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Les Rapines Du Duc De Guise

Les Rapines Du Duc De Guise

Titel: Les Rapines Du Duc De Guise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ordres pour que vous soyez bien traité. Rassurez-vous, vous ne
resterez pas plus de quelques jours ici.
    — Mais j’y compte bien, fit Poulain en
les accolant avec une feinte amitié.
    Les trois ligueurs partirent assez inquiets. Poulain
s’était trop bien défendu. Il fallait à tout prix qu’il ne retrouve pas ses
accusateurs et qu’il reste encore enfermé une dizaine de jours. Le temps pour
le tueur de Mayenne de faire son travail.
    Un peu plus tard, ce fut son épouse qui vint
avec Olivier Hauteville. Il les rassura et leur promit de sortir le lendemain.
    Le mardi suivant, jugeant que la comédie avait
assez duré, il demanda à Chambon d’obtenir un ordre du lieutenant civil pour
être libéré. L’ordre arriva dans l’après-midi. Pour que la comédie soit complète,
il précisait que M. Poulain était toujours accusé de vol et qu’il ne
devrait pas quitter la ville. Il avait aussi obligation de retourner coucher
chaque soir à la prison.
    Mais ce n’était qu’une clause de style, lui
précisa le commissaire.

23.
    L’armée de Guise s’était bien emparée de
Châlons et le duc y avait installé une garnison ainsi que le quartier général
des gens de son parti. Chacun à Paris devinait que la grande offensive des
princes lorrains, appuyée par les ligues urbaines catholiques, venait de
commencer. Beaucoup s’en réjouissaient ; au moins autant étaient
épouvantés. La guerre civile allait-elle s’étendre à la capitale, avec son
cortège de pillages, de viols et de meurtreries ? Le roi de France
allait-il résister à ces coups de butoir, ou capituler ? Allait-on vivre
une nouvelle Saint-Barthélemy, cette fois de ceux qu’on nommait les politiques, c’est-à-dire les catholiques légitimistes, favorables à la
venue de Navarre sur le trône ?
    C’est que les forces en présence n’étaient pas
à l’avantage d’Henri III. Paris était largement dominé par la petite
bourgeoisie ligueuse soutenue par le corps de ville, et même si le parlement
restait fidèle, ses magistrats pesaient peu face aux milliers de marchands et
aux très nombreux officiers du Châtelet, de la chambre des comptes et de la
cour des Aides, et encore moins devant la masse des miséreux et des gens mécaniques décidés au pillage. Il est vrai que l’armement leur manquait, mais, en face, le
roi ne pouvait guère aligner que quelques centaines de Suisses et de gardes
françaises ainsi que ses gentilshommes encore fidèles complétés par les
redoutables quarante-cinq de M. Épernon. Faute d’argent, il en était même
venu à négocier des emprunts pour augmenter les effectifs de sa garde suisse.
    Quant à la police urbaine, que ce soit celle
du Grand-Châtelet ou le guet bourgeois, Henri III ne pouvait plus compter
sur elle. Il restait bien sûr la possibilité de faire entrer l’armée dans la
ville, mais c’était difficilement concevable. Paris avait le privilège de se
garder elle-même et les troupes royales ne pouvaient y pénétrer sans y être
invitées. Violer cette antique coutume aurait entraîné une insurrection
généralisée. De surcroît, si le roi était certain de la fidélité des troupes
suisses, qui pouvait assurer que les soldats des régiments traditionnels ne se
joindraient pas aux ligueurs pour piller, eux aussi, les plus fortunés ?
    En revanche, le duc de Guise ne manquait pas d’argent
et ne cessait de recruter et d’armer de nouvelles troupes mercenaires. Il attendait
encore quelques milliers de lansquenets allemands.
    Pour sauver son trône, Henri III avait
donc choisi de s’appuyer sur des forces spirituelles avec une campagne d’affiches
et de placets rappelant qu’il était le roi légitime choisi par Dieu et que les
hommes ne pouvaient le déposer. Mais cela suffirait-il en cas d’insurrection
alors que les prédicateurs de la Ligue disaient l’inverse ? Après tout, même
le protestant Théodore de Bèze avait déclaré que l’homme n’était pas soumis au
roi lorsque celui-ci commandait des actes contraires à la justice.
    Le dimanche 24 mars, alors que Nicolas Poulain
rencontrait le roi chez le chancelier, Maurevert était installé dans son
nouveau logement de la rue Saint-Martin. De sa fenêtre, il voyait parfaitement
la maison de Hauteville. Il avait apporté avec lui un mousquet de cinq pieds de
long dont il avait démonté le canon pour qu’il soit facile à transporter, sa fourquine,
un récipient de poudre noire et un sac contenant quelques

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