Les Mystères de Jérusalem
écrasent les pieds, Orit fit un bond et s'affala dans les branchages en poussant un cri de douleur.
Tom l‚cha sa pelle et se précipita.,
- Ce n'est rien, dit Orit, entre le rire et la grimace, seulement ces cochonneries piquantes!
Tom l'aida à se relever. Avec un craquement bref, un large lambeau de sa chemise resta accroché dans les branchages. Orit grogna de douleur une nouvelle fois.
Sous la pierre, il n'y avait qu'un vide étroit, occupé par une armada de scolopendres affolées qui s'échappaient en désordre.
- Tout ça pour ça, grinça Orit.
- Tu as le dos en sang, remarqua Tom.
- Des égratignures...
- Attends!
Il décrocha la bande de tissu restée dans les épines pour éponger le dos sanglant d'Orit. Plusieurs égratignures peu profondes 242
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striaient sa peau fine et bronzée. plus, longue que les autres, une épine avait déchiré en partie la bretelle du soutien-gorge. Elle était encore à
moitié incrustée dans la soie de la peau et le sang y perlait en abondance.
- Attention, dit-il.
- Hé!
D'une main il souleva le tissu tendu de l'élastique tandis que de l'autre il retirait l'épine d'un mouvement sec. ¿ son extrémité, elle était munie d'une griffe minuscule et recourbée qui ouvrit la chair comme une lame.
Orit cria en s'agrippant à son épaule, s'affaissant contre lui en pliant les genoux. Il l'enlaça pour la retenir et sentit le rire doux qui ronronnait en elle.
- Désolé...
- Drôle de manière de..., murmura-t-elle en tournant le visage vers lui.
Elle s'interrompit, soudain raidie. Le bruit, distinct, cette fois, d'un moteur de voiture grandissait sur le chemin des ruines.
Tom s'écarta du buisson et entrevit le break Chevrolet qui atteignait les ruines.
- Les voilà! «a faisait un moment qu'il me semblait les entendre.
Totalement oublieuse de ses griffures, Orit scrutait le haut de la pente.
quand Tom l'observa, il fut étonné de lire de la colère dans ses yeux clairs plutôt que de la crainte ou de la surprise.
- que comptes-tu faire? demanda-t-elle d'une voix glacée.
- Aller leur dire bonjour, répondit Tom calmement. Tu as une meilleure idée?
Elle le regarda dans les yeux. Elle contempla sa main qui tenait encore le morceau de tissu ensanglanté. Finalement, elle esquissa un bizarre sourire, fataliste et tendre. D'une tendresse qu'il ne lui avait encore jamais vue.
- J'ai une meilleure idée, oui. Mais je doute que ce soit tout à fait le bon moment...
- Tu peux rester ici, dit Tom.
- Non. Il ne vaut mieux pas.
Il y eut le claquement d'une portière lourde puis un homme en chemise verte apparut près de la citerne. Il scruta les monticules alentour et les vit-Il s'immobilisa, sortit un paquet de cigarettes 243
sans l'allumer et atten-
de sa poche, en plaça une entre ses lèvres' dit sans un geste, les fesses calées contre la citerne.
- Allons-y, dit Tom.
Ils rejoignaient l'homme alors qu'il allumait enfin sa cigarette. La ressemblance l'avait frappé de loin, mais, plus il approchait, plus Tom était sidéré. La moustache, le front dur et le nez aquilin, le visage carré
et les pommettes hautes : tout y était! L'homme ressemblait comme un frère jumeau à Staline! Tom pensait déjà à la plaisanterie qu'il allait en faire pour aborder le Russe, lorsque Orit prit les devants. Sa chemise était noircie de zébrures de sang à demi coagulé et lui collait au dos. Tom songea qu'elle devait avoir mal, mais elle ne semblait pas s'en soucier. Il y avait dans sa démarche quelque chose d'impérieux qui le mit instinctivement sur ses gardes.
- Arié m'avait promis que vous n'apparaîtriez pas! lançat-elle en hébreu, se plantant, raide de fureur, à trois pas de l'homme.
- Les ordres ont changé, dit " Staline " en soufflant paisiblement sa fumée.
Tom s'était immobilisé.
- Pourquoi? demanda Orit.
- Votre oncle vous le dira, répliqua l'homme sans changer de ton.
- Hé, dit Tom. je peux avoir une, traduction?
Orit se tourna vers lui, ses yeux humides adoucis par une ombre qui n'existait qu'en elle. Elle haussa imperceptiblement les épaules, ce qui lui tira une petite grimace de douleur. Elle referma les bras sur sa poitrine et revint vers Tom comme si elle voulait offrir la vue de son dos à l'homme à la chemise verte. Il la regardait, le visage vide d'expression.
Le chauffeur de la Chevrolet n'était même pas descendu du break.
- Tu vas m'en vouloir, Tom. Mais, quoi qu'il arrive,je tejure que je ne l'ai pas fait contre
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