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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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avait enfin su broder. D’humeur presque toujours égale, Antoinette ne s’assombrissait que lorsqu’elle constatait qu’elle ne semblait pas attirer de soupirants. Émilie se moquait alors gentiment d’elle, en lui disant de prendre patience.
    «Faut pas que tu prennes le mors au dents, Antoinette. Les jeunes hommes de Saint-Tite s’intéressent pas mal plus à la bricade pis à l’hôtel Brunelle qu’à l’amie de la maîtresse d’école du Bourdais. A part de ça, si tu veux mon avis, les jeunes de Saint-Tite auraient besoin de porter des lunettes une fois de temps en temps. »
    Antoinette riait et s’encourageait. Elle vouait une admiration sans bornes à Émilie, qui le lui rendait bien.
    «Des fois, Antoinette, je me demande ce que j’aurais fait si tu étais pas venue rester ici. Je me demande même comment je me débrouillais avant que tu sois là.»
    Antoinette rougissait et continuait à piquer son aiguille sans dire un mot. De sa vie, jamais elle n’avait connu un tel sentiment d’utilité.
    Émilie avait écrit chez elle dès le début du mois de septembre pour annoncer qu’elle se fiancerait à Noël. Elle avait plaisanté sur le fait qu’elle semblait prendre plaisir à la chose, mais avait ajouté que cette fois-ci, elle avait bien l’impression que c’était la bonne. Elle avait demandé à sa mère de ne pas commencer à penser à des extravagances, mais elle avait permis à ses parents d’annoncer que leur aînée se fiançait. Quand Caleb avait reçu cette lettre, il avait souri de plaisir. Émilie se fiançait pour vrai.
    Ovila fréquentait Émilie en soupirant transi. Il ne tenait plus en place, comptant les jours avant le mariage, dont la date avait été fixée au premier samedi de juillet. A tous les soirs, il cochait une marque au couteau sur un bout de bois en disant à Émilie qu’il comptait les jours qu’il lui restait à être «prisonnier de sa liberté». Pour tout commentaire, Émilie lui donnait un petit coup de poing sur l’épaule et Antoinette riait sous cape. Elle aurait tant aimé être adulée comme l’était Émilie.
    Le mois de décembre était arrivé, sournoisement caché derrière une énorme tempête de neige. Ovila avait été forcé d’arrêter les travaux de construction de la maison pendant plus d’une semaine parce que le vent rafalait et lui faisait perdre le souffle. Suivant les conseils de sa mère, il avait consacré ce temps à acheter ce qu’il lui fallait pour les Fêtes. Emilie lui avait offert de l’accompagner, mais il avait refusé, lui disant en riant qu’il y avait déjà sa mère qui se mêlait de lui dire ce qu’il lui fallait et qu’il ne voulait pas donner à sa fiancée l’occasion de «jouer à la maîtresse d’école avec lui».
    Antoinette avait aidé Émilie à poser la dentelle sur sa robe de fiançailles. Elle était de beaucoup plus jolie que celle qu’elle avait confectionnée l’année précédente, soulignant de façon très flatteuse la ligne de son buste généreux, de ses épaules carrées et cachant adroitement son cou trapu, sa taille et ses hanches un peu trop en chair. Émilie avait offert à Antoinette de lui faire une nouvelle toilette, mais Antoinette avait refusé. Elle tenait à porter sa robe bleu pâle. Émilie avait invité Antoinette à l’accompagner à Saint- Stanislas pour les fiançailles. Antoinette avait accepté sans se faire prier. Lucie aussi devait être là avec Phonse et ses enfants. Elle avait écrit à Émilie pour lui dire qu’elle acceptait son invitation et pour lui demander si le coffre était rempli au tiers, à la moitié ou s’il débordait déjà.
    Le vingt et un décembre, tous les Pronovost étaient venus à l’école pour fêter les vingt et un ans d’Émilie.
    «C’est mon année chanceuse», avait-elle dit en regardant Ovila.
    «Attends de voir celles qui vont suivre», avait-il répliqué.
    C’est en véritable procession qu’ils avaient quitté Saint- Tite, Émilie ayant tenu à ce qu’ils soient tous présents. Seul Edmond était resté derrière, pour s’occuper des animaux. Le trajet avait été long et pénible. Toutefois, personne ne s’était plaint, la chaleur des cœurs l’emportant sur la morsure du froid.
    Les réjouissances commencèrent le matin de la veille de Noël. Célina et Caleb avaient insisté pour que tous les Pronovost logent chez eux. Dosithée et Félicité avaient décliné l’offre, ayant déjà fait des arrangements avec

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