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Les porteuses d'espoir

Les porteuses d'espoir

Titel: Les porteuses d'espoir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Tremblay
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doit y avoir ben de la poussière, pis peut-être ben
     des rats aussi, ma pauvre p’tite dame.
    Pierre resta comme une statue tandis que le camion reculait jusqu’au chemin, le
     laissant planté là, un trousseau de clés à la main. Ce fut Mélanie qui le
     secoua.
    — On entre ?
    Pierre marcha jusqu’à la porte, lut à son tour la pancarte de bois, choisit la
     plus grosse des clés et l’introduisit dans la serrure. La porte s’ouvrit.
     C’était une maison de pêcheur toute simple. Il y avait un étage et demi, des
     chambres sous les combles, un bas-côté. Elle était en bardeaux de cèdre à
     l’extérieur et faisait face à la mer de l’autre côté de la route. Mélanie en fit
     le tour rapidement. La maison était encore toute meublée. Là aussi, il n’y avait
     rien de bien dispendieux. Des meubles de bois solides.
    Mélanie se mit à l’ouvrage. Elle nettoya tout de fond en comble. C’était
     vraiment loin d’être un château, mais le jeune couple, excité par la surprise,
     le voyait comme tel. De la maison, la vue était exceptionnelle. Pierre alla voir
     de plus près le bateau tandis que Mélanie prenait un instant de repos pour
     traverser la rue et explorer les alentours. Quand elle découvrit la magnifique
     plage de sable, le cœur lui manqua. Elle se mit à arpenter la grève. Elle se
     baissa et ramassa un joli caillou qui brillait plus que les autres. Elle le
     tendit vers le soleil couchant. Une transparence faisait miroiter la pierre,
     laissant deviner des stries de couleurs différentes. Une femme vint à sa
     rencontre.
    — C’est une agate. Une semi-précieuse.
    — C’est la première fois que j’en vois une.
    — Ah ! une touriste.
    — Mon mari a hérité de la maison en face.
    — Celle de Patrick O’Connor ?
    La femme resta pensive un moment.
    — Vous le connaissiez ? demanda Mélanie.
    — Oui... Je suis impolie, je ne me suis pas présentée. Je suis miss Harrington.
     Je suis d’origine américaine, mais je me considère comme une pure Gaspésienne.
     Je me suis installée ici après la Première Guerre mondiale. Pour vous dire que
     je ne suis pas toute jeune. Je suis tombée en amour… avec ce pays. J’habite la
     maison voisine de La Joséphine . Vous comptez vous installer ici ?
    — Jamais ! se récria Mélanie. C’est ben trop loin de tout.
    — On est près du ciel, c’est l’essentiel, non ?
    — On reste juste une semaine. On est en voyage de noces.
    — Oh ! des amoureux...
    — Ben ça m’a fait plaisir de vous connaître, miss Harrington.
    — Il faut que vous veniez goûter chez moi. Je vous attends demain à onze
     heures.
    La femme disparut sans plus se retourner.
    Mélanie la regarda longer le bord de l’eau et remonter la dune vers le chemin.
     Elle n’avait jamais vu une femme aux allures si extravagantes. Surtout une femme
     d’un âge avancé comme elle. L’Américaine ne portait aucun maquillage et
     pourtant, tout son visage offrait l’allure d’une reine de beauté. Des pommettes
     saillantes, des yeux perçants, une bouche si grande et aux dents si blanches que
     Mélanie avait senti la beauté de sa jeunesse pâlotte à côté de celle de la
     femme. Elle portait un large pantalon blanc. Une ceinture de soie rouge cintrait
     sa fine taille et retenait une longue chemise masculine rayée. Ce qui la
     fascinait le plus, c’était la chevelure de la femme. Les cheveux de l’Américaine
     étaienttotalement blancs, d’un blanc argenté incroyable. Elle
     les portait lissés et noués en une queue de cheval très haut sur la tête. Cette
     queue retombait jusqu’au creux de ses reins. Mélanie reporta son attention sur
     sa pierre… une semi-précieuse, elle avait trouvé une pierre semi-précieuse, une
     agate, une vraie ! Elle courut montrer sa découverte à son mari.

    Pierre et Mélanie avaient passé le reste de la semaine à prendre connaissance
     de leur domaine. Ils avaient été rendre visite à miss Harrington. Pierre n’en
     avait pas cru ses yeux. La femme était une artiste merveilleuse. Originale, elle
     créait des sculptures, des toiles aux couleurs vives qui explosaient. Son
     atelier, ses œuvres, tout criait la démesure… Nombre d’entre ces tableaux
     brillaient de roches semi-précieuses. Pierre sut tout de suite qu’elle était
     l’auteure de la peinture aux agates signée Beth H. L’Américaine avait acquiescé.
     Elle se souvenait très bien de ce tableau. Elle

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