Les refuges de pierre
signal, les femmes sortirent de la hutte.
Dès qu’elle fit un pas dehors, Ayla découvrit la haute
silhouette en cuir blanc. Il la porte, se dit-elle tandis que les femmes
formaient un demi-cercle en face des hommes, il porte ma tunique ! Les
autres avaient revêtu leurs plus beaux habits mais seul Jondalar était en
blanc. A ses yeux, il était de loin le plus beau. Beaucoup partageaient cet
avis. Elle s’aperçut qu’il la regardait par-dessus le feu, qu’il la contemplait
comme s’il ne pouvait rien voir d’autre.
Elle est si belle, pensait-il. Jamais elle n’avait paru si
belle. La tunique jaune d’or de Nezzie, les broderies de perles ivoire qui la
décoraient étaient parfaitement assortis à sa chevelure, qui tombait librement
sur ses épaules, comme il l’aimait.
Elle n’avait pour seuls bijoux que les morceaux d’ambre – cadeau
de Tulie, se souvint-il – qui ornaient ses oreilles récemment
percées, et le collier de coquillages et d’ambre que Marthona lui avait offert.
Les pierres jaune orangé capturaient les reflets du soleil couchant et
scintillaient entre ses seins nus. La tunique, ouverte devant et serrée à la
taille, ne ressemblait à aucune autre et lui seyait admirablement.
Au premier rang de la foule, Marthona avait été agréablement
surprise quand son fils était apparu dans sa tunique blanche. Elle connaissait
la tenue qu’il avait choisie à l’origine et n’avait pas eu de peine à conclure
que la tunique blanche était dans le paquet qu’elle avait remis à Jondalar. L’absence
de décoration mettait en valeur la pureté de la couleur, qui était en soi une
décoration. Rien d’autre n’était nécessaire, mais les queues d’hermine
apportaient une touche élégante. Au vu des quelques bols et ustensiles que la
jeune femme avait apportés, Marthona avait déduit qu’Ayla avait un penchant
pour les objets simples et bien faits. La tunique blanche en fournissait une
éclatante illustration. L’idée était bonne de laisser la qualité être son
propre ornement.
La simplicité de la tenue de Jondalar formait un contraste
frappant avec celle d’Ayla. Marthona était sûre que plus d’une femme tenterait
de copier la tunique mamutoï et qu’aucune, probablement, n’y parviendrait tout
à fait. Elle l’avait examinée avec soin quand Ayla la lui avait montrée, elle
avait admiré la qualité remarquable du travail. Ce vêtement affichait sa
richesse de l’unique façon qui avait un sens pour les Zelandonii : le temps qu’il
avait fallu pour le faire. De la souplesse du cuir aux milliers de perles d’ivoire
sculptées, en passant par l’ambre, les coquillages et les dents, cette tenue matrimoniale
apporterait la preuve du haut statut que Marthona revendiquait pour Ayla. Le
foyer de son fils serait parmi les premiers.
Jondalar n’avait d’yeux que pour Ayla. Elle avait le regard
brillant, la bouche entrouverte, la respiration haletante d’émotion. C’était
son expression quand elle était devant quelque chose de beau ou excitée par la
chasse, et Jondalar sentit le sang affluer à ses reins. C’est une femme dorée,
pensa-t-il. Dorée comme le soleil. Il la désirait, il la voulait et n’arrivait
pas à croire que cette femme d’une beauté sensuelle allait devenir sa compagne.
Sa compagne... Il aimait ce que ce nom évoquait. Elle partagerait avec lui l’habitation
dont il projetait de lui faire la surprise. La cérémonie allait-elle enfin
commencer ? Se terminerait-elle bientôt ? Il n’en pouvait plus d’attendre,
il avait envie de courir vers elle, de la soulever et de l’emporter.
La Zelandonia s’était rassemblée autour de la Première, qui
entonna une psalmodie envoûtante. Un autre doniate se joignit à elle, puis un
troisième. Chacun choisit un ton, avec une hauteur et un timbre qui variaient
parfois dans une mélodie répétitive mais que chacun pouvait soutenir avec
aisance. Lorsque le Zelandoni qui devait unir le premier couple se mit à
parler, tout un chœur l’accompagna en fond sonore d’une douce mélopée continue,
chacun dans son propre ton. La combinaison pouvait être harmonieuse ou non, c’était
sans importance. Avant que le premier chanteur soit à bout de souffle, une
autre voix se joignait à la sienne, puis une autre et une autre encore, à
intervalles irréguliers. Il en résultait une fugue de tons entrelacés qui
pouvait durer indéfiniment s’il y avait assez de chanteurs pour permettre à
ceux
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