour, Émilie. Est-ce que tu as bien dormi?»
    Émilie chercha Antoinette des yeux avant de répondre.
    «Antoinette est partie marcher dehors pour faire sa prière. Antoinette est bien pieuse tu sais. Quand le déjeuner va être prêt on a juste à aller la chercher. Antoinette va pas nous faire attendre. Pis? As-tu bien dormi?
    —        Comme une marmotte. J’ai même pas entendu sortir Antoinette.
    —        Ça fait déjà une bonne demi-heure qu’est partie. J’espère que c’est pas moi qui t’a réveillée avec le bruit des casseroles. J’imagine qu’une maîtresse d’école ça a besoin de se reposer pendant les p’tits congés. Je voulais juste vous faire une surprise à toi pis à Antoinette.
    —        C’est gentil de ta part, Alma.»
    Aima

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