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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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pas le moins du monde dérangé. Assis sur sa malle
     comme une poule sur son œuf, il ne broncha pas. Mathieu s’énerva.
    — Ça a pas de sens, on va continuer en traîneau !
    Mélanie fit une paire de yeux à Jeanne-Ida. Sa cousine comprit. L’énervement de
     Mathieu ne pouvait arranger les choses.
    — Viens Mathieu, on va aller prendre un peu l’air.
    — Mais…
    — Y a pas de mais, allez viens. On va aller nettoyer ça dans la neige.
    Jeanne-Ida prit le bassin souillé et escorta Mathieu à l’extérieur.
    Mélanie fit remarquer à Pierre que le jeune frère semblait enpincer pour sa cousine. Pierre ne réagit pas. Il avait peur, peur de mourir.
     Il sentait très bien que son corps perdait la bataille. Il reconnaissait la mort
     qui rôdait près de lui, il entendait son ricanement. Le Diable avait changé
     d’aspect. Les flammes étaient dans son ventre maintenant. Il s’accrochait à la
     voix, à la présence de Mélanie. Presque immédiatement, Mathieu revint dans la
     salle, énervé, annonçant enfin le train.
    — Le v’là, le v’là !
    Il retourna aux côtés de son frère, prêt à le soutenir à nouveau. Avec des
     exclamations de soulagement, les voyageurs remirent manteaux, foulards, et
     ajustèrent leurs chapeaux.
    — On va attendre qu’ils nous disent d’embarquer avant de faire lever Pierre,
     décida Mélanie.
    Monsieur Laforce sortit pour aller à la rencontre du chef de train qui
     descendit de la locomotive dès son arrêt.
    Dehors, Jeanne-Ida terminait de nettoyer le plat du malade, essayant de saisir
     des bribes de la conversation animée entre les deux employés de la compagnie
     ferroviaire. Monsieur Laforce fit une mine découragée et s’en retourna à
     l’intérieur du bâtiment. Jeanne-Ida s’empressa de le suivre.
    — Mesdames et messieurs, votre attention s’il vous plaît.
    Le brouhaha cessa immédiatement. Toutes les têtes se tournèrent vers monsieur
     Laforce.
    — Il fait trop mauvais, le train repartira pas…
    Une clameur de désappointement traversa la salle. Mélanie sentit son sang se
     figer dans ses veines.
    — Hein ? Qu’est-ce qu’il a dit ? demanda le vieux Pichette, incommodé par sa
     surdité.
    — Que le train part pas, fait trop mauvais ! lui cria à l’oreille la jeune
     institutrice.
    Mathieu réagit en premier. En furie, il marcha vers monsieur Laforce.
    — Quoi ? Comment ça, le train part pas ! Écoutez-moi bien, on
     va embarquer dans ce train-là, pis tout suite ! Vous avez compris ! Mon frère
     est malade !
    Avec consternation, Pierre regarda Mathieu hurler avec colère qu’il exigeait de
     monter dans ce train. En fin de compte, son frère avait hérité lui aussi du
     caractère bouillant des Rousseau… Il l’avait bien caché…
    — Allez vous asseoir dedans si vous voulez, mais le train part pas. Je lui ai
     dit que j’avais une urgence, mais c’est pas moé qui décide, c’est lui ! rétorqua
     monsieur Laforce en désignant le conducteur du train qui entrait à son
     tour.
    — Le train part pas, confirma celui-ci. On risque de rester pognés dans la
     tempête. Y a-tu du café de chaud ? demanda-t-il en se frottant les mains de
     froid.
    Mélanie se leva et alla se planter devant lui.
    — Monsieur, ce jeune homme va mourir si on l’emmène pas à l’hôpital.
    Et Mélanie voulait de toute son âme, de tout son cœur, que Pierre pose à
     nouveau les yeux sur elle. Elle voulait être son soleil pour la vie. Elle lui
     avait donné son cœur, et il avait mis sept longues années à venir le réclamer ;
     ce ne serait pas en vain, ce n’était pas possible. Elle avait fait semblant
     d’être guérie du départ de Pierre. Ce n’était pas normal de tomber éperdument
     amoureuse si jeune. Et pourtant, elle en était la preuve vivante. Elle s’était
     refusée à cette troublante vérité, parvenant même à ressentir de l’affection
     pour René, à envisager une union avec lui. Pierre était revenu et avait balayé
     tous ses efforts. Ce Pierre Rousseau était son destin, sa vie, sa lumière. S’il
     pensait être réapparu seulement pour venir la torturer à nouveau, il se
     trompait.
    — Je peux pas mettre mon train en danger pour un seul homme. La neige risque de
     bloquer la voie.
    — Vous avez raison, monsieur, mais… si la raison menait lemonde, où qu’on serait rendus astheure ? Il y aurait pas grand miracles qui
     arriveraient. Pis moi, je veux croire aux

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