Les Mystères de Jérusalem
repères et au risque constant d'être voilée par l'imagination, notre volonté de comprendre et de sentir.
- Continuez, je vous en prie.
- Mmm... Anciennement, _7émsalemj˚t appeMe _7ébusjusqu'au temps du roi David, qui l'appela _7ébusalem. 1'uis vint le roi Salomon, qui l'appela j7hérosolomie. Après., on la nomma _7érusaW..
Giuseppe Calimani éclata de rire.
- L'histoire est parfois défonnée par l'idéologie, n'est-ce pas! Mais plus souvent encore par l'ignorance.
C'était vrai, en l'occurrence. Selon la tradition juive, le mont Moriah, sur lequel Abraham érigea un autel en vue du sacrifice d'Isaac, se trouvait en dehors de l'enceinte de la ville de Salem. Ce mont, le patriarche l'a appelé Yerou. quant au roi David, il a vraiment rattaché la montagnejéru à
la ville et a réuni les deux noms : _7éru-Salem. Les lecteurs de la Bible, o˘ ce nom est mentionné plus de six cent cinquante fois, le prononcent lerouschalaim, ce qu'on peut traduire, non sans nostalgie, par " Ville de la paix ".
Le professeur feuilleta le livre en marmonnant
- Attendez, ça n'est pas le plus intéressant. Il y a un passage o˘...
Il s'interrompit soudain, les sourcils froncés et l'oeil vi* alors que je venais d'entendre moi-même un claquement de porte dans la chambre de Tom.
- Ah, j'entends du bruit chez votre ami!
Nous nous lev‚mes au moment même o˘ la porte-fenêtre s'ouvrait. Tom apparut sur le balcon. Il était dans un état épouvantable, comme S'il avait été
trempé de pied en cap dans un bain de poussière. Ses yeux étaient rouges, ses poignets écorchés et sanglants, son jean déchiré. Son front et ses joues, incarnats, flamboyaient d'un coup de soleil tout autour de la découpe laissée par les lunettes noires. Découvrant Calimani, il eut un instant d'hésitation. Il se tourna vers sa chambre et je crus qu'il allait y
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disparaître. Il se contenta de refermer soigneusement la portefenêtre.
- que vous est-il arrivé?
Il découvrit ses dents dans une grimace hilare qui s'estompa dès qu'il regarda à nouveau Calimani.
- Tombé dans un trou... Rien de cassé, ne vous en faites pas.
- Mais vos poignets?
- Orit a acheté une corde ce matin: elle avait h‚te de s'en servir!
gloussa-t-il. Heureusement, d'ailleurs. Mais ce n'est rien... Le plus difficile a été de convaincre les gens de l'hôtel que j'étais bien moi-même et qu'ils me donnent la clef de ma chambre...
Il s'adressait à moi, cependant son regard s'échappait sans cesse vers Calimani, qui se dandinait à mon côté.
- O˘ est-elle? Orit? demandai-je.
- je l'ai laissée chez elle. Elle avait besoin d'un bon bain, elle aussi!
Monsieur est... ?
- Professeur Giuseppe Calimani, répondit Cahmani en lui tendant la main avec une légère inclinaison du buste. Vous êtes vous-même monsieur Tom Hopkins, n'est-ce pas?
Tom regarda la main tendue et releva les yeux vers moi.
- C'est toute une histoire, commençai-je. Il s'est passé pas mal de choses, ici aussi, depuis ce matin. Peut-être préférezvous prendre une douche avant que je vous raconte?
Il ne préférait pas. Il s'assit sur la murette entre nos chambres.
- Allez-y, soupira-t-il comme s'il faisait face à l'inconstance de l'existence. Aujourd'hui, je suis prêt à tout entendre!
Calimani me seconda très bien dans la relation de notre rencontre et l'agression de Rab HaÔm. Il était très convaincant. ¿ ma surprise, il évita les digressions baroques et érudites, se contenta de la logique et des faits; finalement, j'en conclus moimême, une nouvelle fois, et avec plus de certitude que le matin, qu'il était l'homme de la situation. En fait, celui dont Tom avait besoin depuis le début.
Sans doute l'Américain parvint-il à la même conclusion. je le devinai à son visage. Je le connaissais assez, maintenant, pour savoir qu'il ne rechignerait pas à exprimer ses réticences. Ce
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qu'il ne fit pas. Néa m*noks, par principe, il conserva une cer taine distance et au moins l'apparence du doute. quand nous e˚mes terminé le récit de notre histoire, il demeura silencieux une dizaine de longues secondes pendant lesquelles Calimani replaça avec un soin faussement désinvolte le pli de son panta lon. D'une certaine manière, songeai-je, j'ai devant moi deux acteurs.
- O.K., fit Tom en cherchant mon regard. Pourquoi pas?... De toute façon, Sokolov nous précède. Il est passé à Houreqanya avant nous...
- Et vous n'avez rien trouvé! conclut Calimani
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