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Les refuges de pierre

Les refuges de pierre

Titel: Les refuges de pierre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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s’intéresser
à quelqu’un dont la mère était à moitié Tête Plate ? lui assena-t-il.
    Le silence se fit dans la foule. Personne, depuis des années, n’avait
parlé de cette façon à Brukeval. Le visage déformé par une expression de haine,
il fixa Charezal avec une rage à peine maîtrisée. Ayla était abasourdie par
cette transformation. Elle avait vu cette expression de rage chez un homme du Clan,
et cela l’effrayait.
    Mais ce n’était pas la première fois qu’on se moquait ainsi de
Brukeval. Il avait été particulièrement sensible au sort d’Ayla quand la foule
s’était gaussée des vêtements offerts par Marona et ses amies. Lui aussi avait
été la cible de plaisanteries cruelles. Il avait eu envie de se précipiter pour
la protéger, comme Jondalar l’avait fait, et lorsqu’il l’avait vue affronter
les rires, il avait eu les larmes aux yeux – et il était tombé
amoureux d’elle.
    Ensuite, torturé par l’indécision, il avait hésité à se
présenter à elle, bien qu’il mourût d’envie de lui parler. Les femmes ne
réagissaient pas toujours favorablement à ses approches, et il aimait mieux
admirer Ayla de loin que sentir sur lui le regard dédaigneux que lui adressaient
certaines beautés. Enfin, après l’avoir longtemps admirée, il décida de tenter
sa chance. Et elle avait été si gentille ! Elle avait paru apprécier sa
présence. Son sourire chaleureux la rendait encore plus belle.
    Dans le silence qui suivit la remarque de Charezal, Brukeval vit
Jondalar se placer derrière Ayla pour la protéger. Il enviait son cousin. Il
avait toujours envié cet homme, plus grand que la plupart des Zelandonii. Bien
que Jondalar n’eût jamais pris part aux moqueries dirigées contre lui et qu’il
l’eût même plus d’une fois défendu, Brukeval sentait qu’il avait pitié de lui,
ce qui était pire. Maintenant, Jondalar était revenu avec cette femme
magnifique que tout le monde admirait. Pourquoi certains avaient-ils autant de
chance ?
    Son regard de haine en direction de Charezal avait bouleversé
Ayla plus que Brukeval ne pouvait le soupçonner. Elle n’avait pas vu une telle
expression depuis qu’elle avait quitté le Clan. Cela lui rappelait la façon
dont Broud, le fils de Brun, la regardait souvent. Même si Brukeval ne lui en
voulait pas, elle frissonna à ce souvenir, eut envie de partir et se tourna
vers Jondalar.
    — Allons-nous-en, je suis fatiguée, lui dit-elle à mi-voix
en mamutoï.
    Elle prit conscience en prononçant ces mots qu’elle était
vraiment lasse, épuisée en fait. Ils venaient de terminer un long et pénible
voyage, et il s’était passé tant de choses depuis leur arrivée qu’elle avait
peine à croire qu’une journée seulement s’était écoulée. Il y avait eu l’angoisse
de rencontrer la famille de Jondalar, la tristesse de lui apprendre la mort de
Thonolan, le désagrément de la plaisanterie de Marona, ainsi que l’excitation
de faire la connaissance de tous les membres de cette nombreuse Caverne, et
maintenant Brukeval. C’était trop.
    Jondalar se rendait compte que l’incident entre les deux hommes
avait affecté sa compagne et il devinait pourquoi.
    — La journée a été longue, dit-il. Je crois qu’il est temps
de rentrer.
    Brukeval parut consterné de les voir partir si vite.
    — Vous devez vraiment partir ? demanda-t-il d’un ton
hésitant.
    — Il est tard et je suis fatiguée, répondit Ayla en lui
souriant.
    Quand il n’avait pas son expression de rage, c’était plus facile
de lui sourire, même si cela manquait de chaleur. Ayla s’éloigna avec Jondalar
mais, lorsqu’elle regarda derrière elle, elle remarqua que Brukeval dardait
encore sur Charezal un regard mauvais.
    Sur le chemin de l’habitation de Marthona, elle demanda à
Jondalar :
    — Tu as remarqué comme ton cousin regardait Charezal ?
Avec une telle haine...
    — Je ne lui reproche pas sa réaction, répondit Jondalar,
qui n’appréciait guère Charezal, lui non plus. C’est une terrible insulte de
traiter quelqu’un de Tête Plate, et encore plus sa mère. Brukeval a déjà subi
ce genre de moqueries, surtout quand il était jeune : les enfants peuvent
être cruels.
    Jondalar expliqua que, lorsque Brukeval était enfant, les autres
le traitaient de Tête Plate pour le taquiner. Bien qu’il fût dépourvu du
caractère spécifique dont ce surnom tirait son origine – le front
fuyant –, ces deux mots ne manquaient

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