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Les larmes du diable

Les larmes du diable

Titel: Les larmes du diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom
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ton conciliant, espérant que la dame n’allait pas continuer ainsi toute la soirée.
    — Ce sont de bonnes petites, mais elles ne peuvent remplacer un fils. Il avait placé tous ses espoirs dans ce garçon.
    — Mais il a appris à ses filles à lire les Écritures, que je sache ? » Après tout, autant profiter de la situation. Cette obstinée connaissait la famille, et me donnerait peut-être une information intéressante.
    Lady Mirfyn haussa les épaules. « Edwin a des idées avancées. Je ne pense pas que cela rende service aux filles qu’on leur apprenne la religion ; leurs maris n’aimeront pas qu’elles discutent avec eux, voyons.
    — Certains en seraient heureux. »
    Elle haussa les sourcils. « Moi, je n’ai jamais appris à écrire et je suis contente de pouvoir laisser cela à mon mari. Je suis sûre que Sabine et Avice, qui sont des jeunes filles bien élevées, préféreraient faire de même. Le pauvre Ralph était un enfant turbulent, mais ce n’est que très naturel chez les garçons.
    — Vraiment ?
    — Il paraît que ses sottises répétées ont contribué à mener prématurément sa mère au tombeau. » Comprenant soudainqu’elle en avait trop dit, elle me jeta un regard méfiant. « Ce qui n’excuse en rien ce meurtre infâme.
    — Assurément. » Je m’apprêtais à ajouter que le véritable assassin se trouvait peut-être encore en liberté, mais lady Mirfyn prit ma réponse pour un assentiment, hocha la tête avec satisfaction et désigna lady Honor du menton.
    « Notre hôtesse est une femme instruite, dit-elle avec une note de réprobation dans la voix. Mais je suppose que, ayant le statut de veuve, elle peut vivre de façon indépendante si cela lui agrée. Pour ma part, c’est une existence que je n’envie guère. »
    J’entendis Norfolk qui glissait à mi-voix à Marchamount : « Je ne prendrai pas ce garçon si elle ne consent pas. »
    Je baissai la tête afin d’entendre la réponse du sergent, mais il parla à voix trop basse. « Diable, siffla le duc, elle en passera par là où je veux qu’elle passe.
    — Je crains que non, entendis-je Marchamount répliquer.
    — Morbleu ! je ne me laisserai pas contrecarrer par une femme. Prévenez-la. Dites-lui que je ne ferai rien pour son neveu si je n’obtiens pas satisfaction. Elle s’engage sur un terrain glissant. » Le duc avala une lampée, puis fixa lady Honor. Il avait le visage congestionné à présent et je me souvins qu’on disait qu’il s’enivrait souvent et avait le vin mauvais.
    Lady Honor croisa son regard. Le duc sourit et leva son verre. Elle leva le sien en retour, avec un sourire qui me parut contraint. Un domestique apparut à côté d’elle et lui chuchota quelques mots. Elle eut l’air soulagé et se leva. « Messires et gentes dames, dit-elle, beaucoup d’entre vous ont entendu parler de ces nouveaux tubercules jaunes du Nouveau Monde qui ont déchaîné la curiosité depuis leur arrivée le mois dernier. » Elle s’interrompit et on entendit s’esclaffer grassement plusieurs hommes autour de la table. « Eh bien, nous allons en goûter ce soir. Voici pour vous les fruits les plus doux du Nouveau Monde. »
    Elle s’assit et de nouveau des rires et des applaudissements retentirent tandis que les domestiques posaient sur la table six plateaux d’argent. Là, sur des lits de massepain, reposaient d’étranges fruits jaune pâle. Je compris la raison des rires paillards, car, de fait, ils avaient la taille et presque la forme d’une grosse queue en érection.
    « Voici donc ce dont tout le monde se gausse, dit lady Mirfyn. Il faut vraiment avoir l’esprit mal tourné ! » ajouta-t-elle en gloussant avec un rire de petite fille, comme en ont parfois les riches matrones lorsqu’elles entendent des plaisanteries un peu lestes.
    Je pris l’un de ces fruits étranges et y mordis. C’était ferme, avec un goût un peu amer. Alors, je vis que les autres convives ôtaient la peau pour découvrir la chair jaune pâle. Je suivis leur exemple. Le goût était farineux et plutôt fade.
    « Comment ça s’appelle ? demandai-je à lady Mirfyn, qui en avait également pris un.
    — Ils n’ont pas de nom à ma connaissance », dit-elle et, regardant la tablée qui s’esclaffait, elle secoua la tête avec indulgence en répétant : « Il faut vraiment avoir l’esprit mal tourné. »
    J’entendis mon nom prononcé par lady Honor et, me retournant, la vis qui me souriait. « Le lord-maire me dit que

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