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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Mercure. Le battement de son cœur se confondit avec le trot rapide de La- Tite. Elle vit sa petite école et lui trouva un air coquet. Elle ralentit la cadence en passant devant la maison des Pronovost pour s’assurer que quelqu’un la verrait. Elle ne se trompa pas.
    «Hé! La grande de Saint-Stanislas, on n’arrête pus chez le monde pour les saluer?
    —        Bonjour, Ovila! Je voulais juste aller me rafraîchir avant de venir te demander de l’aide. »
    Elle avait dû se tourner pour lui parler. Elle le regarda marcher jusqu’à elle, les yeux remplis de sourires et de plaisir. Non, elle n’avait pas rêvé de l’été. Il était conforme à ses aspirations et à ses désirs les plus fous.
    «Pas besoin de te rafraîchir, ma belle. Tu as l’air d’une fleur qui vient de recevoir des gouttes de rosée.
    —        Mon Dieu, Ovila, as-tu pratiqué ta phrase pendant tout l’été? lui répondit-elle moqueusement, tant elle était surprise de son accueil.
    «Voyons donc, Emilie, je pouvais pas savoir que tu aurais de la p’tite sueur sur le front? répliqua-t-il en riant. Si tu veux, je peux aller t’aider tout de suite.
    —        Je veux.»
    Il s’assit à ses côtés, sans lui demander de prendre sa place.
    «Ton père t’a vraiment acheté quelque chose de bien. » Il la regarda et plissa les yeux. «Mais on peut dire que sans la pouliche l’attelage serait pas mal moins beau. »
    À leur arrivée à l’école, Emilie lui demanda d’ouvrir la porte. Pendant qu’il s’exécutait, elle s’empressa de retirer la toile, après s’être assurée qu’il n’y avait personne en vue. Ovila revint vers la calèche. Il aperçut le coffre de cèdre. Il le regarda, regarda Emilie, puis le coffre. Il ne savait que dire. Emilie était émue.
    «Ma foi du Bon Dieu, Ovila, si tu avais eu un chapeau sur la tête, tu te serais découvert comme devant une église.
    —        Entre toi pis moi, Émilie, c’est pas un coffre que je vois, c’est toute une cathédrale.
    —        Fais attention, faudrait pas que tu attrapes la folie des grandeurs.
    —        Inquiète-toi pas pour moi. La folie, ça fait longtemps que je l’ai. Pis la grandeur, tu viens juste de me la donner. »
    L’année scolaire avait commencé comme toutes les autres. Émilie était occupée plus que jamais. Elle se levait tôt pour préparer sa journée pendant qu’Antoinette faisait le petit déjeuner. Antoinette lui était d’un grand secours et Émilie n’avait jamais regretté de lui avoir permis d’habiter avec elle pour l’année. A la mi-temps de l’avant-midi, elle commençait à sentir le dîner qu’Antoinette préparait. Il avait été convenu, comme l’année précédente, qu’elle donnait à manger aux pensionnaires du couvent. Elle avait aussi continué à nourrir ses quelques élèves qui demeuraient discrètement à l’école. Les commissaires avaient fermé les yeux sur cette pratique au nom de la charité chrétienne, mais aussi parce qu’Emilie n’avait jamais demandé de hausse de ses gages pour acheter la nourriture. La majeure partie de l’avant-midi était consacrée aux petits. L’après-midi, elle s’occupait principalement des grands dont la concentration était meilleure. Durant cette période, Antoinette prenait les petits en charge, les aidait avec leurs devoirs et les accompagnait parfois dehors. La classe avait été réaménagée pour permettre à Antoinette de parler à voix basse sans pour autant nuire à Émilie.
    L’automne avait filé rapidement. Les arbres n’avaient conservé leur magnifique rouge que quelques jours, la gelée les ayant rapidement obligés à se dénuder. Ovila, comme il l’avait planifié, avait commencé à travailler à l’achèvement de la maison. Enfin au courant des intentions de son fils et d’Émilie, Dosithée s’était réjoui. Quelques personnes de la paroisse regardaient cette situation d’un œil sceptique, mais les bonnes mœurs d’Émilie, la présence d’Antoinette et le succès des élèves empêchèrent les murmures de se propager.
    Émilie et Antoinette, si elles n’avaient pas de visiteurs, consacraient leurs soirées à la correction des travaux puis à la préparation du trousseau d’Émilie. Antoinette avait patiemment appris à manipuler l’aiguille. Elle avait commencé par faire des choses simples: taies d’oreillers, bordures de draps. Puis suivant les conseils patients d’Émilie, elle

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