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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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valet d’une auberge proche. Il brossa
comme il put ses vêtements tachés de boue et se nettoya le visage avec son
manteau. Il ne pouvait se raser et sa barbe était rêche, mais il essaya au
moins d’éliminer les poux qui couraient sur son corps et ses vêtements.
    Peu de temps après, le commissaire Chambon
vint le chercher. Il le conduisit au château de la Rochette, cette fois
accompagné de quelques sergents. En chemin, le commissaire le traita
publiquement fort mal, comme cela avait été convenu entre eux. Il fallait que
les ligueurs ne devinent rien si on leur rapportait son déplacement.
    Arrivé chez le chancelier, on le conduisit en
le bousculant dans une belle salle aux murs en boiseries et au plafond peint où
on le laissa seul. Le commissaire était resté dans un vestibule avec les
sergents.
    Il attendit là longtemps. Enfin Cheverny entra
suivi du Grand prévôt Richelieu et d’un petit homme maigrelet, au regard sombre
et torturé, qui marchait avec beaucoup de lenteur. Poulain le reconnut
immédiatement. Il l’avait souvent aperçu lors de cérémonies ou de processions, même
si c’était toujours de loin. Sous sa cape entrouverte en velours noir doublée
de taffetas et brodée d’or, on distinguait un justaucorps de satin gris à
double rang de perles et brodé de pierreries. Ses chausses étaient écarlates et
une fraise empesée lui entourait le cou. Ses cheveux étaient très courts, presque
rasés, sous un bonnet noir serré par un cordon et une broche d’or. À son cou
pendait un grand collier d’ambre serti d’or qui sentait très fort et à chacune
de ses oreilles étaient attachées de grosses perles. Sous sa minuscule
moustache et sa courte barbe, son teint était blafard avec des traits tirés et
de lourdes poches sous les yeux.
    Nicolas Poulain tomba à genoux.
    L’homme aux boucles d’oreille le considéra un instant
sans faire un geste. Puis, son visage impassible se détendit d’un demi-sourire,
un peu dédaigneux pourtant.
    — J’aimerais avoir plus de serviteurs
comme vous, monsieur Poulain, dit-il d’une voix sans tonalité.
    — Je ne fais que respecter mon serment de
fidélité, sire.
    — D’autres le disent aussi, d’autres le
disent… Mon prévôt m’a rapporté que vous faites partie de cette confrérie, cette
nouvelle ligue mise en place par quelques bourgeois… la sainte union ?
    — Oui, sire, j’y suis entré pour votre
défense.
    — Relevez-vous et racontez-moi donc ce qu’il
s’y dit, puisque c’est ce que souhaite M. de Richelieu, fit Henri III
d’une voix fatiguée.
    Poulain commença lentement, d’abord en
cherchant ses mots. Il raconta comment il avait été contacté pour acheter des armes
au début de janvier, puis les réunions secrètes, les participants de plus en
plus nombreux, les villes gagnées à la sainte union, comme Chartres, Blois, Orléans
et bien d’autres en Beauce, en Touraine, en Anjou et dans le Maine. Peu à peu, il
oublia qu’il s’adressait au roi et devint plus persuasif, il évoqua la présence
de Mayneville à chaque assemblée, les armes qu’il portait à l’hôtel de Guise, celles
qu’il avait ramenées d’Arras avec l’écuyer du cardinal de Guise, enfin le
projet des ligueurs de prise de la ville, et l’entrée prochaine d’armes et de
troupes après que les conspirateurs eurent livré les portes de Paris.
    Quand il eut terminé, le roi était toujours
aussi impassible, mais beaucoup plus blême.
    Le silence s’installa. Soit par crainte, soit
à cause de l’étiquette, aucun des proches du monarque ne voulait prendre la
parole. Henri III paraissait comme absent.
    — J’ai été très accommodant, n’est-ce pas
Cheverny ? dit-il finalement d’une voix calme.
    — Peut-être trop, sire, gronda le
chancelier.
    — Il y aura conseil demain matin, soyez-y.
Je veux aussi la présence de Villequier, du colonel général de mes Suisses, de M. le
duc de Retz, de M. le duc de Montpensier, de M. de Chavigny et
de M. de Senneterre.
    Il considéra à nouveau Nicolas Poulain.
    — Vous êtes un brave, monsieur. Que
souhaitez-vous ?
    — Rien, sire, sinon vous servir.
    Henri III eut une moue d’étonnement, teintée
de scepticisme.
    — Je suppose que vous voulez au moins
sortir de prison, mon ami ? grimaça-t-il.
    — Si je sortais maintenant par votre
puissance, sire, je serais découvert. Or, la comédie n’est pas terminée.
    — La comédie ?
    Le roi resta un instant

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