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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Norman Mailer
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Cornell, Deke – Delta Kappa Epsilon, club select, un parfait trou du cul. Il mesurait six pieds deux et pesait dans les cent soixante livres, les cheveux plats, d’un blond cendré, coupés court, la face nette et démunie d’expression. Il ressemblait plutôt à un clubman de Harvard, la crème des crèmes, membre de l’équipe de course à l’aviron.
    Conn se tâta le bulbe rougeâtre qui lui servait de nez. « C’est vrai, dit-il de sa voix enrouée, j’ai eu du bien bon temps à Washington. Les généraux dé brigade Caldwell | et Simmons – est-ce que vous les connaissez ? – de vieux amis à moi. Et il y avait ce gars de la marine, le contre-amiral Tannache, me suis lié d’amitié avec lui aussi. Un homme très bien, bon officier. » Il regardait sa panse dont les lignes courbes se projetaient nettement au-dessus de son short, comme si un ballon de football s’enflait dans son estomac. « Nous avons fait des fêtes à tout casser. Ce Caldwell est le diable en personne quand il s’agit de femmes. On a fait de ces bombes, lui et moi, à vous faire roussir les poils de la queue.
    – Oui, nous aussi on en a fait, coupa Dove avec ardeur. Je ne pouvais pas emmener Jane à Washington, j’y ^ connaissais tant de filles que si j’en rencontrais une alors que j’étais avec Jane, eh bien, ça aurait fait des histoires. Jane est une enfant épatante, une épouse merveilleuse, mais vous savez elle prend l’église au sérieux et ça lui aurait fait un rude coup. »
    Premier lieutenant Dove. Détaché à la division en qua lité d’interprète, presque dans le même temps qu’Hearn,’il avait pris soin d’annoncer à chacun avec une étonnante, avec une ébouriffante naïveté que son rang équivalait à celui d’un capitaine dans l’armée de terre, et que ses responsabilités surpassaient celles d’un comandant ou d’un lieutenant-colonel. Cela se passa à Motome, au mess des officiers, et ceux-ci l’en aimèrent en conséquence. Conn ne lui adressa pas la parole pendant une. semaine. Mais, comme dit. à peu près la chanson, malgré les obstacles qui empêchent la vraie amour, Conn et lui finirent par être enchantés l’un de l’autre. Hearn se souvint comment Dove lui avait dit, peu après son arrivée à la division « : « Réellement, Hearn, vous êtes fait pour comprendre parce que, tout comme moi, vous êtes un homme cultivé, mais vous savez il y a une espèce d’élément grossier chez les officiers de l’armée de terre. La marine est plus circonspecte. » Depuis lors Dove, apparemment, avait fait le sublime effort : il avait accepté Conn.
    Ils s’acceptaient tous les uns les autres, avec le temps ; et, bien entendu, avec les cancans que l’acceptation requiert. Des Deke jusqu’au trognon. Même lui, Hearn, et Conn, s’étaient réconciliés. Ils se haïssaient mutuellement, bien sûr, mais il était plus commode de feindre : Une seconde après leur querelle il avait rencontré Conn sous une tente, et Conn, s’éclaircissant la gorge avec conviction, avait dit : « On croirait qu’il va faire plus frais aujourd’hui.
    – Oui, avait reparti Hearn.
    – Je suis content qu’il fasse plus frais, j’ai du travail sur les bras aujourd’hui », avait ajouté Conn quand ils eurent pris sur eux de s’adresser l’un l’autre un signe de tête affirmatif. Et, ce matin, alors qu’Hearn bavardait avec Dove, Conn était venu les rejoindre.
    « Oui, monsieur, répétait Conn, on a eu du bien bon temps. Vous parliez de ce whisky et du truc dans les pellicules, comment est-ce déjà son nom, Fischler, quelque chose en commun avec le commodore Fischler ?
    – – Je ne pense pas.
    – Un bon ami à moi, le commodore. N’importe, je me rappelle la fois où Caldwell a amené une femme, et, par Dieu, si vous croyez qu’il ne lui a pas fait pomper sa gnole par le petit endroit…
    – Seigneur, mais elle a dû se brûler à mort ! s’exclama Dove.
    – Pas elle. C’était sa spécialité. Caldwell s’est presque crevé la rate à force de rire. Il aimait à se payer du bon temps, Caldwell. »
    Dove était visiblement choqué. « Je ne peux pas dire que j’aie jamais vu quelque chose de semblable. Dieu, n’est-ce pas dégoûtant, nous sommes là à nous prélasser au grand air alors que l’aumônier est probablement en train de dire sa messe.
    – C’est vrai, nous ne devrions pas parler comme ça un dimanche, acquiesça Conn, mais on est des hommes

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