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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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âprement. Je ne sache pas que nous soyons amis !
    –  Je ne venais pas te voir. Je venais voir ton beau-! père.
    – Ah ? fit Ogier d’Argouges.
    Il ne pouvait se montrer agressif envers un homme qui, jusque-là, ne lui avait rien fait, mais sa méfiance était aussi apparente sur son visage que l’aversion sur celui de Tristan.
    – Savez-vous que Guichard d’Oyré, qu’on appelle Guichard d’Angle, est passé à l’Angleterre ?
    – Je l’ai appris. Je le savais, d’ailleurs, bien avant qu’on me l’ait annoncé.
    – Je l’ai vu récemment à Bordeaux. Il a reçu le Bleu Jarretier ; il jouit de l’amitié du prince Édouard et de son épouse.
    – Grand bien lui fasse.
    – Il m’a parlé de vous car vous êtes le seul qui ait pu s’évader d’une chambrette du château d’Angle quand il en était le gardien.
    – Une chambrette ! s’exclama Ogier d’Argouges. Un ergastule ! Et je n’en suis pas sorti seul. Ce jour-là, Calveley était avec moi. C’est d’ailleurs ainsi que notre amitié s’est soudée.
    Un rire, dont Tristan n’eût su dire s’il était aimable ou offensant. Ni d’ailleurs son beau-père.
    – S’il n’avait pas fui en votre compagnie, Calveley aurait été libéré quelques jours après. Guichard était déjà pour l’Angleterre, mais il sauvait les apparences. Il attendait le moment le plus propice…
    – Je m’étais bien douté qu’il était un félon… Il me paraît inutile que vous me parliez de ce forfante. Lorsque j’étais l’otage du grand Hugh, en Angleterre, nous en avons moult discuté. Je n’aime guère qu’un autre que lui vienne ranimer pour moi ces lointaines remembrances.
    Le sourire de Bagerant s’élargit :
    – Vos ennemis, messire, vous considèrent comme un preux… Vous souvenez-vous d’Aimery de Rochechouart ?
    Tristan vit se durcir le visage de son beau-père. S’il n’avait pas haï ce chevalier, il l’avait détesté. Son regard flamba, hostile.
    – Pourquoi me parlez-vous de lui ?
    – Afin que vous sachiez ce qu’il est devenu.
    Ensuite d’un silence, Bagerant poursuivit :
    – Nous étions quelques-uns autour d’une table, à Bordeaux… Vous savez comment cela se passe : un nom en appelle un autre. Le vôtre est venu je ne sais comment… Guichard d’Angle, sans doute… ou Renaud de Cobham dont vous ignorez peut-être qu’il est mort 207 …
    – Je m’en réjouis et ne me dites pas comment il a rendu son âme à Belzébuth !
    – Soit, messire… Adonques, Aimery de Rochechouart nous a dit : «  Je connais Argouges. Il m’a ravi ma fiancée. » Est-ce vrai ?
    Ogier d’Argouges croisa les bras :
    – Rochechouart n’était pas fiancé à Blandine Berland. Il coquelinait autour avec l’assentiment du père d’icelle. On eût dit un bourdon épris d’une rose…
    Le seigneur de Gratot souriait cette fois comme s’il avait ouï une sornette. Tourné vers Tristan, il ajouta sur un ton de confidence enjouée :
    – C’est Blandine qui fut ravie… de partir avec moi !
    – Vous l’avez enlevée lors du siège de Poitiers… selon Rochechouart.
    Bagerant insistait pesamment, et Tristan, inquiet, se demanda pourquoi :
    – Je l’ai sauvée, extirpée de Poitiers que Rochechouart devait défendre contre les assauts de Derby et de ses hommes, ce qu’il fit sans doute en vain. Si je n’avais point fui hors de la cité avec Blandine et sa mère… ou plutôt sa marâtre, elles seraient mortes dans des tourments dont souffrent toutes vos prisonnières… comme cette nuit.
    C’était un coup inattendu. Bagerant se mordit les lèvres avant d’émettre un «  Hum Hum  » qui dénonçait sa confusion.
    – Les femelles crient pour un rien.
    D’une main, Ogier d’Argouges balança cette phrase par-dessus son dos.
    – Je n’ai point à juger Rochechouart. Tout ce que je puis en dire, c’est qu’il me paraît avoir sauvé sa vie… je ne sais comment.
    – En se dévoyant, dit Tristan.
    – On dit, reprit Bagerant, que c’est par déception d’amour qu’il s’est joint aux routiers… Et cette déception, vous en êtes la cause.
    – C’est un pauvre homme, conclut Ogier d’Argouges. Du devoir à l’amour, je choisis le devoir et vous me donnez à penser qu’il n’a pas accompli le sien à Poitiers (521)  !
    Tristan se demanda si, après avoir jeté son venin, Bagerant s’en irait. Il n’y semblait pas disposé. Trop atteint pour parler davantage, et tout

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