Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
en ce rêve
immense que je vous ai fait partager.
    En écrivant ces lignes, une idée me vient
qui consiste à réparer grande injustice. Vous dites ne point avoir grande
affection pour votre tante, notez qu’elle vous fit enseigner le grec ancien qui
nous sert à correspondre. Vous dites encore qu’elle fut bien sévère, ce fut, n’en
doutez point, à la mesure de l’amour qu’elle vous portait.
    Au reste, la faute m’en revient.
    Il est temps de vous révéler ce qui sera
pour vous grande surprise. Feu votre tante, qui vous éleva, eh bien sachez que
la pauvre chère femme était entièrement acquise à nos idées et partageait notre
rêve. Sachez également chose que vous avez toujours ignorée, vous trouvant aux
armées de monsieur de Condé : elle n’est point morte seule en son château
de Carentan et je lui tins la main jusqu’à la fin.
    Puisque nous parlons aujourd’hui d’égal à
égal, de puissance à puissance, de général d’artillerie à général des Jésuites,
j’ai une grâce à vous demander qui consiste à amener cette jeune femme, Mathilde
de Santheuil.
    Vous le constatez, les services secrets des
Jésuites seront toujours supérieurs à ceux du roi ou de son pathétique Premier
ministre, ce Mazarin, qui m’évoque un personnage inventé par les Napolitains et
qui a nom « Pulcinella » mais ici, me semble-t-il, on l’appelle « Polichinelle ».
    Ce soir, minuit, Notre-Dame. On vous
attendra. Venez en barque, les eaux montent.
    Votre ami de
toujours.
    Pensivement, le
comte de Nissac s’approcha de la cheminée et y jeta la lettre en songeant que
la nuit serait bien longue.
    Les flammes tordirent le parchemin qui bientôt
tomba en cendres.
    Joseph, quittant les
« Armes de Saint-Merry », se précipita au-devant du comte qui lui
tendit la bride de son grand cheval noir en disant :
    — Cher Joseph, toujours un regard sur la
rue. Mais qui surveilles-tu ainsi ?
    — Moi, monseigneur ?
    — Ne serais-tu point amoureux de la toute
belle madame de Santheuil ?
    Une brève déception traversa le regard de
Joseph et Nissac sut qu’il s’était trompé.
    — Je ne voulais point te blesser. Mais
après tout, tu es veuf et sans enfants.
    — Mes cinq enfants sont morts, monsieur
le comte.
    — Je suis désolé, c’est grand malheur.
    — Cela remonte à bien loin. Mais
voyez-vous, hors ceux qui l’aiment d’amour, madame de Santheuil est aimée pour
sa gentillesse et sa grande intelligence. Or, elle semble inquiète depuis
quelque temps et c’est la raison de ma vigilance.
    À demi convaincu, le comte répondit :
    — Alors ne relâche point ton attention.
    Elle l’observait
avec ce qui lui sembla une certaine indifférence quand ce n’était que rigoureux
contrôle de soi pour ne point laisser deviner ses sentiments.
    Il regarda autour de lui avec un léger sourire :
    — Vous m’avez fait passer ici, madame, une
bien agréable soirée. C’est grand dommage que la fièvre m’ait ôté le souvenir
de ce qui fut dit entre nous.
    — En effet. Vous fûtes bavard, monsieur
le comte, état qui, j’en jurerais, vous est inhabituel.
    — Bavard… à ce point ? demanda
Nissac, soudain inquiet.
    — Ce fut très intéressant. Mais… vous
souhaitiez me voir ?
    Le comte était fasciné par ce visage et, concernant
la nuit qu’il avait passée ici, ce qu’il prenait pour un rêve lui restait
présent à l’esprit. Pourtant, il sentit que madame de Santheuil souhaitait qu’il
en vînt au fait mais le manque de chaleur de cet accueil ne lui facilitait
point les choses.
    Il commença néanmoins :
    — Madame, le service du cardinal revêt
parfois des formes qui peuvent sembler déconcertantes.
    Il marqua un court silence qu’elle rompit
aussitôt :
    — Vous n’avez encore rien dit, monsieur
le comte, ou bien c’est trop court, trop vague ou trop sibyllin.
    Cette fois, il fut désemparé et Mathilde de
Santheuil dut faire grand effort pour ne point se jeter dans ses bras.
    Il reprit, plus sèchement :
    — En effet. Je voulais vous dire que certaines
de nos actions paraissent parfois liées très lointainement à notre cause, quand
elles les servent pourtant. D’autres fois, le rapport existe à peine. C’est le
cas de ce que je m’en vais vous proposer.
    — Vous êtes en train de me dire, monsieur
le comte, que vous avez besoin de moi pour quelque chose qui se trouve sans
rapport avec le service du cardinal ?
    — Très précisément,

Weitere Kostenlose Bücher