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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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n’était pas prêt, même après toutes ces années,
     non, la douleur qu’il avait domptée se libérait, il la sentait qui se
     réveillait, allait l’envahir, non…
    Hélène semblait émue, mais en même temps un peu détachée. Elle était la
     survivante d’un drame épouvantable. Toute sa vie, elle avait grandi avec ce
     poids sur les épaules. Elle comprenait très bien que son père n’ait pas cherché
     à la voir. Cette tragédie occultait tout le reste, la perte de sa mère, tout.
     Léo mit fin à ces instants de malaise. Depuis qu’il était devenu pensionnaire
     dans cette école de sourds à Montréal, ses semaines d’internat avaient été
     illuminées par les visites que Marie-Ange et Hélène lui faisaient régulièrement.
     Lui et sa cousine s’étaient pris d’affection. Traversant le salon, avec emphase,
     Léo prit la main d’Hélène et la força à entrer dans la pièce. Avec une légère
     claudication, séquelle de la polio, Hélène le suivit en souriant. Georges devint
     livide. Personne ne lui avait jamais parlé de cette infirmité. Incapable de
     rester une minute de plus, d’une voix blanche, il dit :
    — J’m’en retourne à Jonquière.
    — Quoi ? Tout de suite ? s’exclama Marie-Ange. On vient juste d’arriver.
    — Ben oui, Georges, reste un peu, le supplia Julianna.
    Mais personne ne le retint lorsqu’il traversa le salon à grandes enjambées et
     qu’il disparut hors de la maison sans plus un mot. On devait respecter la
     souffrance de Georges. Cette rencontre, devant tout le monde, n’avait pas été
     une bonne idée. À quoi s’étaient-ils tous attendus ? À ce que le père et la
     fille se jettent dans les brasl’un de l’autre, qu’ils pleurent
     et se jurent de ne plus se quitter ? Que c’était idiot ! On fit comme si de rien
     n’était. Hélène ne semblait pas trop affectée. Le reste de la journée se déroula
     drôlement. Autant il y avait de l’effervescence, autant il y avait un certain
     malaise. François-Xavier songeait à l’histoire de La Joséphine , de la
     Gaspésie, en essayant de contenir les sentiments contradictoires qu’il
     ressentait. Marie-Ange blaguait, mais ne cessait de tourner dans sa tête la
     meilleure façon de dévoiler son terrible secret. Julianna veillait à ce que tout
     soit parfait et tentait de bien cacher sa jalousie envers Mélanie et Isabelle.
     Pendant le repas, Henry annonça toute une nouvelle.
    — J’ai quelque chose d’important à vous dire. J’entre en politique.
    Les commentaires de félicitations fusèrent.
    — Je vais faire partie de l’équipe libérale. Au début, comme avocat du parti,
     ensuite, on verra.
    — Ça fait que nous nous installons à Québec, dit Isabelle.
    — À Québec ? Vous déménagez ?
    — Oui, la maison est achetée, dit Henry. On s’installe dès la fin août. Il y
     avait des travaux à effectuer, alors pour que ma femme respire un bon air, on va
     passer l’été dans la région.
    Chacun y alla de son commentaire.
    — Québec, c’est une ben belle ville !
    — Quelle bonne idée !
    — On a toujours su que l’appel de la politique serait le plus fort.
    — J’étais au courant, dit Marie-Ange, mais il voulait pas que j’en parle.
    — À l’âge que je suis rendu, c’est maintenant ou jamais que je fais le grand
     saut.
    — Mon mari se trouve ben, ben vieux…
    — C’est vrai, aussi. Je vais être un vieillard quand mon fils va avoir vingt
     ans…
    — Henry, dit Isabelle, reviens pas là-dessus. L’important c’est
     d’être ensemble.
    — Vous passez l’été à quelle place ? s’informa Julianna.
    — Vous savez qu’Isabelle est native de la région ?
    — Ah oui ?
    — Oui, je suis née à Saint-Cœur-de-Marie. Mais je n’ai plus de parenté par ici.
     J’étais un bébé quand mon père nous a emmenés à Montréal.
    — Ça ne nous dit pas où vous vous installez, dit Julianna.
    — Tenez-vous bien, dit Henry, j’ai acheté un chalet, un chalet sur le bord du
     lac Saint-Jean et vous êtes tous invités à venir y passer l’été !

    D’une main tremblante, Georges attrapa la bouteille et s’en versa une longue
     rasade. Devant lui, il avait disposé les photographies de son rituel.
    — Je suis maudit…, murmura-t-il, maudit… Ma descendance porte la marque du
     Diable… Hélène est comme Jean-Marie… une infirme…
    Il s’était sauvé de chez sa sœur. Rapidement, il était

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