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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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sa haine, mais des hurlements retentirent joyeux et nourris.
    – Un envoyé du Pape ! exulta Bagerant.
    – Il me paraît fort entouré, dit Calveley et déployant sa grande stature. On dirait qu’il y a plus de cent papalins à cheval.
    Ils se méprenaient l’un et l’autre. Ce n’étaient pas cent hommes qui s’approchaient, mais davantage.
    – Nous sommes quatre cents, dit leur conduiseur en apparaissant dans le cercle de lumière qui, d’un coup vermillonna son armure de fer. Quatre cents gentilshommes de Toulouse et de ses for-bourgs. Quatre cents qui ont voulu rejoindre messire Bertrand Guesclin pour combattre les Mahomets d’Andalousie.
    – Bertrand Guesclin, c’est moi.
    Le Breton restait assis. Il n’avait fait que lever un bras.
    –  Je suis Sicard de Montastruc, chevalier, et voici Melchior de Garidech, mon écuyer…
    Le prud’homme n’en put dire davantage : Guesclin s’était dressé et lui montrait son dos.
    – Holà ! dit-il, à ses compères dont l’épaisse onde noire parut se resserrer autour du feu. Holà !… Avez-vous bien ouï ce qu’il vient de nous dire ?
    Un oui formidable s’éleva, parsemé de rires moqueurs.
    Le Breton fit face aux nouveaux venus dont certains commençaient à mettre pied à terre.
    –  Je vous dois, compagnons, une vérité vraie.
    – Quelle est-elle ? demanda Melchior de Garidech qui commençait à trouver l’accueil du Breton singulier sinon outrageux.
    Il montait un cheval aussi blanc qu’Alcazar dont la robe chatoyait aux flammes. Inversement au chevalier toulousain qui lui enjoignait de se dominer, il ne portait ni plates ni anneaux ni coiffe de mailles mais un manteau de peaux d’ours et un chaperon noir. Plus dru que celui de son voisin, son accent réjouit Tristan : il allait pouvoir patoiser avec ce nouveau venu et à défaut d’obtenir des nouvelles de Thoumelin de Castelreng, savoir quels événements marquaient la vie du pays carcassonnais.
    – La vérité, messeigneurs, reprenait Guesclin, je vous la dois maintenant. Et voici en quoi elle consiste : les Mahomets que vous voulez occire vont demeurer où ils sont, ce qu’ils sont !
    – Comment ?
    – Hé oui, messire Garidech ! Nous allons affronter les guerriers du roi Pèdre et si possible châtier leurs familles de mécréants… Nous allons occire les Juifs qui sont fidèles à ce…
    – Sardanapale, suggéra Bagerant.
    – C’est comme il dit, reprit le Breton. Savez-vous, ô Toulousains, que ce roi cruel tient son Parlement avec des Juifs ?… Sais-tu, Montastruc, que ce despote avait donné une terre et une maisonnelle à la reine Blanche plutôt qu’un palais ? Oui, une maisonnelle pour son entretien et sa nourriture… Elle y recevait tout de même l’hommage du pays d’à l’entour…
    – Hé là… Nous ne sommes…
    – Laisse-moi paroler !… Sache que là où elle vivait était un Juif puissant… Un gros Juif !
    Guesclin se tourna vers Bourbon fort concerné par ce qu’il allait révéler – s’il ne l’avait déjà fait :
    – Un Juif qui tenait en son pouvoir un très noble et fort donjon. Il voulut en jurer l’hommage à dame Blanche, bien qu’il en eût payé le rachat, et en le lui rendant il baisa la reine sur la bouche.
    Un grondement de fauves s’éleva dès que le mot bouche eut été prononcé. Des hurlements volèrent : «  Blasphème ! Crime ! Lèse-majesté ! » sortis de ces lèvres qui avaient frémi de plaisir lors des viols et des tueries.
    –  Quand le Juif se fut retiré, reprit Guesclin, notre dame Blanche fit chauffer un plein chaudron d’eau. Elle lava sa bouche et son visage et dit à haute voix aux seigneurs qui avaient assisté à ce crime – et qui devaient être effrayés : «  Messires, je vous dis que vous n’aimez pas mon honneur quand vous laissez toucher ma bouche par un Juif, un chien pourri de mauvaise estrasse (531) . Faites tôt qu’il soit pendu à un gibet ! » … La parole fut redite au Juif. Par crainte de mourir, il monta sur une mule d’Aragon et s’en fut au roi Pèdre. Il lui fit sur la reine de telles lamentations que le roi en fut mauvaisement touché. «  Sire  », dit ce Juif, «  oyez ce que j’ai à vous dire. La reine m’a pris en telle haine qu’elle me veut voir pendu. Il n’y a pas quatre jours pourtant que mon corps la baisa quand je lui fis hommage et lui prêtai serment. Quand elle sut que j’étais Juif, elle se lava la bouche et se mit

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