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Les mannequins nus

Les mannequins nus

Titel: Les mannequins nus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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au secours par la fenêtre en prétendant que la Juive voulait la battre. Tous les S.S. qui tenaient la garde autour du camp s’étaient précipités alors dans l’escalier et se mirent à assommer les Juives, aidés par les Kapos allemandes déchaînées. Ils précipitèrent les malheureuses du haut de l’escalier, les laissant tomber l’une sur l’autre. Plusieurs détenues furent lancées par les fenêtres et gisaient sans vie sur le sol. Les gardes avaient chassé aussi dans la cour une partie des détenues juives logées dans le baraquement. La provocatrice de toute cette bagarre était restée seule dans le dortoir avec son amant. Or, probablement, cela avait été son but réel. Entre-temps dans la cour, les S.S. et les Kapos pacifiaient la « révolte » à coups de gourdins, de crosses et de revolvers. Une Kapo s’était même servie d’une hache comme instrument de meurtre. Poussées par une terreur mortelle, quelques Juives avaient tenté de passer par les barbelés pour échapper au massacre, mais elles s’y étaient accrochées et furent tuées. Même quand toutes les détenues gisaient déjà sur le sol, ces diables pris d’une fureur sanglante se démenaient encore sur les malheureuses sans défense. Ils voulaient les tuer toutes pour éviter surtout que leurs forfaits horribles ne soient révélés plus tard par des témoins.
    — Avant 5 heures du matin, on avait avisé le commandant du camp de la prétendue révolte étouffée avec succès. Aussitôt il s’était rendu à Budy pour constater les traces de cette orgie sanglante. Quelques femmes moins grièvement blessées qui s’étaient tapies sous les cadavres en cherchant un abri se relevaient maintenant se croyant sauvées. Mais après un bref examen le S.S. Sturmbannführer Hoess s’était retiré de ce lieu macabre. À peine fut-il parti que les S.S. fusillèrent les malheureuses survivantes.
    — Le lendemain avant midi, les S.S. du service d’identification (58) et les infirmiers S.S. arrivèrent « pour s’occuper des blessées ». Les infirmiers prirent soin des plus légèrement blessées qui avaient eu la chance de se cacher quelque part au début du drame et n’étaient sorties de leur refuge qu’après l’interrogatoire. Les gens du service d’identification photographiaient de tous les côtés le lieu de l’événement. Par la suite une copie unique fut prise de chaque cliché. Puis tous les négatifs furent détruits en présence du commandant et les copies laissées à sa disposition.
    — Dans une salle aménagée à leur usage, les infirmiers S.S. s’étaient mis au travail. Une à une, les victimes qui trahissaient un signe de vie étaient traînées dans la salle. D’un coup adroit, l’infirmier enfonçait l’aiguille de la seringue sous le sein gauche. L’instant d’après la patiente ainsi « traitée » tombait morte. Deux centimètres cubes de phénol (59) désinfectant peu coûteux, lui avaient été injectés au cœur. Au-dehors, une vieille femme se tenait immobile, accroupie sur les marches du perron. Depuis des années elle avait été internée dans divers camps de concentration pour ses idées religieuses. Elle devait y être rééduquée dans un esprit nazi afin qu’elle reconnaisse « la fausseté des doctrines enseignées par l’« Association internationale des Sectateurs de la Bible ». Elle était incapable de comprendre son sort cruel. Les autres détenues observaient avec terreur les S.S. qui traînaient par la porte d’entrée les mourantes et même des femmes en bonne santé et transportaient des cadavres par la porte de l’arrière-cour pour les jeter sur un chariot. Six Kapos allemandes qui avaient pris part au massacre furent amenées au block 11 ; entre autre la « reine de la hache » – Elfriede Schmit – la maîtresse de tous ces criminels. Après un interrogatoire, où elles étaient reconnues coupables, elles gisaient à présent dans la morgue du crématoire, réduites au silence pour toujours. Un petit point rouge sous le sein gauche, à peine visible – seule trace de la piqûre – trahissait le genre de mort qu’elles avaient subi. Leurs parents reçurent par la suite – comme c’était la coutume – les condoléances navrées du commandant. Il leur notifiait que leur fille était arrivée tel jour à l’hôpital du camp, malade d’une telle maladie et que « malgré d’excellents soins médicaux et l’application des meilleurs remèdes,

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